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Transformation numérique : entretien avec Mimoun Ouchaou, président-directeur général d’IBM Maroc

Conscient de la nécessité d’accélérer la transformation numérique et des contraintes qui subsistent pour faire avancer les stratégies en cours, IBM Maroc se positionne comme partenaire technologique auprés des entités des secteurs public et privé. Le groupe a en effet lancé de nombreux programmes innovants pour accompagner cette dynamique. Éclairages avec le PDG d’IBM Maroc, Mimoun Ouchaou.

Transformation numérique : entretien avec Mimoun Ouchaou, président-directeur général d’IBM Maroc
Mimoun Ouchaou, PDG d'IBM Maroc.

Le Matin : Que pensez-vous de la transformation numérique que connaît actuellement le Maroc ?

Mimoun Ouchaou :
Le Maroc aspire aujourd’hui à devenir un acteur numérique majeur. C’est, à mon avis, l'un des pays qui se transforme le plus rapidement au niveau numérique en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et même au sein de l’Afrique. Au cours des 20 dernières années, le Maroc a lancé quatre projets stratégiques en vue d’accélérer sa transformation numérique : il s’agit de e-Morocco 2010, de Maroc Digital 2013, de Maroc Digital 2020 et de Digital Morocco 2025. Ces projets sont le fruit d’efforts continus consentis par le gouvernement marocain en vue de moderniser et de numériser ses institutions publiques, mais aussi de faire de la numérisation l’un des piliers stratégiques de développement du pays. De tels projets ont également permis d'obtenir des avantages incroyables tels que la possibilité de fournir aux Marocains et au gouvernement des possibilités variées d'échange d'informations entre les institutions, en plus d’améliorer l'efficacité des services publics et de simplifier les procédures administratives pour les citoyens.

Ces efforts ont en outre permis d’attirer l'attention d'organismes internationaux tels que la Banque mondiale qui a accordé au Maroc une enveloppe de 500 millions de dollars pour le financement de sa politique de développement de l'inclusion financière et numérique (DPF) en 2020. On peut également citer la signature, en 2021, d'un contrat de 85 millions d'euros entre la Société nationale des Autoroutes du Maroc (ADM) et la Banque européenne d'investissement (BEI), et dont l’objectif est de stimuler la numérisation de l'infrastructure autoroutière du pays pour améliorer la fluidité de la circulation et renforcer la sécurité routière. En 2022, le Maroc avait été classé troisième pays le plus innovant d'Afrique et huitième en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, selon l'Indice mondial de l'innovation. Grâce aux nombreux investissements qu’il a consentis, en plus de la mise en place de l'infrastructure nécessaire, des politiques et cadres réglementaires idoines, le Royaume est aujourd’hui en train de se positionner en tant que centre numérique africain de premier plan.

Volonté politique, réglementation, gouvernance, facteur humain, manque de compétences, financement... Quels sont, selon vous, les freins et contraintes qui alourdissent le processus de digitalisation du Royaume ?

Comme pour de nombreux pays qui sont en transition et qui évoluent d'une économie traditionnelle vers une économie numérique, les défis rencontrés par ces pays en matière de transformation numérique sont homogènes. Ils concernent notamment le fossé en compétences numériques qui a été creusé par l’existence de systèmes éducatifs inadéquats, mais aussi les ressources financières limitées, ainsi que toutes les complexités qui y sont associées. Toutefois, nous considérons ces défis comme des opportunités, car ils nous inspirent pour conceptualiser et développer des solutions encore plus innovantes qui permettent de supprimer durablement tout type de barrières.

En ce qui concerne l'écart en compétences numériques, le Maroc se doit de renforcer son positionnement en ce qui concerne les technologies de l'information et de la communication TIC, et ce en développant et en formant des talents numériques agiles. C'est pourquoi nous nous engageons à former davantage de personnes qui soient dotées de compétences en TIC au sein du pays. Cet engagement s’inscrit dans le sillage du programme lancé par IBM pour former 30 millions de personnes dans le monde à l’horizon 2030. De plus, nos écoles P-Tech (Pathways in Technology Early College High) offrent aux étudiants la possibilité d'acquérir toutes les compétences académiques, techniques et professionnelles que les employeurs exigent. Nous avons également lancé le programme «SkillsBuild» qui permet à de nombreux Marocains d'acquérir de nouvelles compétences numériques et de bénéficier de référentiels gratuits qui correspondent aux carrières technologiques mondiales les plus demandées. Nous avons en outre lancé le programme universitaire IBM MEA à Rabat qui met à la disposition des étudiants des logiciels innovants et des outils numériques de pointe en matière de Big Data, de Cloud computing et de cybersécurité. Nous avons enfin conçu un programme de formation supérieure qui est intitulé «IBM Cloud Developer Experience» et qui est dédié aux jeunes développeurs. Ce programme a débouché sur l’octroi de 51 diplômes en plus d’offrir un taux de conversion de 98%.

Une autre contrainte, qui n’est pas des moindres et qui ne concerne pas uniquement le Maroc, est celle liée au fait que de nombreux pays ont du mal à s'engager pleinement dans le processus de transformation numérique en raison de complexités et d’incertitudes multiples se rapportant aux résultats à atteindre. Pour surpasser ces différents obstacles, il est plus que jamais nécessaire de se baser sur des approches ciblées et collaboratives.

