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TGCC voit encore plus grand à  l'international et fait son entrée sur le marché libyen (Entretien)

TGCC surmonte la crise et conforte sa stratégie de développement. Fort de ses performances et de sa résilience en 2022 face à  un contexte particuliérement difficile, TGCC demeure confiant en sa capacité à  renforcer ses activités, grâce à  son expertise et son carnet de commandes, et maintenir son rythme de croissance en 2023-2024. Le spécialiste du BTP poursuit également son expansion régionale avec la création d’une filiale en Libye, consolidant ainsi sa présence à  l’international qui représente à  ce jour plus de 10% du volume global de ses activités. En Afrique, TGCC voit de plus en plus grand. Le point avec Mohammed Bouzoubaa, PDG du groupe.

TGCC voit encore plus grand à  l'international et fait son entrée sur le marché libyen (Entretien)
Mohammed Bouzoubaa, PDG du groupe TGCC. Ph. Sradni

Le Matin : Malgré un contexte économique compliqué, vous avez pu réaliser une bonne performance. Comment expliquez-vous ces résultats solides ?
Mohammed Bouzoubaa :
En dépit de la conjoncture économique très tendue, nous avons effectivement obtenu un résultat très satisfaisant grâce, entre autres, aux efforts de nos cadres et nos ingénieurs, mais aussi en raison de la résilience de l’entreprise et sa robustesse que nous avons forgée depuis 30 ans. Nous avons pris le pari de continuer à nous engager malgré les crises récentes, la Covid puis la crise inflationniste. C’était un pari gagnant. Durant la crise Covid, et contrairement à beaucoup d’autres structures qui ont réduit la voilure, nous avons maintenu nos activités. Ce choix nous a permis, en plus de maintenir les emplois, de boucler l’exercice 2020 quasiment sans perte. L’année 2021 a été pour nous celle de la relance durant laquelle nous avons rattrapé le retard enregistré un an auparavant pour revenir presque au même niveau de 2019. L’année 2022 devait être plus prometteuse, mais malheureusement la crise inflationniste des matières premières en a décidé autrement. Grâce à notre force et à notre stratégie, nous avons pu néanmoins maintenir le cap. D’ailleurs, les résultats financiers de l’entreprise à fin décembre 2022 le confirment. Nous avons réalisé un chiffre d’affaires de 5 milliards de dirhams et le résultat net du groupe est en hausse de 4%. Notre niveau d’endettement est relativement faible. Tous nos indicateurs sont au vert et nous allons continuer dans ce sens.

Cette année, l’inflation de plus en plus insolente se poursuit, le taux directeur a été relevé… Comment pensez-vous juguler tout cela ?
S’agissant de l’inflation, je peux affirmer qu’une grande majorité de nos marchés en tient compte. Mais cette inflation ne doit pas évoluer dans le temps et nous constatons une stabilité dans le prix des matières. Quant à la hausse du taux directeur, ce dernier peut être effectivement une contrainte même si, au niveau de l'endettement, l’entreprise n’est pas très exposée au risque. Dès que la hausse du taux a été opérée, nous avons lancé les négociations avec les banques. Comme la tendance reste haussière, nous avons également opté pour les billets de trésorerie afin d’optimiser les intérêts bancaires.

Au niveau des marchés publics, il était question de revoir les prix pour tenir compte de la hausse des coûts des matières premières. Est-ce que la révision a été faite en adéquation avec cette évolution ?
C’est un sujet qui a été mis sur la table des négociations entre les professionnels et le ministère de l’Équipement pour dire que la révision des prix ne reflète pas la réalité sur le terrain. Là, il faut savoir que la comptabilisation de la révision des prix prend entre 4 et 5 mois. Les index permettant le calcul de cette révision sont publiés en retard de 2 à 3 mois. À cela, il faut ajouter le fait que ces index sont obsolètes. Ils remontent aux années 1970-1980. De ce fait, le ministère et la Fédération devaient arriver à une nouvelle révision des prix avec de nouveaux index. Mais nous n’y sommes pas encore, bien que le ministère soit toujours à l’écoute des professionnels.

