Désormais, les prochaines réunions des Chefs d’État de l’Union africaine (UA) auront de nouveaux grands enjeux. Et pour cause, des Premiers ministres et ministres africains se sont engagés, pleinement et entièrement, à taper toutes les portes, y compris les hautes instances de l’UA, et à œuvrer de concert et en coordination en faveur de l’exclusion de l’entité non étatique, la pseudo-«rasd», de cette organisation africaine. L’idée a mûri en novembre dernier lors des travaux des MeDays, en marge desquels a été lancé «l’Appel solennel à l’expulsion de la pseudo-“rasd” de l’Union africaine», dit «Appel de Tanger». Puis les signataires de cet appel, signé le 4 novembre 2022 à Tanger, se sont réunis, samedi 28 janvier à Marrakech, dans le cadre de la «première réunion de suivi de l’Appel de Tanger». Que s’est-il passé depuis le 4 novembre jusqu’à la date de cette réunion de suivi ?
Le cercle des pays africains signataires de L'Appel de Tanger s'élargit
Il est à noter que les premiers signataires ont aussitôt constitué un groupe de contact qui s’était donné pour mission de militer pour cette cause et d’aller à la rencontre d’autres personnalités afin de les rallier à cet objectif ou, du moins, leur expliquer les arguments favorables à la cause de la marocanité du Sahara. Aussi, un travail a été entrepris en amont à travers l’organisation de cinq séminaires sous régionaux, organisés entre mai et octobre 2022, à Nouakchott, Dakar, Accra, Dar Es-Salam et Kinshasa. Campagne de réflexion panafricaine qui a contribué à l’émergence de diverses recommandations portant sur «les enjeux de l’Union africaine à l’aune de la question du Sahara». Passant à l’action, «les signataires» ont débattu d’un projet de «Livre blanc» et l’ont adopté à l’unanimité, après y avoir apporté leurs précieuses contributions. Le document a été finalisé lors de la réunion de ce 28 janvier à Marrakech. Ce rendez-vous a d’ailleurs été marqué par le ralliement de trois nouvelles personnalités signataires de l’Appel de Tanger. Il s’agit de trois anciens ministres des Affaires étrangères : Lamin Kaba Badjo, de la République de Gambie, Lesego Makgothi, du Royaume du Lesotho, et Patrick Rajoelina, de la République de Madagascar.
Un Livre blanc pour traduire l'engagement en faveur de l’exclusion de la pseudo-«rasd» des rangs de l’UA
Le «Livre blanc» adopté, intitulé «L’Union africaine et la question du Sahara, livrable final d’une réflexion intellectuelle panafricaine profonde et inclusive», est considéré comme l’aboutissement de la campagne panafricaine et le reflet fidèle des débats tenus lors des différentes rencontres et séminaires. De la sorte, ces leaders africains réitèrent leur engagement, plein et entier, à œuvrer de concert et en coordination en faveur de l’exclusion de la pseudo-«rasd» des rangs de l’UA. Entité qu’ils désignent comme étant non étatique. Ils estiment que «cette exclusion, légitime d’un point de vue légal, ne doit en aucun cas être considérée comme un objectif inatteignable, parce qu’elle s’insère dans une dynamique continentale et internationale favorable, où le réalisme et le pragmatisme prévalent, et parce qu’elle représente un prérequis indispensable au retour de l’impartialité et de la crédibilité de l’Organisation panafricaine sur la question du Sahara», ont-ils souligné samedi lors d’une séance consacrée à la présentation des grandes lignes du Livre blanc.
Les leaders africains ont présenté le document comme développant «une argumentation factuelle et historique irréfutable, un document juridique et politique de référence, qui matérialise une vision d’une Afrique unie et d’un panafricanisme renouvelé, loin des idéologies d’un autre temps». Ils ont décidé de s’approprier le texte en vue d’en faire un élément central de plaidoyer, en plus du fait d’avoir arrêté un ambitieux programme de travail et de plaidoyer en vue d’accélérer leur objectif commun, l’exclusion de la pseudo- «rasd» de l’Union africaine.
Pourquoi la "pseudo-rasd" n’a pas sa place au sein de l’UA selon le «Livre blanc»
Le «Livre blanc» développe un argumentaire factuel et historique, juridique et politique matérialisant une vision d’une Afrique unie et d’un panafricanisme renouvelé, loin des idéologies d’un autre temps. À ce propos, le résumé exécutif du «Livre blanc» comporte 10 principales considérations :
• La «pseudo-rasd», imposée à la seule OUA/UA, n’est pas une entité étatique puisqu’elle ne possède aucun des attributs qualifiants un «État».• La «pseudo-rasd», installée en territoire algérien, est soumise à une souveraineté supérieure, celle de l’Algérie.• La «pseudo-rasd» est une entité non étatique ne disposant pas de la responsabilité juridique internationale.• L’admission de la «pseudo-rasd» à l’OUA est un coup de force juridique en flagrante violation de sa Charte.• L’admission de la «pseudo-rasd» à l’OUA s’est faite dans un contexte particulier, au moment où le continent était en prise à différents courants idéologiques aujourd’hui obsolètes.• En admettant la «pseudo-rasd», l’OUA a préjugé, en toute partialité, du résultat d’un processus, qualifié de «solution régionale».• La présence de la «pseudo-rasd» au sein de l’OUA puis de l’UA a éloigné l’organisation du traitement de la question du Sahara.• La Décision 693 (XXXI) prise par l’UA lors du Sommet de Nouakchott en juillet 2018 atteste l’exclusivité du processus onusien dans la recherche d’une «solution politique juste, durable et mutuellement acceptable».• La «pseudo-rasd», sans effectivité du fait de son caractère non étatique, n’apporte aucune valeur ajoutée à l’UA et elle est source de division plutôt que d’unité.• La présence au sein de l’UA de la «pseudo-rasd», émanation non étatique d’un groupe séparatiste armé, illustre la vulnérabilité institutionnelle de l’Organisation et représente un frein incontestable à l’intégration économique régionale et continentale.