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La supplication de Dieu par son invocation

Pour celui qui invoque Dieu et Le prie pour lui pardonner ou de lui accorder quelques uns des biens d'ici-bas, son invocation doit émaner d'un bon cœur et doit être accompagnée par celle où on loue Dieu par ses attributs. Cette prière ne peut être adressé

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Le professeur Mohamed Ben Hamad Assequalli, en voulant développer et exposer le présent thème : «La supplication de Dieu par son invocation, une éthique qui nécessite de s'en remettre à Dieu dans l'action réalisant l'existence et non pas s'abandonner à quelque fatalisme», s'est imprégné du Hadith où le Prophète dit :
« Chaque prophète possède une invocation exaucée; je voudrai réserver la mienne en tant qu'intercession en faveur de ma communauté dans l'au-delà »
(Rapporté par l'Imam Bukhari dans son corpus authentique, dans le livre «Des invocations» où il est dit: Du chapitre: «Chaque prophète possède une invocation exaucée». D'après Isma'il, d'après Malik, d'après Ibn Abi Zannad, d'après al A'raj, d'après Abu Hurayra).
Le Professeur Mohamed Ben Hamad Assequalli
Je commencerais dans le présent exposé par commenter le propos du Prophète (P.S.) concernant «l'invocation exaucée», un sublime hadith que j'ai pensé aborder à partir de 3 volets :
- Introduction sur les secrets de l'adoration de Dieu où l'invocation constitue un des principaux éléments et et les enseignements à tirer de ce hadith chez Bukhari,
- Eclaircissement sur la composition du hadith et approche sémantique.
- Et enfin, un survol des finesses et des significations contenues dans les deux chaînes de garants qui font qu'en se retrouve finalement face à deux propos du Prophète.
Avant même de le créer, Dieu le Tout Puissant a voulu l'homme tout à fait convaincu de Son unicité et par conséquent témoignant du culte qu'il doit Lui rendre en tant que Dieu unique. C'est que du rassemblement de l'homme en agglomérats faisant de lui un être social par excellence, découle, en tant que nécessité, la notion d'unicité de Dieu qui elle, s'établit clairement pour que puisse justement se réaliser l'adoration de Dieu en tant qu'acte naturel.
En effet, toutes les étapes traversées par les sociétés humaines n'ont constitué que des phases préparatoires pour que celles-ci s'imprègnent, afin de s'en convaincre, de l'unicité de Dieu à qui elles sont dans l'obligation de rendre le culte en dehors de toute autre divinité.
A sa naissance même, tout individu vient au monde avec cette réalité innée et grandit selon et avec elle, tant qu'il ne s'en trouve pas séparé par quelque hérésie, d'où cette interrogation asservie qu'adresse Dieu aux êtres humains: «Ne suis-Je pas votre Dieu?», puis l'acceptation de cet énoncé par ces derniers en tant que témoignage de la vérité qu'il sous-tend : «Ils dirent: -Certes oui et nous en témoignons».
L'adoration de Dieu qui représente l'application effective de ce témoignage et l'exécution de toutes les conséquences qui en découlent et ce, le long de toute l'évolution de l'humanité, constitue pour l'homme son idéal même et le sens de son existence. C'est cette adoration qui se trouve être en outre la raison primordiale de l'établissement sur terre des deux créatures que sont les démons et les hommes et le motif même pour lequel l'homme a été élu par Dieu en tant que son vicaire sur la terre qu'il est appelé à mettre en valeur pour une existence paisible.
Cependant, la profusion des biens matériels que met Dieu à la disposition des hommes pour assurer leur existence selon le libre arbitre et la volonté dont Il les a dotés, amène certains parmi eux, dans la quête de ces biens, soit à l'abjuration de Dieu, soit à la déviation de la voie de la guidance.
Dans ces deux cas, ou bien l'être s'écarte complètement de sa nature consistant à rendre le culte à Dieu ou bien à appréhender le Créateur avec angoisse. Celui qui s'en écarte aura emprunté la voie de la mécréance at aura renié Dieu alors que celui qui l'appréhende avec angoisse aura accompli sa chute dans le gouffre de la désobéissance en dépit de la foi qui subsisterait éventuellement en lui.
Certes, la mécréance aussi bien que la désobéissance à Dieu rompent l'équilibre de l'existence humaine et donnent lieu à une vie sans stabilité, laquelle stabilité constitue le fondement même de la vie sociale.
