Benbarka, qui a le sens de l'humour évoque, avec le sourire, les souvenirs de sa carrière pour le moins hasardeuse. Rien ne le destinait au cinéma, et pourtant il est aujourd'hui le réalisateur marocain le plus connu.
Benbarka n'était jamais entré dans une salle de cinéma. A 18 ans, le hasard l'entraîne sur un tournage, quelque part en Italie. « Ce jour-là, mon bus a dévié de son parcours habituel. J'ai aperçu des projecteurs. Je suis descendu et ça a été le coup de foudre. Je suis resté toute la journée à observer cette ambiance particulière. C'était en fait le tournage de 8 1/2, de Fellini», se souvient -il.
Une passion est née et il décide de rattraper le temps perdu. Il entre dans une salle obscure pour la première fois à 20 ans. En deux ans, il va dévorer livres et magazines. Son argent file dans les séances de cinéma. «Je suis né à Tombouctou. Il n'y avait pas de salle de cinéma. Je n'ai donc jamais eu l'occasion de fréquenter les salles obscures. Quand, à 16 ans, je suis parti faire mes études à Rome, j'aurais pu y aller. Le cinéma ne m'intéressait pas. J'étais un scientifique et je me destinais à être pilote de ligne. Si mon bus n'avait pas pris un autre chemin, ce jour là, je n'aurais jamais été réalisateur, c'est sûr.»
Une carrière qui a souvent tenu à un fil. Alors qu'il était décidé à passer le concours d'une école de cinéma, Benbarka s'est trouvé à deux doigts d'abandonner. Il a entendu dire qu'il n'est pas possible d'intégrer l'école sans être licencié de lettre ou de philosophie.
Encore une fois, la chance fait qu'il tombe sur la biographie d'Eiseinstein et découvre que, lui aussi, avait fait des études scientifiques. Benbarka est remotivé.
Il intègre l'école. Il sera ensuite l'assistant de Pier Paolo Pasolini et de Valentino Orsini avant de voler de ses propres ailes. Il retourne au Maroc en 70. « C'est le seul pays où je pouvais réellement exercer mon métier. De plus, les sujets qui m'intéressaient concernaient la société et la politique de mon pays. Mais encore une fois, ma carrière a failli tourner court...» Son premier film, Les mille et une mains est projeté pour la première fois en Tunisie lors d'un festival. La salle, remplie au départ, se videra peu à peu. «A la fin, nous n'étions plus que trois, un critique français, Jean-Louis Bory, une femme bulgare et moi... Ça a été un choc et je suis rentré à l'hôtel dépité. J'étais déterminé à reprendre mon ancienne carrière de pilote de ligne. C'était devenu clair : le métier de réalisateur n'était pas pour moi.»
Les mille et une mains controversé
Une nouvelle fois, le destin va en décider autrement. Le soir même, Ben Barka se retrouve dans le même restaurant que le critique français et la femme bulgare. Tous deux viennent le voir. « La femme m'a tout de suite proposé d'acheter mon film pour 40 000 dollars. Il ne m'en avait coûté que 30 000. J'ai d'abord cru qu'elle était folle. Mais elle me l'a bien acheté. Le journaliste français, lui, m'a promis de me faire deux pages dans le Nouvel Observateur. Les choses se sont enchainées grâce à eux. Le film est sorti à Paris, a fait 60 000 entrées. Il a été vendu dans soixante pays et a eu un succès mondial.» Sa carrière était lancée... Pourtant, trois ans après, lors d'un festival à Bombay, Ben Barka revoit son film et sort avant la fin. « Je l'ai trouvé très mauvais. Je ne comprenais pas que les gens puissent le regarder jusqu'au bout. Je l'ai retiré de l'affiche et j'ai détruit les copies. J'ignorais qu'il en restait une à Alger et c'est pour cela qu'il a pu être diffusé pour le Festival des 3 Continents. Il est hors de question que j'aille le voir car c'est sûr, je l'interdirais de nouveau.»
60 ans : le début de l'excellence
Malgrè tous ces doutes, Ben Barka a continué sa carrière et est aujourd'hui le réalisateur marocain le plus connu. Il est aussi directeur du Centre Cinématographique Marocain. « Après trois ou quatre ans, je trouve mes films mauvais, c'est inévitable. Mon préféré est «Noces de sang». Je le trouve mauvais, mais c'est le moins mauvais parmi les mauvais... , de toute façon, ajoute-t-il, c'est à 60 ans qu'on commence à faire de bons films. C'est l'âge où la maturité est la plus grande. Et ça tombe bien, j'ai 60 ans.»
