Menu
Search
Mercredi 31 Décembre 2025
S'abonner
close
Mercredi 31 Décembre 2025
Menu
Search

L'Amérique sous la terreur d'attentats ciblés: L'inacceptable

Quatre avions et non des moindres détournés, avec à bord des dizaines de passagers. Avec les mêmes avions, des assauts ensuite sur la presqu'île de Manhattan, ce financial district qui fait la fierté des Américains où se concentrent à la fois puissance f

No Image
Deux jumbo-jet, dont on imagine le poids et l'impact, qui s'enfoncent l'un après l'autre, à dix-huit minutes d'111valle et fracassent les deux tours jumelles du World Trade Center , parties en fumée en moins d'une demie heure, écroulées sous les décombres, enveloppées dans un nuage tchernobylien rasées comme si elles n'avaient jamais existé. Avec elles disparaît une longue histoire, s'éclipsent ensuite des témoins emblématiques, s'évanouit peut-être enfin le rêve de toute l'humanité. Car les deux tours, fièrement dressées étaient les gardiens, les vigiles d'un mythe où se confondaient solidité institutionnelle- celle d'une Amérique miroir des peuples - et génie de l'Homme. La main noire de l'homme en est donc venue à bout. Les images qui ont fait le tour du monde entre 13h. et 14h.30, ce mardi 11 septembre, avaient quelque chose de surréaliste parce qu'elles étaient diffusées quasi instantanément, en temps réel. Un cinéaste voudrait-il les réaliser qu'il n'y parviendrait nullement, tant la violence dans cette réalité apocalyptique était forte et le choc prenant.
Entre “Tour infernale “ et “Piège de cristal “, la conscience humaine était déchirée par une horreur sans précédent au regard de cette cathédrale de fumée qui avait enfoui des milliers de braves citoyens américains innocents sous les décombres . Quelques minutes plus tard, c'est au tour du Pentagone, haut lieu de défense, Panthéon où se concocte une stratégie militaire à l'échelle planétaire, de subir le pilonnage, ensuite la Maison Blanche évacuée dare-dare, le State Department, le Capitole, la tour des 110ns unies à New York...
Les deux plus importantes villes des Etats-Unis à feu et à sang ? Cela eût pu relever de la pure fiction ou sortir d'un roman de série noire, si l'irascible horreur n'était venue rappeler à ceux qui oublient la part de folie réelle des hommes. Cela est paru, en tout cas, d'autant moins vraisemblable que l'Amérique, contradictoire, désirée et rejetée à la fois, n'a jamais cessé d'incarner pour nous le mythe de puissance et de gigantisme. Culliver empêtré certes et fragilisé, l'Amérique et le monde avec elle pleurent les milliers de morts innocentes. Nulle conscience ne saurait accepter une telle forfaiture, sauf à justifier le cynisme et à l'ériger en doctrine d'Etat. Ceux qui ont frappé les symboles américains à New York et Washington n'ont apparemment pas agi dans la précipitation. A l'évidence, ils ont dû préparer des semaines voire des mois entiers leur forfait, étudier au moindre détail le déroulement de leur sinistre plan, s'as116r des complices mafieuses, étendre aussi des ramifications meurtrières et mettre à exécution leurs attentats, ciblés et planifiés à la minute près.
Un aussi redoutable et précis montage, comme les frappes échelonnées nous l'ont montré, ne peut être le fait que d'une organisation qui connaît les rouages et les habitudes de l'administration et des forces américaines. Autant dire, en effet, que la spontanéité dans cette sinistre entreprise est d'emblée exclue et que les meurtriers avaient pris en considération tous les paramètres. D'abord la proverbiale vigilance des forces de sécurité, notamment du F.B.I., démentie cette fois-ci, ensuite du timing - notamment à Manhattan à 9 heures du matin, à l'ouverture des bureaux et les sorties de métro -, enfin le choix des symboles comme le Pentagone, le ministère des affaires étrangères, forteresses s'il en est, normalement aussi infranchissables.
Ce que l'imaginaire collectif a pu cultiver des décennies durant à travers des films culte de cinéma sur le terrorisme, la guerre des étoiles, le bouclier de défense nucléaire américaine, est à présent mis à l'épreuve. Le voile s'est subitement déchiré hier matin, réveillant de leur paisible sommeil les millions de citoyens américains, secouant le monde entier et choquant avec violence les consciences. L'inacceptable, l'intolérable terrorisme s'est abattu sur un pays dont le deuil , à coup sûr et quelles que soient les convictions de chacun, est partagé par tous les peuples. Or, ce terrorisme lâche et furieux, injustifié puisque jusqu'à présent il ne porte aucune signature, concerne l'humanité entière parce qu'il frappe - au-delà des symboles emblématiques - des citoyens innocents et démunis. C'est aussi une manière de guerre contre le peuple et les institutions des Etats-Unis. Aucune raison invoquée ne saurait le pardonner et rien, plus rien ne pourrait faire fermer cette terrible cicatrice dans l'âme du peuple des Etats-Unis.
Lisez nos e-Papers