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L'hôpital Moulay Abdallah d'oncologie unique établissement du genre au Maroc

L'hôpital Moulay Abdallah d'oncologie de Rabat est l'unique établissement du genre au Maroc et l'un des rares en Afrique et dans le monde africain et arabe.
Cette position, à elle seule, devrait lui conférer un statut particulier; d'autant plus qu'il e

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Il n'en est rien pourtant dans les faits ou, plutôt, il n'en est plus rien aujourd'hui car il ne faut pas oublier qu'il n'y a pas très longtemps, ce centre faisait la fierté du Maroc et, en premier lieu, de toux ceux qui étaient appelés à y séjourner ou y exercer : patients, personnel médical et para-médical, staff technique et administratif, etc. Même les simples visiteurs y trouvaient un peu de réconfort et une certaine convivialité qui leur permettaient, à leur tour, de redonner un peu d'espoir à leurs proches, malades et souvent, «condamnées» à mourir à plus ou moins long terme ou, du moins, à «vivre» avec leur mal comme les prisonniers à perpétuité avec leurs boulets.
Il y en encore quelques années, nous y avions rendu visite à un confrère - mort depuis - et nous pouvons affirmer que nous avions été plutôt agréablement surpris par l'état des lieux, la qualité des prestations et de l'accueil...Cela, semble n'être - hélas ! plus que un vieux souvenir. L'établissement est dans un état de délabrement avancé, les praticiens qui y exercent, ainsi que les infirmiers, se plaignent de ne disposer de pratiquement rien et un récent reportage de «2M» fait même état de coupures d'eau et d'électricité.
Un hôpital sans eau, ni électricité - par le temps glacial de ces jours-ci cela ne revient - il pas à condamner à une mort plus rapide et..plus triste.
Car, en fait, qui vont dans un tel établissement?
Ce sont, bien entendu, des cancéreux dans un stade souvent critique et désespérés, des pauvres gueux (ses) venus parfois de très loin et n'ayant pas les moyens de se faire examiner assez tôt et assez régulièrement pour découvrir leur mal suffisamment tôt et se mettre ainsi à l'abri d'un tas de désagréments et de souffrances.
De plus, le fait que l'ensemble du pays disposé d'un seul et unique établissement de ce genre n'est pas fait pour arranger les choses car l'affluence grandissante, le nombre-forcément- limité de places et de lits, la vétusté du matériel, et le nombre non moins limité de médecins spécialisés, d'infirmiers et d'infirmières font que l'on est souvent obligés de parer au plus pressé, de se contenter de travailler avec les moyens du bord et de reporter un grand nombre de patients sur la fameuse liste d'attente.
A l'image, d'ailleurs, de ce qui se fait dans la plupart de nos hôpitaux et autres dispensaires et de notre système de santé, en général.
Sauf que là il ne s'agit pas de simples blessures, de maux d'estomac ou de tête que l'on peut soigner avec seulement un peu de teinture d'iode ou un comprimé d'aspirine, mais bel et bien de vie ou de mort, de souffrances atroces qui nécessitent des traitements appropriés et un matériel hautement sophistiqués.
Et l'attente,dans ce cas, prend une autre signification surtout pour des malades venus de Tan-Tan, Zagora, Bouarfa, M'hamid, etc. et qui n'ont pas de quoi payer plusieurs aller-retour par an, voire par mois pour ceux que l'état de santé nécessite des séances de chimiothérapie toutes les semaines ou tous les quinze jours.
Ingénieux et débrouillards comme seule une catégorie de nos concitoyens savent l'être, certains bidonvilles qui vivent dans les parages ont alors trouvé le moyen de venir en aide à des êtres désemparés et aux proches qui les accompagnent en leur offrant ce que l'Etat n'est plus en mesure de faire : ils ont tout simplement construit des baraques sur les terrains vagues tout autour dudit hôpital qu'ils louent, ensuite, aux patients et à leurs accompagnateurs venus de loin et que la capacité d'hébergement et les moyens dérisoires de l'établissement contraignent à attendre leur tour des jours, sinon, des semaines d'affilée.
Mis au courant de cette situation pour le moins ubuesque, un ami a eu cette réflexion : Je crois que ces gens (les «propriétaires» de ces baraques) font œuvre pie car, tout compte fait, on ne peut pas reprocher au fossoyeur pour les vivre en creusant des tombes pour les morts.
Et puis, ajoute-t-il, si notre système de santé n'a rien de mieux à proposer à tous ces cancéreux qu'une espère d'enthanasie qui ne veut pas dire son nom, ces aubergistes de fortune ont au moins le mérite de leur proposer un peu de chaleur et de leur faire gagner quelques jours de plus moyennant un peu d'argent que, de toute manière, les tran114eurs en commun auraient vite englouti. Sans même se soucier de ce qui ceux qui le leur versent endurent.
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