En effet, au-delà de cet écran, à 30 km de Ouarzazate, les derniers contreforts du Haut-Atlas cachent soigneusement un des joyaux de l'architecture marocaine authentique : la Kasbah d'Aït Benhaddou. Fondée au 11eme siècle, sous le règne des Almohades, cette citadelle en pise rouge et brun - aujourd'hui classée par l'UNECO patrimoine universel - rend l'écho d'un temps guerrier révolu, où les habitations, le façonnage silencieux de la terre et les greniers collectifs gardent, en eux,la mémoire d'un Maroc qui fut du haut du donjon ruiné, cette fortification de terre âpre, qui baigne les pieds dans l'Oued Elmaleh, laisse entrevoir un interminable enchevêtrement de tours crénelées, de terrasses étagées et d'inextricables ruelles. Venez, venez voir où Jésus est né, l'apostrophe d'Ahmed, propriétaire d'une maison au centre de la Kasbah, sonnerait un peu anormale pour qui connaît la série de films de la Bible tournes entre ses méandres, ses caves et ses greniers. Sa grotte, à lui, là où, dans le film Jésus, le Christ vit le jour, Ahmed en fait un vrai fond de commerce, dont il use malignement pour vendre un de ses tapis. On m'a proposé dix millions de centimes, mais je ne vends pas, dit-il, tout en exhibant ses photos souvenirs dans une série de films de renommée mondiale. Entre deux commentaires sur son rôle de figurant dans The Gladiator de Ridley Scott, il insiste sur le fait qu'il ne vendra pas, même s'il va rejoindre incessamment sa sœur mariée à Paris.
Ailleurs, la Kasbah agonise d'une mort lente : hormis un chapelet de bazars, à l'entrée, elle semble déserte. Seuls six ménages y vivent encore, actuellement. Les autres ont tous émigré à l'autre rive de l'oued. Bientôt, elle sera sans substance, sans âme, avertit M'Barek Aït Alkaid, ancien responsable du Centre de conservation et de réhabilitation du patrimoine architectural de la zone atlassique et sub-atlassique (CERKAS). En effet, sur les 340 kasbahs délaissées, près de 200 ont atteint aujourd'hui un stade de délabrement total. Celles qui ont encore une chance d'être sauvées et restaurées, devront encore continuer à se faire entendre: la situation foncière des propriétés, les moyens financiers des propriétaires, les dédales de l'héritage, autant de facteurs qui freinent toute intervention de sauvetage.
Dans l'entre-temps, et alors que de l'autre côté de l'Oued s'ouvre le village au monde, la Kasbah d'Aït Ben Haddou, repliée sur elle-même, vibre à un temps autre : qu'à cela ne tienne, mais à la Kasbah même, assure-t-on, qui ne se souvient de Lawrence d'Arabie ou de la dramatique errance des héros du film de Bertolucci, Thé au Sahara, n'y aura rien compris.
Ailleurs, la Kasbah agonise d'une mort lente : hormis un chapelet de bazars, à l'entrée, elle semble déserte. Seuls six ménages y vivent encore, actuellement. Les autres ont tous émigré à l'autre rive de l'oued. Bientôt, elle sera sans substance, sans âme, avertit M'Barek Aït Alkaid, ancien responsable du Centre de conservation et de réhabilitation du patrimoine architectural de la zone atlassique et sub-atlassique (CERKAS). En effet, sur les 340 kasbahs délaissées, près de 200 ont atteint aujourd'hui un stade de délabrement total. Celles qui ont encore une chance d'être sauvées et restaurées, devront encore continuer à se faire entendre: la situation foncière des propriétés, les moyens financiers des propriétaires, les dédales de l'héritage, autant de facteurs qui freinent toute intervention de sauvetage.
Dans l'entre-temps, et alors que de l'autre côté de l'Oued s'ouvre le village au monde, la Kasbah d'Aït Ben Haddou, repliée sur elle-même, vibre à un temps autre : qu'à cela ne tienne, mais à la Kasbah même, assure-t-on, qui ne se souvient de Lawrence d'Arabie ou de la dramatique errance des héros du film de Bertolucci, Thé au Sahara, n'y aura rien compris.