Quel a été l’impact de cette hausse sur votre entreprise ?
La hausse est enregistrée surtout au niveau des matières premières. Ce qui constitue la base de notre activité. À cela s’ajoute la hausse du SMIG. Globalement, en 2022, cette hausse a un impact aux alentours de 15% sur le prix final de notre produit. Avec la révision, nous arrivons à peine à 7%.

Face à toutes ces contraintes, les professionnels s’attendaient à ce que la Loi de Finances 2023 apporte des solutions au secteur. Comment voyez-vous l'environnement des affaires désormais ?
Depuis des années, nous travaillons à parts égales avec le secteur public et celui privé. Depuis 2020, il y a eu peu de marchés qui ont été lancés. Nous travaillons actuellement sur des projets en cours d’achèvement en attendant le lancement d’autres comme promis par le gouvernement. Je pense que dans cette conjoncture, il faut mettre le bon prix. Quant à l’inflation, je suis convaincu que la tendance des prix sera à la baisse et que 2023 ne devrait pas être aussi compliquée que 2022.

Comment évolue votre carnet de commandes au Maroc ?
Je pense qu’il est assez fourni. Mais, généralement dans le secteur, nous n’avons pas une grande visibilité. Cette dernière n’est que de douze mois tout au plus. Il faut donc être commercialement très actif. D’ailleurs, nous sommes très présents dans les grands projets. Dans l’industrie et dans l'enseignement, nos perspectives en 2023 et 2024 sont bonnes.

Où en est la fonction de financement des projets que vous avez intégrée dans vos activités ?
L'activité de financement des projets est surtout dédiée au marché international. Aujourd’hui, cette division a acquis une grande expertise dans la levée de fonds. C’est la raison pour laquelle nous avons créé une filiale en France pour venir en appui de nos activités à l’international.

Vous êtes également présents en Afrique où le risque pays est important dans certaines zones. Comment gérez-vous ce risque ?
L’étude du risque pays est un préalable à toute décision d’implantation. En Côte d’Ivoire (80% de notre activité sur le continent) et au Sénégal, où nous sommes implantés depuis plusieurs années, il n’y a pas réellement un risque pays. En Guinée, nous travaillons pour un grand opérateur international. Aujourd’hui, l’international représente un peu plus de 10% du volume global de notre activité. Cette part va croître, et ce au regard du potentiel en Afrique. Aussi, nous avons mis en place une organisation dédiée au développement en Afrique subsaharienne pour asseoir notre notoriété. Il faut dire que les Partenariats public-privé (PPP) sont bien développés en Afrique. Ce qui, à mon sens, doit être également fait au Maroc.

TGCC consolide ses ambitions en Afrique 

À titre d’exemple, nous avons signé un mémorandum avec l’État ivoirien pour la construction de 4 Centres hospitaliers universitaires (CHU). Le contrat définitif sera signé durant les prochains jours et le démarrage des travaux devra commencer avant l’été. Nous travaillons également avec le ministère de la Défense et celui de l‘Enseignement. Il y a aussi des projets avec le privé, dont des hôtels... En Guinée, nous travaillons aussi avec le secteur privé. Globalement, en Afrique le potentiel est important. D’ailleurs, nous ciblons, en plus de l’Afrique subsaharienne, la Libye. Nous anticipons en quelque sorte l’évolution de la situation et nous sommes confiants quant à la dynamique de développement à venir en Libye. Cela nous permettra d’être prêts au moment opportun (TGCC vient de créer une filiale en Libye où elle souhaite contribuer à la dynamique de développement en prenant part aux projets de construction dans le pays. Ndlr). En attendant, nous sommes très sollicités notamment par des opérateurs privés, des banques et des organismes semi-publics.

Au niveau local, comment évaluez-vous l’entrée en Bourse de TGGC ?
Nous avons réalisé une bonne introduction en Bourse. Avec l’augmentation du capital, nous avons pu développer ce que nous avions projeté. Nous avons respecté nos engagements dans le business plan en 2022. Nous sommes également confiants pour notre engagement pour 2023. Quant à nos ambitions, elles sont grandes grâce à notre carnet de commandes.

Lire aussi : La recette de TGCC pour monter en puissance

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