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Chaouia-Ourdigha: développement du semis direct ou le «zéro labour»

Le semis direct nommé aussi le «zéro labour» est une technique conçue surtout dans les régions arides pour préserver les sols des dégradations accrues dues à l'érosion et aux aléas climatiques devenus sévères. Cette technique est largement adoptée à trave

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En milieu semi-aride marocain, les techniques mécanisées de travail du sol ont montré leur limite pour la gestion durable de la ressource sol pour deux raisons : la maîtrise insuffisante de l'érosion et la déperdition du stock en matières organiques. en d'autres termes, ces techniques ne sont plus adaptées aux contraintes pédoclimatiques des zones arides et semi-arides.
Le labour conventionnel, plus particulièrement, engendre l'émiettement excessif, le tassement et le compactage, l'érosion, le ruissellement, l'appauvrissement et le dessaisissement des terres. Ce sont là les risques sérieux de détruire toutes les ressources naturelles déjà rarissimes et détériorées dans ces zones où le défi est double : améliorer les productions généralement maigres et en même temps sauver ce qui peut l'être de ces ressources.
En fait, les labours simplifiés, dites aussi de conservation, ne sont pas une idée d'aujourd'hui. Ils ont été pratiqués par les Egyptiens il y a 6.500 ans. Ces fellahs antiques avaient leur savoir-faire pour contrecarrer les problèmes environnementaux imminents. Aujourd'hui, ces mêmes problèmes sont accentués par nos façons et manières d'exploitation. En sus d'une utilisation excessive de la mécanisation agricole dans des terres déjà fragiles et surexploitées, on continue aussi à recourir à certaines pratiques néfastes comme le brûlage des résidus, le pâturage, etc.
Toutefois, des efforts considérables, certes insuffisants au regard de la situation dangereuse dans laquellee se trouvent nos terres, ont été entrepris pour promouvoir et encourager l'adoption d'une agriculture de conservation et favoriser l'émergence et l'enracinement de telles techniques qui protègent, respectent incontestablement la biodiversité naturelle, améliorent la fertilité des terres et stimulent la production.
Le Centre de recherche agronomique de Settat, qui coiffe la vaste région aride marocaine, est considéré aujourd'hui comme le creuset des technologies en matière d'aridoculture. Depuis sa création en 1980, il a érigé le travail du sol et l'étude de ses structures et de sa fertilité au premier rang. Les premières recherches sur le semoir direct ont commencé dans les stations expérimentales de Sidi El Aïdi (Chaouia) et de Jemaât Shaïm (Abda) par une équipe chevronnée de chercheurs dirigée par Dr Abderrahmane Bouzza, jadis le père du «zéro labour». Plusieurs résultats saillants ont été dégagés suite à des tests chez des agriculteurs des deux régions et sous diverses circonstances climatiques et qui affirment distinctement qu'on devrait valoir à cette machine un rang particulier dans notre agriculture pluviale.
Quoique peu nombreuses, les actions de développement et de dissémination de cette technique au Maroc font apparaître un impact inouï au sein des communautés ciblées. L'unique machine conçue par les chercheurs du Centre a pu réaliser des miracles chez les agriculteurs partenaires de la région par comparaison à leurs productions par le biais du labour conventionnel. Les effets de la sécheresse, l'état de nos terres et la cherté de l'installation des cultures par les travaux répétés ont confirmé une fois pour toute la primauté du semis direct par rapport au labour conventionnel.
Les premières rencontres méditerranéennes sur cette technique, organisées en concert par le Centre aridoculture, le «FERT» (ONG française de développement agricole et rural), l'ambassade de France au Maroc, ont inscrit un pas de géant dans ce sens. Les experts venus de partout ont présenté l'expérience de leurs pays respectifs sur la technologie du semis direct. L'expérience marocaine a été pleinement exposée par les différentes institutions scientifiques nationales. Les échanges d'expériences se sont organisées notamment autour des interrogations et l'analyse des limites techniques, économiques et humaines qui se dressent devant la généralisation de cette technique culturale.
Au niveau de la région de la Chaouia-Ouardigha, l'amorce d'une nouvelle orientation de développement agricole et rural est caractérisée par l'application de la convention-cadre signée lors d'une grandiose rencontre scientifique qui engage ladite région et le Centre de l'INRA à Settat à entreprendre une série d'actions de développement au bénéficie des agriculteurs régionaux. La première action entamée cette année concerne l'établissement de sites régionaux permanents du semis direct dans les provinces de Settat, Khouribga et Benslimane. La promotion de la technologie dans la région commencera à partir de ces sites qui joueront la plate-forme permanente d'une formation accentuée basée sur la participation effective des fellahs comme ils serviront de lieu de leurs rencontres. Ladite action va sans doute illuminer la route à d'autres actions permettant d'exploiter au maximum les potentialités réelles de notre milieu rural et valorisera les résultats de recherche finalisés mais encore peu exploités.
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