Une évaluation de la violence dans les établissements scolaires des cycles primaire, secondaire collégial et secondaire qualifiant a été réalisée par le CSEFRS. Se concentrant spécifiquement sur la violence en milieu scolaire, qui se limite aux actes violents survenant dans l’enceinte de l'établissement, cette évaluation comprend une enquête quantitative menée dans 260 établissements scolaires, avec la participation de 13.884 élèves, et est complétée par une enquête qualitative menée dans 27 établissements, dans le but d'identifier et de caractériser les actes de violence.
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Différentes formes de victimation signalées par les élèves au sein de l'école
L'enquête sur la violence en milieu scolaire met en évidence plusieurs formes de cette victimation signalées par les élèves. Ainsi, les violences verbales telles que les moqueries, les sobriquets et les insultes sont des pratiques courantes et banalisées dans les établissements scolaires. «Près d'un tiers des élèves du primaire déclarent avoir été affublés d'un sobriquet méchant ou méprisant, tandis que 55,9% des élèves du secondaire, principalement des garçons, affirment subir des moqueries à différents degrés», lit-on dans le rapport.
Les résultats de l'enquête révèlent également la présence de violence physique en milieu scolaire. «Dans les écoles primaires, 25,2% des élèves déclarent avoir été frappés et 28,5% bousculés, tandis qu'au secondaire, 25,3% des élèves affirment avoir été frappés et 37,4% bousculés dans l'intention de leur faire du mal. Les garçons sont victimes de violence physique plus souvent que les filles», indique le rapport.
Les élèves font également l'expérience de violences d'appropriation telles que les vols simples, les vols avec extorsion et les détériorations d'objets personnels. Selon l'enquête, «ces types de violence sont assez répandus, touchant respectivement 27,1 et 38,6% des élèves du primaire et du secondaire. Les vols avec extorsion et les détériorations d'objets personnels touchent les élèves, filles et garçons, dans des proportions similaires. De plus, 61,7% des collégiens et 70,3% des lycéens affirment avoir été témoins d'actes de vandalisme sur le matériel scolaire commis par des élèves».Profil des auteurs de la violence en milieu scolaire
Dans les établissements scolaires, les violences verbales et physiques sont perpétrées par différents auteurs, selon les niveaux scolaires. Au primaire, les garçons sont les principaux auteurs de ces violences, mais les enseignants peuvent également en être responsables, relèvent les auteurs du rapport. Au secondaire, ce sont principalement les élèves qui commettent des violences verbales et symboliques, suivis des enseignants, des intrus, des groupes de jeunes extérieurs à l'établissement, du personnel et, dans une moindre mesure, des parents, souligne-t-on.
Concernant le harcèlement, l'enquête a révélé que les auteurs du harcèlement à l’école primaire sont principalement des garçons (66,3%), et certains élèves ont également mentionné des enseignants (5,8%) comme auteurs. Au secondaire, les principaux auteurs du harcèlement sont des élèves garçons, agissant individuellement ou en groupe (70,1%), suivis des enseignants (20,4%), des intrus et d’autres personnels de l’établissement.
La punition dans les établissements scolaires
L'enquête révèle que malgré l'interdiction formelle de la punition basée sur la violence, cette pratique est toujours présente dans les établissements scolaires au Maroc. Les punitions verbales et symboliques, telles que les brimades et les insultes, sont les plus courantes au niveau primaire, suivies des punitions dites éducatives, comme la copie de lignes et la diminution des notes. La troisième catégorie concerne les châtiments corporels, 28% des élèves punis au primaire ayant été victimes de coups infligés avec un objet ou un instrument.
Au secondaire, les punitions présentent, d’après l’enquête, des différences par rapport à celles enregistrées au primaire, mais gardent des similitudes dans les catégories et les types. Les avertissements et les messages envoyés aux parents sont les punitions les plus couramment utilisées. Les châtiments corporels sont encore présents dans certains établissements, avec 30,6% des élèves déclarant avoir été frappés avec un objet et 17,3% ayant déclaré avoir reçu des gifles et/ou des coups.Acteurs éducatifs et violence en milieu scolaire
Cette étude met en évidence la persistance d'actes de violence, malgré une perception généralement positive du climat scolaire. En effet, le châtiment corporel envers les élèves demeure une réalité. Certains enseignants estiment que la violence est nécessaire pour faire face à la violence des élèves, en dépit des instructions du ministère de tutelle qui interdit son usage. En outre, les établissements situés dans des milieux urbains défavorisés semblent davantage touchés par ce phénomène. Les actes de harcèlement en milieu scolaire à l'encontre du personnel éducatif montrent que 6,1% des enseignants sont victimes de harcèlement, selon leurs déclarations. Par ailleurs, la plateforme «Marsad», lancée par le ministère de l’Éducation nationale pour enregistrer les cas de violence dans les écoles, est méconnue par 75,9% du personnel et les actes de violence ne sont pas toujours signalés dans les établissements scolaires, note le rapport.