Ces deux attitudes constituent des péchés et seront donc jugées le Jour de Jugement Dernier. Mais la mécréance ne saurait être excusée que si celui qui s'y sera engagé aura fait amende honorable en retrouvant, avant sa mort, la foi en Dieu et cela, grâce au Prophète (P.S) dont l'intercession lui évitera les pires souffrances et le châtiment express dans sa vie terrestre, car Dieu dit: «Mais Dieu se refuse de les châtier tant que tu (le prophète) habites avec eux». Quant à l'insoumis à Dieu, grâce à l'invocation que notre Prophète réserve en tant qu'intercession pour sa communauté, son anxiété et son affliction seront enfin apaisées, car Dieu acceptera alors l'entremise de son envoyé pour le pardon des péchés de sa 110n. Alors, ceux qui garderont dans le coeur le poids d'un grain de foi connaîtront les faveurs de Dieu qui les sauvera du feu de l'Enfer. Nous voyons ainsi que le Prophète (P.S) est une «clémence pour les univers» ici-bas et une magnanimité pour l'humanité entière dans l'au-delà.
Notre hadith est rapporté par une chaîne de garants ininterrompue jusqu'à l'éminente personnalité en matière de hadith Abu'Abdallah Mohammad Ibn Isma'il al Bukhari al Ju'fi qui dit: - Chapitre «Tout Prophète possède une invocation, d'après Isma'il, d'après Malik, d'après Ibn Abi al Zannad, d'après Al A'raj, d'après Abu Hurayra qui dit: - Le Prophète (P.S) a dit: «Tout prophète possède une invocation exaucée. Je réserve la mienne en tant qu'intercession pour ma communauté dans l'au-delà».
Dans sa présentation de ce hadith, l'Imam Bukhari apporte de nombreuses belles significations et vise des objectifs bien précis.
Ainsi, il a mis notre propos à la tête du «livre des invocations» et a recouru dans sa transmission et la classification adoptée pour ses chapitres à une méthodologie parfaitement agencée.
Le livre des invocations est suivi du livre «Demander la permission» qui comporte des chapitres présentant des voeux d'ordre matériel alors que les invocations abordent les souhaits d'ordres. Cette classification, on le voit bien, rejoint celle qui s'établit entre l'annexe et le fondamental, entre le caractère et la chose caractérisée.
Il est en outre rare que Bukhari ne consolide pas le titre de ses livres du corpus authentique par un ou plusieurs versets coraniques qu'il juge appropriés à son thème ainsi que par un autre hadith, une partie ou une citation entière d'un des compagnons du Prophète (P.S) ou de la génération des dévots. Le titre «Des invocations» est renforcé en l'occurrence par un verset coranique et est présenté de la manière suivante, d'après Abu Dharr, d'après ses trois maîtres al Mustamli, Al Sarkhissi et Al Kachmihini, d'après Al Farhari, d'après al Bukhari qui dit: - Au nom de Dieu le Clément, le Miséricordieux, «Livre des invocations» et les paroles où Dieu dit: «Votre Seigneur a dit: - invoquez-Moi et je vous exauce...»
En consolidant son titre par ce verset, Bukhari a voulu, à notre avis, montrer que l'invocation est un moyen qui nous fait parvenir au bien. En effet, tout ce qui pourrait survenir à l'être humain comme événements quels que soient le mouvement de ceux-ci et les causes qui les ont provoqués et mêmes ceux qui obéissent à des causes et des effets des plus évidents ou qui découlent de l'action humaine se détachent de leurs contingences par l'invocation. Dieu réalise ces événements pour exaucer le voeu de celui qui souhaite leur réalisation qui, elle, a lieu en dehors de toute cause. Souvent en effet, l'invocation sincère émanant du fond du coeur concrétise ce que ne parviennent pas à matérialiser mille efforts, mille tentatives et une volonté ferme.
Que de personne ici-bas, adressant à Dieu leurs voeux, parviennent à leur quête sans cause apparente et au moment où ils s'y attendent le moins! Que de souhaits l'invocation est en mesure de réaliser alors même qu'on serait bien pessimiste quant à leur concrétisation!
C'est bien sûr Bukhari qui suscite en nous pareil sentiment. Ainsi, il a commencé son «Livre des invocations» par le fait de se recommander à Dieu et par le repentir; puis il a réservé au premier deux chapitres dont il a titré l'un par «la meilleure manière de se recommander à Dieu» et l'autre par «Comment le Prophète (P.S) se recommandait à Dieu de jour et de nuit». Pour ce qui est du repentir, il lui a réservé un seul chapitre.