Cela étant dit, nous sommes persuadés qu'il existe une volonté politique et une gouvernance suffisantes pour pouvoir accompagner efficacement le parcours de transformation numérique du Maroc, comme en témoignent les stratégies et politiques de numérisation mises en œuvre par le pays au cours de la dernière décennie.

D’après IBM, quelles sont les expériences de transformation digitale réussies par d’autres pays et qui pourraient inspirer le Maroc ?

Dans nos régions, les gouvernements expriment leur volonté d’embrasser la transformation numérique, car elle est pourvoyeuse de nombreuses opportunités. Elle leur permet, en effet, de transformer en profondeur leurs sociétés et leurs économies. Bien que le monde entier soit aujourd’hui en train de réaliser des progrès significatifs en matière de transformation numérique, deux pays en particulier retiennent l’attention, car ils peuvent inspirer le Maroc.

Le premier pays est l'Arabie saoudite. Guidé par son Plan national de numérisation et par sa Stratégie nationale pour la transformation numérique, ce Royaume a réussi à se transformer numériquement à un rythme accéléré au cours de la dernière décennie. Selon l'indice de maturité Govtech de la Banque mondiale pour 2022, le pays est classé premier au niveau régional et troisième dans le monde. Il a réussi à numériser la majorité de ses services gouvernementaux et à atteindre son meilleur résultat historique au niveau de l'indice de développement de l'e-gouvernement émis par les Nations unies.

Un autre exemple inspirant est celui de l'Afrique du Sud, un pays qui a su adopter l'informatique quantique et qui est rapidement devenu l'un des leaders mondiaux de cette technologie.

Se basant sur les dernières technologies émergentes qui jouent un rôle vital en matière de transformation de l'économie numérique, l'équipe IBM Research-Africa est parvenue à concevoir des initiatives de premier plan qui sont destinées à accélérer le processus de transformation grâce à la technologie quantique. Ces initiatives, qui sont massivement déployées en Afrique, se rapportent à l'utilisation efficace des ressources et sur la résolution de problèmes d'optimisation et l'extraction de données en couches.

Qu'en est-il du partenariat public-privé pour accélérer la transition numérique ?

La pandémie a accéléré le boom de la transformation numérique. L'explosion du travail à domicile généré par la pandémie a précipité l'utilisation de services numériques et la mise en place de stratégies adaptées. Alors que les pays et les entreprises cherchent à accomplir leur transition numérique de la manière la plus rapide, fluide et efficace possible, l'importance de la collaboration ne devrait jamais être occultée ni sous-estimée.

Par exemple, IBM a fortement collaboré avec la Trésorerie générale du Royaume du Maroc (TGR) en l’accompagnant dans son parcours de numérisation et de consolidation de son architecture de sauvegarde et de récupération. Cela a permis à la TGR de réaliser des économies opérationnelles substantielles, mais aussi d’atteindre une meilleure performance, ainsi qu’une plus grande flexibilité. À son tour, Attijariwafa bank a pu, grâce à nos solutions de Cloud hybride, moderniser et gérer ses applications bancaires centrales, ce qui lui a permis d’accélérer la numérisation de ses opérations bancaires et d’offrir rapidement de nouveaux types de services numériques à ses clients.

Quel est le rôle d'IBM Maroc dans une telle dynamique ?

L'histoire prestigieuse d'IBM au Maroc s'étend sur plus de 90 ans et notre engagement envers le Royaume continue à être toujours aussi fort. Nous avons su démontrer, au fil des décennies, la qualité de notre capacité d’engagement en tant que partenaires technologiques fiables auprès des entités des secteurs public et privé, en soutenant ces dernières et en les aidant à atteindre tous leurs objectifs.

Durant près d’un siècle, IBM a réussi à nouer une riche histoire avec le gouvernement marocain, en contribuant au développement de l'informatique au Maroc et en accompagnant le Royaume afin qu’il devienne un marché informatique moderne et prospère. Parmi nos clients importants du secteur public, nous pouvons citer le Ministère de l'Économie et des Finances. IBM a accompagné ce ministère dans sa stratégie d'e-gouvernement et de modernisation de ses services à destination des citoyens et des entreprises.

Comme je l'ai mentionné plus haut, nous avons inauguré plusieurs centres d'innovation au Maroc. Ces centres sont destinés à fournir aux étudiants et aux diplômés des formations distancielles ou présentielles de premier plan, en plus de leur permettre de tester de nouveaux produits, de réseauter avec des pairs du monde entier et de bénéficier d’un mentorat et d’un accompagnement prodigués par des experts en informatique et en affaires. Nous avons, en outre, aidé des startups telles que YouCan à renforcer plus rapidement leur présence sur le marché grâce à des solutions informatiques dédiées.

Chez IBM Maroc, notre objectif est de réussir à mettre en place des solutions et des services innovants qui permettent de stimuler la transformation numérique au sein des secteurs économiques clés au Maroc. Nous continuons à déployer des technologies et des solutions sans cesse plus développées et abouties à nos partenaires et clients, les aidant ainsi à faire les choses de manière plus intelligente et plus efficace, et à accélérer leurs parcours de transformation numérique. Notre objectif est de toujours persévérer dans cette voie.

Lire aussi : Comment les organisations africaines peuvent utiliser l’IA pour accélérer la durabilité en 2023 (Tribune)

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