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Afghanistan : les frappes continuent, la liste des victimes s'allonge

Les bombardements américains sur l'Afghanistan se sont poursuivis hier avec leur cortège de victimes civiles qui s'allonge, parmi lesquelles au moins huit enfants tués à Kaboul.

Afghanistan : les frappes continuent, la liste des victimes s'allonge
Dimanche, des avions américains ont continué de survoler la ville dans la matinée, poussant davantage des familles afghanes à quitter la capitale, alors que les corps de six enfants, dont l'un était déchiqueté, étaient tran114és dans une mosquée, selon la télévision qatariote Al-Jazira. Al-Jazira affirme que le bilan est d'au moins quinze tués, dont neuf enfants, dont trois encore sous les décombres.
Selon des résidents, dix civils ont été tués, dont huit enfants, dans les trois maisons détruites dans le quartier de Char Qala par une bombe aux environs de 07H00 locales.
Une bombe américaine a aussi touché samedi un village dans la zone contrôlée par les forces anti-talibans à trois kilomètres des lignes de front.
L'engin a presque complètement détruit deux maisons du village de Ganikhel, a rapporté un journaliste de l'AFP. L'explosion a tué sur le coup une jeune femme, Koko Gol (23 ans), selon sa belle soeur Khalima (19 ans), qui se trouvait à ce moment dans une des deux habitations.
Un chauffeur d'ambulance avait raconté samedi soir que dix habitants avaient été tués par une bombe américaine dans un village situé à trois kilomètres des lignes de front des talibans. De son côté, un responsable du ministère des Affaires étrangères de l'opposition armée aux talibans avait déclaré que le village touché était Khan Agaha, non loin de Ganikhel.
Alors que le Pentagone se refusait à tout commentaire samedi, cette information s'ajoutait à une semaine pleine de déconvenues pour les Etats-Unis, marquée par plusieurs erreurs de tirs meurtrières.

Les taliban résistent

Les Etats-Unis ont mené samedi leurs bombardements les plus violents sur la ligne de front entre les forces de l'opposition de l'Alliance du nord et les forces des talibans au nord de Kaboul. Cette campagne de bombardements qui entre dans sa quatrième semaine n'a pour l'instant pas réussi à briser la résistance des talibans qui ont encore fait usage de canons anti-aériens.
Répondant à l'appel du mollah Mohammad Omar, chef suprême des talibans, des milliers d'hommes de tribus frontalières ont fait route, lourdement armés, vers la frontière orientale de l'Afghanistan.
Conduits par Soofi Mohammad, chef du Tehreek Nifaz-e-Sharia Mohammadi (mouvement pour la stricte application du code islamique), ces hommes affichaient l'intention de passer en Afghanistan dimanche, se disant prêts à se battre «si les autorités essayent de (les) arrêter», selon un porte-parole de ce parti extrémiste, qui a précisé que 10.000 hommes se trouvaient dans le convoi.
Dans le nord, d'autres membres de tribus pachtounes bloquaient l'axe routier reliant le Pakistan à la Chine.
Washington envisagerait de fournir une aide financière supplémentaire au Pakistan afin de renforcer son soutien à cet allié clé, a déclaré samedi un responsable américain. Cette aide viendrait s'ajouter aux 100 millions de dollars déjà promis.
Dans l'est du Pakistan, des hommes armés ont attaqué dimanche des fidèles réunis dans une église catholique de Bahawalpur (est du Pakistan), tuant au moins treize personnes, a annoncé la police. Aucune revendication n'est parvenue, a-t-on précisé de même source.
Le Pakistan compte environ 2 % de chrétiens, une minorité religieuse très difficilement acceptée dans cette république islamique.
La guerre antiterroriste a subi un autre revers avec l'exécution vendredi d'un opposant aux talibans, le commandant pachtoune Abdul Haq, héros de la guerre contre l'Union Soviétique. Depuis 1996, il tentait de mobiliser des tribus pachtounes contre les milices au pouvoir à Kaboul.
Il a été enterré à Sorkh Rod, à une douzaine de kilomètres à l'ouest de Jalalabad (est de l'Afghanistan), le village dont il était originaire, a indiqué Afghan Islamic Press (AIP).
Par ailleurs, le Pentagone a reconnu vendredi que des entrepôts utilisés par le Comité 111110nal de la Croix-Rouge (CICR) et une zone d'habitation se trouvant dans leur voisinage avaient été touchés par erreur.
Le CICR a indiqué samedi à Genève attendre des explications officielles et directes des Etats-Unis et des garanties pour que «l'erreur ne se répète pas une troisième fois». Sur cinq entrepôts du CICR à Kaboul, il n'en reste plus maintenant qu'un seul intact.

Inquiétude du HCR

Le Haut Commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR) s'inquiète de son côté d'un exode massif de réfugiés afghans vers le Pakistan. Le Haut commissaire Ruud Lubbers est arrivé samedi dans ce pays pour une mission destinée à «vérifier l'état actuel des préparatifs pour faire face à un éventuel afflux massif d'Afghans».
Le porte-parole du HCR à Quetta (sud-ouest du Pakistan), non loin de la frontière afghane, a annoncé l'achèvement de 15 camps capables d'accueillir 150.000 réfugiés.
Ceux qui sont parvenus à traverser la frontière depuis les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis sont estimés pour l'instant à plus de 60.000, nombre qui pourrait atteindre, selon le HCR, 300.000 dans les prochaines semaines et 1,5 million à plus long terme.
Le coordinateur pour les affaires humanitaires de l'ONU, Kenzo Oshima, a estimé, de son côté, à Douchanbé (Tadjikistan), à six millions de personnes la population afghane dépendant «partiellement ou complètement» de l'aide venue de l'étranger.
A Washington, les responsables chargés d'enquêter sur une série d'attaques au bacille du charbon privilégient désormais une piste intérieure plutôt qu'étrangère.
«L'idée d'une attaque commanditée par un Etat est de plus en plus considérée comme improbable», selon un responsable policier, tandis qu'un officiel cité par le Washington Post affirmait que «tout converge vers une piste intérieure». Les attaques pourraient être le fait de groupes extrémistes, d'extrême droite ou sympathisants d'extrémistes islamistes, selon des responsables de la sûreté fédérale (FBI) et des Postes cités par le Post.
Un sondage révèle que si les Américains continuent d'approuver massivement (88%) la campagne militaire en cours, près d'un sur deux (43%) ne croit pas que les autorités disposent d'un plan bien établi pour lutter contre le bioterrorisme ou d'autres menaces sur le territoire des Etats-Unis.
A Kaboul, les talibans ont annoncé détenir un Américain en plus d'un journaliste français, d'un Japonais, et de deux journalistes pakistanais et ont averti que les étrangers qui pénétraient clandestinement dans le pays, qu'ils se présentent comme journalistes ou humanitaires, seraient jugés comme espions.
Ils ont également confirmé samedi que le journaliste français Michel Peyrard de l'hebdomadaire Paris Match comparaîtrait devant une cour islamique pour y répondre de l'accusation d'espionnage.

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