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Entretien avec Rachid El Ouali

Il y a quelques années c'était encore un jeune premier qui monte et qui avait su se distinguer par son talent et ses prestations sur le petit et grand écran. Aujourd'hui, Rachid El Ouali est une valeur sûre qui a occupé de nombreuses têtes d'affiche dans

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Rachid El Ouali, vous avez commencé par le cinéma en passant par la télévision, sans oublier le théâtre. Mais, comment êtes-vous arrivé dans le domaine de l'art dramatique?
C'est tout à fait par hasard que je me suis retrouvé dans ce domaine. En effet, j'avais des amis qui avaient passé en 1983 le concours d'entrée à l'école d'art dramatique du Théâtre national, à l'époque l'ISADAC n'existait pas encore. Comme ils n'avaient pas réussi la première fois, il m'avait demandé de les accompagner pour le repasser. Chose que j'ai faite sans penser me présenter moi-même. Une fois sur place, on m'a quand même convaincu de remplir le formulaire, et je me suis retrouvé avec un texte que j'ai dû préparer pendant une semaine avant de revenir passer le concours. Une semaine plus tard je suis revenu chercher les résultats de mes amis, mais, ils n'avaient malheureusement pas eu plus de chance qu'ils n'en ont eu la première fois. J'allais repartir avec cette mauvaise nouvelle avant de me rappeler que j'avais aussi passé le concours et j'étais très surpris de voir mon nom sur la liste de ceux qui l'ont décroché. Après, la suite est plus logique. Je me suis inscrit aux cours du soir du Théâtre national, et une fois que j'ai décroché mon baccalauréat, les choses étaient devenues plus claires dans ma tête. J'ai alors choisi le domaine de l'art dramatique et du théâtre.
Selon vous, à quel point une formation théorique peut-elle être importante dans la carrière d'un acteur ?
Même si une personne a du talent et un don du ciel, elle a besoin d'apprendre les règles du métier et de l'art, et cela ne peut se faire autrement qu'à travers une formation théorique. Prenez l'exemple des professionnels de la halka. Ces conteurs d'histoires sont les meilleurs dans le domaine, mais, il leur manque quand même le côté scientifique et la touche académique. Sans une formation en bonne et due forme, un acteur saura difficilement faire la différence dans un texte entre le premier et le deuxième degré. Il aura plus de mal à analyser et comprendre le langage que lui tient son metteur en scène, et gérer son expression corporelle… Le théâtre ou le cinéma tiennent, certes, beaucoup du talent et de la passion, mais on a besoin de beaucoup de courage et de persévérance pour percer dans le domaine. Le succès ne vient pas qu'avec de la chance, il faut beaucoup de travail aussi.
Si vous devez faire une comparaison entre l'ancienne et la nouvelle génération d'acteurs, que pourriez-vous retenir ?
Les jeunes ont certainement plus de chance que l'ancienne génération d'acteurs. Nous avons aujourd'hui plus de productions nationales, une reconnaissance du public pour notre métier d'acteur, un institut spécialisé et des cours d'art dramatiques plus qu'avant… Or, les comédiens d'avant n'avaient pas tous ces moyens. Prenons l'exemple d'Ahmed Taïb Laâlej, c'est un autodidacte et ancien menuisier qui s'est formé sur le tas. Autrefois, les acteurs avaient beaucoup moins de marges de manœuvre, et comptaient plus sur leur talent et expérience acquise sur le terrain au fil des ans.
Qu'auriez-vous à donner comme conseils aux jeunes qui voudront emprunter le même parcours que vous ?
Je leur dis que le domaine de l'art dramatique est un domaine extraordinaire. Il faut surtout garder en tête le fait qu'il y a encore beaucoup à faire au Maroc. Il ne faut pas penser que pour faire carrière il faut aller en France, en Egypte ou ailleurs. Quand le terrain est vierge, une bonne graine a toutes ses chances de grandir et de s'épanouir. C'est le cas dans notre pays et c'est plutôt une chance. Par contre, il faut que nos jeunes sachent qu'ils ne doivent pas être attirés que par les lumières et le vedettariat. Les choses ne sont pas toujours ce qu'on pense. Pour arriver là où sont leurs idoles aujourd'hui, ces graines d'acteurs de demain devront s'investir totalement et s'attendre à de longues journées et nuits de travail pour mériter la confiance du public et son estime.
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