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Ecole: punir n'est pas synonyme d'éduquer

Qui aime bien châtie bien ! Le dicton ne doit pas avoir droit de cité, précisément à l'école. Car rien ne justifie que l'on fasse de la punition corporelle, un moyen d'éduquer et de corriger.
Or la violence à l'école est en train de prendre de l'ampleu

Ecole: punir n'est pas synonyme d'éduquer
A l'initiative de l'UNICEF-Maroc, l'association Atfal, le Centre Pédagogique Régional et le Centre de Formation des Institutrices et instituteurs de Tanger, une conférence-débat s'est tenue dans la ville du Détroit, sur la violence à l'école. Cette rencontre a permis non seulement de mettre en évidence l'ampleur du phénomène mais aussi de prospecter les mesures à même de permettre d'éradiquer cette pratique ou du moins de limiter son ampleur dans l'immédiat.
D'emblée, les différentes interventions ont confirmé l'ancrage de la violence exercée par le corps enseignant sur les élèves.
De nombreux observateurs, notamment des acteurs de la société civile, y trouvent même une des plaies majeures du système éducatif national. Si au sein des établissements scolaires publics le châtiment est plus manifeste et répandu, le privé n'y échappe pas non plus. Pourtant, au vu de la loi, de telles pratiques sont illégales voire répréhensibles. En effet, la Charte nationale de l'éducation et de la formation protège les élèves contre les mauvais traitements. Mieux encore, la circulaire ministérielle N°807 du 23/09/99 va jusqu'à la condamnation de l'usage de la violence physique et psychologique sur les élèves.
Malgré cette réglementation claire, les enfants continuent à subir des châtiments en classe.
Les quelques chiffres exposés par la présidente de l'Association «Atfal» laissent ressortir que 85% des 120 élèves sondés, dans le cadre d'une enquête de l'association, déclarent avoir été victimes de punitions corporelles de la part de leurs éducateurs.
Il s'avère aussi que certains instituteurs n'arrivent toujours pas à considérer l'acte d'éduquer sans se référer à la punition comme élément «pédagogiquement» bénéfique. Ils sont encouragés en cela par certains parents qui cautionnent cette violence.
Le corps éducateur perpétue, à tort, ces pratiques dont il attribue les raisons à «l'angoisse» et au «stress» dans 87,7% des cas, selon les résultats d'enquêtes menées au niveau des établissements de la délégation du ministère de l'Education Nationale de Tanger-Assilah et dont l'agence MAP s'est fait l‘écho. Selon la même étude, «97,5% des élèves interrogés admettent que l'école est affectée par des actes de violence».
Or, compte tenu de ses incidences fortement néfastes, la violence corporelle sur les élèves est à bannir impérativement du système scolaire. Il y va de la santé physique et de l'équilibre psychologique de l'élève.
En plus, ce phénomène peut se révéler un frein important à la généralisation de la scolarisation dans notre pays. Les spécialistes admettent unanimement que les élèves maltraités en classe sont plus exposés à rejeter le système scolaire. C'est au sein de cette catégorie que les déperditions sont plus enregistrées.
Il s'agit donc de pratiques qui paraissent anodines, ou plutôt salutaire, mais qui ne peuvent, au contraire, que saper ou, tout au moins, ralentir les efforts fournis en vue de la généralisation de la scolarisation. Ceci étant, les spécialistes insistent sur la nécessité d'établir un climat de dialogue au sein de la classe. Le rapport entre l'éducateur et l'élève est appelé à s'appuyer d'avantage sur la communication et la compréhension.
Dans ce sens, l'expérience étrangère peut enrichir la réflexion autour des mécanismes de lutte contre cette violence. Outre la sensibilisation du corps enseignant aux méfaits de la punition, l'exemple qui se démarque est sans doute celui initié en Belgique et qui consiste en la mise en place au sein de l'école d'un système de «médiation scolaire».
Les attributions de cette structure dépassent le problème de la violence puisqu'elles se sont attachées en plus à remédier au décrochage scolaire. La fonction de médiateur (scolaire) consiste pour l'essentiel à détecter et à prévenir les mécanismes d'absentéisme, de décrochage et de violence. Pour ce faire, il centralise les données relatives à ces phénomènes. Le médiateur intervient à la demande d'un élève, d'un enseignant, de la direction et des parents qui s'adressent à lui. Il n'est ni un enseignant, ni un éducateur, ni un assistant social mais il est un agent de liaison, un «facilitateur» de communication, un agent de changement. Il évitera le piège de la fonction administrative et/ou disciplinaire. Les résultats probants de cette initiative militeraient en faveur de la mise en place d'un système pareil ou proche dans nos écoles.
En définitive, l'ampleur du phénomène chez nous appelle à une mobilisation totale en faveur de son éradication. Ceci devra passer, d'abord par le renforcement de la réflexion autour de la question. L'implication de tous les intervenants est donc recommandée.
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