En adoptant ce procédé, Bukhari voudrait suggérer que le repentir et le fait de s'en remettre à Dieu sont des composantes de l'assistance divine et constituent les raisons essentielles pour que Dieu exauce nos voeux. Par conséquent, plus le croyant s'en remet à Dieu et revient à Lui pour l'invoquer, plus la réalisation du voeu qu'on Lui adresse s'en trouve renforcée, voire effective. Quant à ceux qui s'en détournent en alléguant que les phénomènes possèdent des causes et des effets, ils ne sont que des orgueilleux qui connaîtront la promesse que leur fait Dieu d'un destin affligeant, car le Très Haut a dit: «Ceux qui, par orgueil, refuseront de M'adorer, entreront dans la Géhenne couverts d'opprobre».
Après avoir renforcé son titre par ce verset coranique, Bukhari a réservé le hadith, objet de notre conférence, en tant que titre du premier chapitre: «Chaque prophète a une invocation exaucée». Les spécialistes du Sahih (corpus authentique) savent pertinemment que ses significations peuvent être déduites des têtes de chapitres. J'ajouterai quant à moi qu'il en est de même de toute la signification profonde de ce corpus.
Je retiens deux significations du fait d'opter pour ce hadith en tant que titre du premier chapitre: la première est que l'invocation exaucée concerne tous les prophètes et s'effectue ici-bas sauf pour le sceau des envoyés.
Dieu a ainsi prodigué à chacun de Ses messagers une invocation dont la réalisation est certaine, mais dans la vie terrestre uniquement. C'est que si ceux-là, tout comme le messager qui est venu clore le cycle du monothéisme, ont reçu la révélation, la guidance et la sanctification, ils ne sont pas pour autant pour partager avec lui l'universalité du message et la pérennité de celui-ci jusqu'au jour de la résurrection.
Leur mission en fait, se réduisait à leurs communautés et leur message s'arrêtait à leur époque. Partant, leur invocation exaucée ne pouvait dépasser le cadre de leur message et de leur mission pour qu'ils puissent utiliser cette prière ou bien à leur profit ou bien pour leurs peuples en tant que récompense ou châtiment selon le comportement de ceux-ci. Bukhari a donc, en titrant ainsi son chapitre, voulu signifier cette réalité ainsi que pour introduire ce qu'il juge primordial dans son texte, savoir que le Prophète (P.S) peut disposer de son invocation exaucée aussi bien ici-bas que dans l'au-delà.
Notre Prophète quant à Lui, dans sa haute sagesse, a préféré réserver son invocation au jour de la résurrection pour que ses bienfaits et sa clémence pour sa communauté se poursuivent dans une paix et une sécurité perpétuelles, car c'est lui qui a été élu par Dieu en tant que guide de l'humanité dans la voie de la guidance.
Le Prophète (P.S) a ainsi gardé les portes du repentir grandes ouvertes pour l'humanité en permettant aux croyants de recourir à l'invocation par laquelle la volonté se raffermit et l'espoir s'épanouit.
- La deuxième signification réside dans le fait qu'en titrant son Livre par «Les invocations», Bukhari les rassemble toutes afin d'indiquer qu'il abordera aussi celles qu'on connaît au Prophète (P.S) et qu'on retrouve d'ailleurs en tête de chapitres de son Livre, comme :
- Ce qu'il dit avant de dormir,
- L'invocation du milieu de la nuit,
- Ce qu'il dit au réveil...
Cependant, avant d'aborder ces chapitres, Bukhari a tenu à focaliser le hadith de l'invocation exaucée, car celle-ci est unique en son genre, et à en retenir la première proposition comme tête de chapitre pour nous prévenir que la plus considérable des invocations est bien celle où la personne est convaincue qu'elle parviendra à Dieu qui l'acceptera puisqu'Il l'a justement prodiguée à chacun de Ses envoyés et partant, à leurs peuples.
L'impact de cette invocation ne touche donc pas le prophète uniquement, mais l'ensemble des êtres humains, par elle ainsi que par la «prophétie», Dieu entend redresser les situations difficiles que peuvent vivre les gens et leur éviter la ruine et la disparition. L'invocation donc, ou bien elle apporte aux êtres humains le bien et le bonheur, ou bien elle combat, pour les anéantir, les facteurs du mal, ou bien encore, et c'est là une particularité propre au sceau des prophètes, pour venir au secours de l'humanité aussi bien sur terre que dans l'au-delà.
L'Iman ibn al Quayim a mis en lumière toute la sagesse qui réside dans la notion de prophétie et tous les bienfaits que celle-ci procure à l'humanité, dans son ouvrage «Mafatih Assa'ada» (les clés du bonheur). Il dit en l'occurrence : «Sans la prophétie, il n'y aurait dans le monde ni science bénéfique, ni action profitable, ni ordre dans la vie des gens, ils auraient vécu pareils à des animaux ou des fauves qui s'entre-dévorent mutuellement. Tout bien dans ce monde provient de la prophétie et tout ce qui arrive ou arrivera s'opère grâce aux secrets et aux enseignements de celle-ci sans laquelle le monde ne saurait avoir d'existence propre».
