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Des signes et des symboles

Deux nouvelles nous sont parvenues cette semaine, pour mettre quelque baume sur nos cœurs meurtris par tous ces actes de génocide perpétrés par le boucher Sharon et son équipe à l'encontre d'une population faible et sans moyens de défense - les martyrs p

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La première est la décision de S.M. le Roi Mohammed VI d'annuler les festivités prévues cette semaine pour la célébration de son mariage.
La deuxième , ce sont tous les actes et manifestations de solidarité avec le peuple palestinien frère, tant au Maroc qu'à l'étranger.
En réduisant au strict minimum les festivités de son mariage, S.M. le Roi a fait preuve - si besoin en était-d'une grande maturité politique pleine de sens et de symboles.
Tout d'abord sur le plan religieux et spirituel. Par ce geste, S.M. le Roi tient à rappeler - en tant qu'Amir Al Mouminine - la place que doit occuper Al Qods dans le cœur et les préoccupations de tous les Musulmans, quel que soit le lieu où ils se trouvent. C'est une réponse directe à tous ceux qui veulent réduire la Palestine à une simple région ou foyer de tension entre Israéliens et Palestiniens.
Al Qods appartient à tous les Musulmans sans exclusive.
Al Qods - faut-il le rappeler - est la 1ère quebla pour les prières, et le 3ème lieu saint après Médine et la Mecque. Par ce geste symbolique, S.M le Roi nous interpelle, nous Marocains en particulier et tous les Musulmans en général, à réétudier notre Histoire musulmane, quelque quatorze siècles auparavant. Les Marocains ont toujours manifesté une présence permanente dans cette région du Proche-Orient. Et ce, depuis la reconquête et l'entrée triomphale par Omar El Khattab, à Al Qods , cinq années après la mort du Prophète Sidi Mohammed, soit l'an 15 après l'Hégire (635).
Au fil des temps une forte communauté marocaine, évaluée à près de 800 personnes, s'était installée à Al Qods, respectant leurs propres traditions marocaines, et pratiquant le rite malékite : occupant toute une partie de la Ville Sainte, appelée «quartier des Marocains», au point qu'on dénombrait quelque 245 immeubles et plus de 730 maisons, et deux mosquées et plusieurs Zaouias, dont la plus célèbre, est la Zaouia de Sidi Abderrahmane Ben Médiane, fils de Sidi Médiane Al Ghaout.
La ville d'Al Qods autant que cette forte communauté marocaine, ont toujours bénéficié de la protection et la sollicitude des Rois du Maroc. Nous citerons en particulier le Roi Moulay Abdallah Alaoui qui avait offert plusieurs ouvrages et manuscrits à la bibliothèque de la ville, ainsi que 25 Corans écrits à la main, selon la calligraphie marocaine, et plusieurs manuscrits et ouvrages scientifiques de référence.

Subvenir aux besoins

La Princesse Lalla Khnata, épouse du Roi Moulay Ismaël, qui avait acquis, vers la fin du XVIIe siècle un certain nombre de biens immobiliers et dont les revenus étaient totalement reversés au bénéfice des Marocains nécessiteux d'Al Qods. Le Roi Abou Al Hassan Al Marini (1331-1351), dépensa quelque 16500 dinars en or pour l'acquisition de biens pour subvenir aux besoins de cette importante communauté marocaine, et au courant de l'an 745 de l'Hégire il offrit à la mosquée d'Al Aqsa, un Coran écrit entièrement de sa main et couvert d'une parure en or. Ce chef-d'œuvre resta exposé au musée d'Al Aqsa, jusqu'à l'invasion de Jérusalem par les troupes israéliennes lors de la Guerre de juin 1967. Enfin nous citerons également l'appel de détresse lancé ves 1180 (fin du 6e siècle de l'Hégire) , par le grand Salah Eddine Al Ayyubi (Saladin 1138-1193), qui était d'origine kurde et non arabe, mais profondément Musulman, à un autre Musulman, se trouvant au Maghreb, Yaacoub Al Mansour, pour libérer la Palestine de la tyrannie des Croisés. Celui-ci arma une flotte composée de près de 180 navires, avec des soldats, techniciens, experts, nourriture et armement. La victoire fut totale et rapide. Le 4 juillet 1187, Salah Eddine Ayyubi triomphe des Francs à la bataille de Hattin, et entre en Galilée, et le 2 octobre s'empare de Jérusalem.
Ce lien entre le Maghreb et le Machrek se trouve matérialisé, en toute logique, par le Comité Al Qods, que le Maroc continue à présider, en la personne de son Auguste Roi.
S.M. le Roi , en sa qualité de Président du comité Al Qods, (Comité qui s'était constitué au Maroc à Fès en 1974, à l ‘initiative de Feu S.M. le Roi Hassan II), déploie une intense activité diplomatique pour la cause palestinienne. Après des contacts avec tous les hauts responsables des pays influents , le voilà qu'il s'apprête à se déplacer en personne à Washington pour y rencontrer le Président G.W. Bush.
Tous ces signaux nous interpellent à plus de solidarité à l'égard du peuple palestinien, qui ne lui reste plus que sa foi en sa cause juste pour résister face au silence collectif et contre la «conspiration internationale du génocide». Ils s'adressent à tous les Marocains en faveur de la cause palestinienne en général et la question d'Al Qods en particulier. Chacun peut mener ce «jihade» selon ses moyens et possibilités. Car le Jihad dans l'Islam ne se limite pas, au sens tricto facto du terme, à la lutte armée, mais le Jihad peut revêtir diverses formes. Il peut être matérialisé par de longues prières dans les mosquées et les chaumières, par des écrits pour dénoncer ces crimes barbares et dont les cadavres hantent nos mémoires tous les soirs, par des manifestations pour sensibiliser et mobiliser l'opinion et les organisations internationales, et enfin et surtout pour apporter sa contribution matérielle à cette cause. N'oublions pas que les petits orphelins palestiniens sont les pupitres de la Oumma musulmane toute entière.
Aujourd'hui, plus que jamais, la Nation arabo-musulmane est appelée à se souder autour de ce symbole et facteur d'unité qu'est la question palestinienne, face à la conspiration américano-israélienne, avec la complicité bienveillante d'une Europe affaiblie, qui n'est l'ombre que d'elle-même, et par ce silence ou inertie des organisations internationales, qui, en d'autres circonstances , sont bien promptes à réagir, du moins à témoigner ou dénoncer.

