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Comment l'occupation du domaine public a condamné un centre commercial

La commune de Rabat-Hassan a fait construire le marché Akkari pour mettre un terme au problème de l'occupation du domaine public. Le marché qui compte 240 compartiments aura couté la somme de 350 millions de centimes.

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Il est équipé d'une toiture spéciale qui facilite l'aération et la pénétration de la lumière. Mais les marchands le désertent pour exposer leur marchandise sur la chaussée.
C'est une histoire singulière que celle du marché aux fruits et légumes de l'Akkari. Construit à grands frais pour régulariser ce commerce dans le quartier et offrir des espaces protégés aux commerçants, ce n'est pas pour autant que les marchands y exposent leurs marchandises. Depuis quelques temps déjà, les vendeurs exposent leur marchandise à l'extérieur, sur la chaussée, au lieu de le faire à l'intérieur du marché. L'aménagement de ce marché qui était censé mettre un peu d'ordre dans cette partie qu quartier Akkari aura coûté la somme de 350 millions de dirhams. Le phénomène de l'étalage sur la voie publique qu'on cherchait à endiguer n'a pas pour autant disparu et semble, au contraire, prendre de l'ampleur au fil des mois. A telle enseigne que les artères à côté du marché sont devenues carrément impraticables. La marchandise posée en vrac, notamment à partir de 16 h, encombre la voie publique et obtsruent le passage aux piétons et aux véhicules.
Mais pourquoi les vendeurs quittent le marché qui compte 240 compartiments, équipé d'une toiture spéciale qui facilite l'aération et la pénétration de la lumière, protège de la pluie pendant l'hiver? la réponse nous est apportée par ce vendeur de légume sexagénaire, l'air désabusé, il nous explique : " moi, j'étalais ma marchandise à l'intérieur du marché. Mais au fil des jours et des mois, des vendeurs venus je ne sais d'où ont commencé à exposer leurs marchandises à l'entrée du marché. Petit à petit on a été cerné. L'entrée étant devenue bouchée, les clients ont commencé à faire leurs achats sans se donner la peine d'entrer. on n'avait plus le choix nous aussi, on a sorti nos corbeilles pour les étaler sur la chaussée ; car on n'allait tout de même pas rester confiné à l'intérieur à attendre des clients qui ne viennent plus. "
Cette concurrence est d'autant plus déloyale que ceux qui se trouvent à l'intérieur sont tenus de verser le loyer des compartiments qu'ils occupent à la caisse de la commune, environ 265 DH/mois. Un autre marchand nous a affirmé " c'est injuste, nous qui sommes à l'intérieur on ne vend plus rien et on doit payer alors que ceux qui se trouvent à l'extérieur ne paye rien et ça marche pour eux comme sur des roulettes.
Il faut que l'autorité fasse régner l'ordre !". une femme âgée qui vend de la menthe nous prend à témoin : " regardez par vous même mon fils, la menthe s'est fanée. Personne n'entre ici. On étouffe. "
Bref le marché Akkari est pris en otage par des marchands ambulants qui, à en croire certains témoins sur place, ne sont même pas du quartier. Ils viennent des autres quartiers de la Capitale comme Yacoub Al Mansour et Takaddoum.
Les marchands disent qu'ils ne demandent que l'ordre et que si l'autorité était intransigeante avec tout le monde et empêchait tout le monde d'étaler à l'extérieur, le marché serait devenu un vrai centre commercial. De même qu'ils estiment qu'ils ont souvent " à choisir entre la peste et la choléra " : rester les bras croisés à l'intérieur ou sortir et s'exposer aux rafles des agents de l'autorité communale.
Pas loin que jeudi dernier, à la pointe du jour (vers cinq heures du matin), deux camions appartenant à l'autorité locale du quartier Akkari ont raflé des dizaines de corbeilles de fruits et légumes qui se trouvaient étalées sur la chaussée à l'extérieur du marché. Le premier camion, plein à craquer, est parti à destination d'un orphelinat, selon les ouï-dire. Mais le deuxième a été empêché de circuler par les propriétaires de la marchandise qui lui ont barré le passage et sont parvenues à décharger leurs corbeilles. Le problème de l'étalage sur la voie publique que soulève le marché des fruits et légumes de l'Akkari n'est pas l'apanage du marché du seul quartier Akkari.
Il touche pratiquement tous les marchés des quartiers populaires de Rabat-Salé. Il suffit d'aller faire un tour à kariat Ouled Moussa ( Sala al Jadida), Souk El kelb (Sala al Madina), takkadoum ( Youssoufia) … pour toucher du doigt un phénomène qui rend inutiles des investissments aussi importants que celui du marché de l'Akkari.

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