Le Conseil économique, social et environnemental a plaidé, mercredi, pour la mise en place de filières de soins d’urgences médicales dans chaque région, adaptées aux spécificités populationnelles et géographiques du territoire. Ces nouvelles filières devront être créées en impliquant tous les acteurs des territoires, à savoir le secteur privé, les élus, les autorités, la Protection civile, les assureurs (AMO et privés), les professionnels de santé, les professionnels du transport sanitaire, les secteurs public et privé à but lucratif et non lucratif et les associations fournissant un travail social dans le cadre d’une gouvernance décentralisée. Cette recommandation et bien d’autres ont été en effet formulée par le CESE lors d’un atelier de restitution, organisé à Rabat pour présenter les conclusions de son avis «Comment remédier à la situation préoccupante de la filière de prise en charge des urgences médicales au Maroc ?» Dans ce document, l’instance consultative a exprimé son inquiétude du bilan préoccupant dressé de la situation des urgences au Maroc.
La charge médicale dans les services d'urgences est énorme
«Les services des urgences connaissent une affluence de plus en plus grandissante. 80% des prestations de soins non urgentes sont dispensées par ces mêmes services, de l’aveu du ministre de la Santé, à cause de l’absence d’une politique de régulation médicale. Pourtant, ces services manquent de ressources humaines. Le Royaume compte en tout et pour tout 29 médecins urgentistes, qui ont été formés entre 2002 et 2022», souligne le président de cette instance, Ahmed Réda Chami, dans son mot introductif. Pour remédier à cette situation, le CESE a appelé à lever les barrières financières relatives à l’accès aux soins. Il a préconisé dans ce sens de mener une réflexion multipartite sur l’opportunité de création d’un fonds de garantie dédié à la prise en charge médicale urgente dans le secteur privé à but lucratif et à but non lucratif, d’élargir le mode «tiers-payant» aux soins ambulatoires, de manière à éviter à l'assuré d'avancer la totalité des frais y afférents, et d’introduire le transport médical dans la nomenclature des actes professionnels et le tarif national de référence (TNR).
Les ressources humaines médicales à renforcer
L’instance consultative a également recommandé le renforcement et le développement de la régulation préhospitalière, à la faveur de la responsabilisation du citoyen, l’élargissement du champ d’action des services d'aide médicale urgente (SAMU) régionaux, le renforcement de la Protection civile et sa collaboration avec le SAMU et les territoires, outre la réglementation et la régulation du secteur du transport sanitaire. Les sages du CESE ont par ailleurs souligné l’importance de développer et valoriser les ressources humaines affectées aux services des urgences à travers deux actions. Il s’agit du renforcement de la formation de base et la formation continue et la révision du cadre juridique, réglementaire et indemnitaire pour les gardes et astreintes.
S’agissant de l’amélioration des prestations des services hospitaliers des urgences dans les secteurs public et privé, le CESE a recommandé l’élaboration de cahiers des charges qui constitueraient un référentiel normatif opposable aux secteurs public et privé concernant les bâtiments, les équipements, les personnels et l’organisation des services hospitaliers d’urgence. Dans le même sens, le Conseil a suggéré la mise en place de mécanismes de suivi, de contrôle et d’évaluation de la qualité de la prise en charge médicale dans tous les établissements, publics ou privés, ayant des services d’urgence ainsi que le développement de filières d’urgences spécialisées au sein de chaque région.
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