En réalité, chaque messager a été envoyé par Dieu en tant que clémence pour son peuple qui se retrouve ainsi délivré du mal, tant que bien sûr, il ne dévie pas de la voie que son prophète lui a tracée. Le monde est dans la nécessité que les ténèbres se dissipent et que la prophétie l'éclaire de ses lumières, surtout celle de notre Prophète parce que justement universelle. C'est par cette lumière que se réalise la concorde entre les gens et c'est là leur plus belle réussite et leur plus belle victoire.
La réussite, résidant dans la paix et la victoire, est celle que la personne remporte sur soi et sur ses mauvais instincts. Dieu dit en effet à propos de la prophétie:
«Car antérieure fut notre parole à l'intention des envoyés d'entre Nos adorateurs, à savoir qu'ils seraient eux les secourus et que Notre armée serait celle des vainqueurs».
Après avoir titré son chapitre premier par la première partie du hadith, Bukhari a rapporté celui-ci avec la chaîne de garants que nous avons exposée plus haut, puis il a indiqué une autre chaîne de garants qui fait que nous nous retrouvons en fait devant deux propos du Prophète.
Cependant, pour m'en tenir à mon plan, j'exposerai d'abord mon troisième volet pour apporter des éclaircissements sur la composition (logique et rhétorique) du hadith et son explication au niveau sémantique.
Ce hadith fait partie des plus concis et des plus denses en significations parmi les nombreux aphorismes du Prophète. Il utilise le discours informatif, sachant bien que ce genre est le plus productif dans le langage, le discours énonciatif lui, se ramifie par déviation, emprunt et subordi110n. L'Imam Sa'd Eddin Attaftazani, dans son «Muttawal», un commentaire du «Talkhisse», dit: «La plupart des formes langagières proviennent du discours informatif qui permet en effet une merveilleuse expressivité et qui nous fait recourir à un style où sont utilisés les modes de signification les plus sûrs et les procédés stylistique les plus systématiques. Les logiciens recourent à ce genre, qu'il soit verbal ou mental. Les noms qu'ils donnent à ses propositions diffèrent selon leur composition. Ainsi, si cette proposition n'est pas argumentée, elle sera dite «hypothèse», si par contre elle l'est, elle sera dite «requise», si elle constitue un terme du syllogisme, ce segment sera appelé «prémisse» et si c'est ce qui en découle, il sera dit «conclusion».
Notre hadith comporte deux proposition évidentes:
1- Chaque prophète a (pour lui) une invocation exaucée,
2- Moi, j'ai réservé la mienne en tant qu'intercession pour ma communauté dans l'au-delà.
Les deux énoncés apportent chacun une information, car le Prophète (P.S) est en train d'édifier les membres de sa communauté sur des dispositions qu'ils doivent déduire de son énoncé.
La norme à tirer du premier énoncé se fait par référence au fait que tout prophète possède une invocation exaucée.
La deuxième elle, découle de la volonté du Prophète (P.S) de réserver la sienne en tant qu'intercession.
Dans ces deux propositions, le message a lieu en dehors des contingences apparentes de sa composition, il se fait par proportions initiales et juxtaposées, car les compagnons du Prophète ignorent l'information apportée, les normes qu'elle sous entend ou du moins doutent quant à leur établissement.
C'est pourquoi d'ailleurs ces deux énoncés n'ont utilisé aucun moyen de renforcement de la norme. L'auteur du «Takhlisse» dit: «Lorsque la norme n'est pas encore connue ou qu'il y a doute quant à son établissement, elle n'a pas besoin d'un moyen l'affirmant».
Toute proposition -l'énonciation se faisant selon l'usage- nécessite la présence de deux syntagmes.
Dans les deux propositions du hadith, ces deux syntagmes sont un thème (mubtada) et un prédicat (khabar) dont la place dans la phrase est inhabituelle, car c'est le terme invocation qui est le thème et il est en outre indéterminé alors que l'usage veut qu'il soit déterminé, ce qu'on nomme devant être caractérisé et attesté aussi bien au niveau lexical que sémantique. C'est cette détermi110n du thème qui fait que ce dernier appelle un prédicat indéfini nécessairement, sinon il ne peut en compléter le sens. Dans son poème didactique, le grammairien Ibn Malik dit:
«Le prédicat est une partie qui complète le sens
Comme dans: [le] Dieu est bon, et, Ses bienfaits en sont témoins».
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