Benbarka n'était jamais entré dans une salle de cinéma. A 18 ans, le hasard l'entraîne sur un tournage, quelque part en Italie. « Ce jour-là, mon bus a dévié de son parcours habituel. J'ai aperçu des projecteurs. Je suis descendu et ça a été le coup de foudre. Je suis resté toute la journée à observer cette ambiance particulière. C'était en fait le tournage de 8 1/2, de Fellini», se souvient -il.
Une passion est née et il décide de rattraper le temps perdu. Il entre dans une salle obscure pour la première fois à 20 ans. En deux ans, il va dévorer livres et magazines. Son argent file dans les séances de cinéma. «Je suis né à Tombouctou. Il n'y avait pas de salle de cinéma. Je n'ai donc jamais eu l'occasion de fréquenter les salles obscures. Quand, à 16 ans, je suis parti faire mes études à Rome, j'aurais pu y aller. Le cinéma ne m'intéressait pas. J'étais un scientifique et je me destinais à être pilote de ligne. Si mon bus n'avait pas pris un autre chemin, ce jour là, je n'aurais jamais été réalisateur, c'est sûr.»
Une carrière qui a souvent tenu à un fil. Alors qu'il était décidé à passer le concours d'une école de cinéma, Benbarka s'est trouvé à deux doigts d'abandonner. Il a entendu dire qu'il n'est pas possible d'intégrer l'école sans être licencié de lettre ou de philosophie.
Encore une fois, la chance fait qu'il tombe sur la biographie d'Eiseinstein et découvre que, lui aussi, avait fait des études scientifiques. Benbarka est remotivé.
Il intègre l'école. Il sera ensuite l'assistant de Pier Paolo Pasolini et de Valentino Orsini avant de voler de ses propres ailes. Il retourne au Maroc en 70. « C'est le seul pays où je pouvais réellement exercer mon métier. De plus, les sujets qui m'intéressaient concernaient la société et la politique de mon pays. Mais encore une fois, ma carrière a failli tourner court...» Son premier film, Les mille et une mains est projeté pour la première fois en Tunisie lors d'un festival. La salle, remplie au départ, se videra peu à peu. «A la fin, nous n'étions plus que trois, un critique français, Jean-Louis Bory, une femme bulgare et moi... Ça a été un choc et je suis rentré à l'hôtel dépité. J'étais déterminé à reprendre mon ancienne carrière de pilote de ligne. C'était devenu clair : le métier de réalisateur n'était pas pour moi.»
Les mille et une mains controversé
Une nouvelle fois, le destin va en décider autrement. Le soir même, Ben Barka se retrouve dans le même restaurant que le critique français et la femme bulgare. Tous deux viennent le voir. « La femme m'a tout de suite proposé d'acheter mon film pour 40 000 dollars. Il ne m'en avait coûté que 30 000. J'ai d'abord cru qu'elle était folle. Mais elle me l'a bien acheté. Le journaliste français, lui, m'a promis de me faire deux pages dans le Nouvel Observateur. Les choses se sont enchainées grâce à eux. Le film est sorti à Paris, a fait 60 000 entrées. Il a été vendu dans soixante pays et a eu un succès mondial.» Sa carrière était lancée... Pourtant, trois ans après, lors d'un festival à Bombay, Ben Barka revoit son film et sort avant la fin. « Je l'ai trouvé très mauvais. Je ne comprenais pas que les gens puissent le regarder jusqu'au bout. Je l'ai retiré de l'affiche et j'ai détruit les copies. J'ignorais qu'il en restait une à Alger et c'est pour cela qu'il a pu être diffusé pour le Festival des 3 Continents. Il est hors de question que j'aille le voir car c'est sûr, je l'interdirais de nouveau.»
60 ans : le début de l'excellence
Malgrè tous ces doutes, Ben Barka a continué sa carrière et est aujourd'hui le réalisateur marocain le plus connu. Il est aussi directeur du Centre Cinématographique Marocain. « Après trois ou quatre ans, je trouve mes films mauvais, c'est inévitable. Mon préféré est «Noces de sang». Je le trouve mauvais, mais c'est le moins mauvais parmi les mauvais... , de toute façon, ajoute-t-il, c'est à 60 ans qu'on commence à faire de bons films. C'est l'âge où la maturité est la plus grande. Et ça tombe bien, j'ai 60 ans.»