Profanation systématique

Bizarrement, l'UNESCO est restée muette sur la destruction systématique et organisée de tous les vestiges de l'Histoire musulmane dans cette région, en particulier la destruction de la majeure partie du «quartier des Marocains» après la guerre des «six jours», la destruction du grand musée d'Al Qods et tout ce qu'il contenait comme manuscrits et ouvrages de référence, à la manière des milices nazies brûlants tout livre ne reflétant pas la pensée du Führer , l'usurpation de ce que les Israéliens appellent «le mur des lamentations» , alors qu'il représente un symbole sacré pour les Musulmans, et qu'il fait partie intégrante de la grande mosquée Al Aqsa , puisque c'est à partir de cet endroit que notre Prophète, Sidna Mohammed, monta au ciel pour y recevoir les Commandements de Dieu, enfin les profanations systématiques de tous les lieux de culte, aussi bien musulmans que chrétiens, alors que le grand khalife Omar, au zénith de sa popularité et de sa puissance, n'avait pas osé, en recevant la reddition du Général - Gouverneur romain Socranius de pénétrer dans l'église, et avait préféré faire sa prière à l'extérieur, près du Dôme du Rocher sacré, faisant preuve en cela de respect et de tolérance, et surtout pour ne pas servir d'alibi à tout fanatique qui voudrait transformer ce lieu de culte chrétien en un lieu de culte musulman. L'historiographie tant musulmane qu'occidentale, a immortalisé le Calif Omar et plus tard Salah Eddine Ayyubi, comme de véritables modèles de vertu chevaleresque, fidèles par leurs actes aux principes de base de notre relition, qu'est l'Islam, basée sur la justice, la tolérance, l'indulgence et l'acceptation de l'Autre ! Notre humanité accuse aujourd'hui plus de 14 siècles de barbarie et de féodalisme !
Mais comment ne pas être choqué par le silence complice de cette institution, qui se veut le garant de tout le patrimoine de l'humanité, devant la destruction de la plus vieille ville du monde qu'est Naplouse, déjà capitale au temps de David et Salomon, il y a plus de 5000 ans de cela !
Mais par ces actes de vandalisme, Sharon a subitement ôté, malgré lui, au conflit du Proche Orient la dimension trop restreinte «Palestiniens contre Juifs», ou même «Arabes contre Juifs», dans lequel il s'était ingénué à vouloir le cantonner , en lui donnant une dimension quasiment internationale, voire universelle.
Aujourd'hui c'est l'humanité toute entière qui est contre Sharon et sa politique d'expansionnisme et d'extermination du peuple palestinien et de destruction délibérée des vestiges de l'Histoire de l'Humanité. L'ampleur des manifestations de soutien au peuple Palestinien et de protestation contre cette tentative de son extermination, montre de façon indiscutable qui est le bourreau et qui sont les victimes.
Pire, aujourd'hui c'est «Sharon contre Sharon», mais Sharon c'est Israël.
Alors les Israéliens feraient mieux d'ouvrir les yeux sur leur véritable ennemi, car un autre Sharon du XXe siècle, A. Hitler, avait réussi à endoctriner son peuple.
Tout le monde connaît la suite des événements.
NB : Ma reconnaissance et mes vifs remerciements s'adressent au Grand Maître du soufisme et Imam de Zaouia Alaoui de Casablanca, Sheikh Sidi Hadj Mansour, qui, grâce à ses indications historiques, son attachement et son amour indéfectible d'Al Qods, qu'il a su communiquer avec passion, ferveur et sincérité, en un mot, sans ce grand Maître, cet article n'aurait sans doute pas pu voir le jour.

*Economiste consultant international
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