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Ethique, mondialisation et spiritualité

Dans le sillage des rendez-vous internationaux de Davos et de Porto-Allegre, les «Rencontres de Fès», initiées depuis l'année dernière, se veulent, un point d'échange, de réflexion et de partage entre des penseurs, des philosophes et des hommes de terrain

Ethique, mondialisation et spiritualité
La mondialisation est une réalité inquiétante, car elle est au cœur d'un ensemble d'interrogations que toutes les nations - et pas seulement les plus pauvres - sont appelées à connaître. Elle suscite de multiples craintes car elle implique la construction d'un espace mondial unique, qui fait de l'homogénéisation son mot-clef et du capital sa raison d'être. Mais, en contrepartie, ce mouvement a provoqué la naissance au sein des espaces locaux de forces de réactions, qui se basent sur l'hétérogénéité et la différenciation. C'est ce qui se passe actuellement à Porto-Allegre où les tenants de l'anti-mondialisation révèlent au grand jour leur refus du triomphe effréné de l'économie de marché. «Si la mondialisation n'est pas systématiquement synonyme d'»horreur économique», écrit Viviane Forrester dans un livre au titre homonyme, elle ne pourra concourir au bonheur que si l'homme, responsable et libre y joue un rôle majeur». Et de ce fait, la mondialisation sauvage, sans aucune éthique s'apparente au chaos.
Les espoirs et hantises que suscite la mondialisation s'accompagnent aujourd'hui d'initiatives qui permettront de réduire les craintes d'une course économique folle, sans éthique.

La quête des sens et de l'identité


«Une âme pour la mondialisation : les voies de la sagesse» est le thème choisi par le Dr. Faouzi Skalli pour la deuxième édition des «Rencontre de Fès» qui se déroulent parallèlement à la tenue du Festival des Musiques sacrées.Ce rendez-vous vient à point nommée pour poser des questionnements d'une grande actualité. Il permettra aux intervenants et aux participants d'échanger leurs expériences et leurs points de vue pendant cinq jours sur les questions suivantes :
- Comment la mondialisation peut-elle se mettre au service de l'homme global, dans sa dimension matérielle et spirituelle ?
- Comment ceux qui ont emprunté les chemins de sagesse peuvent-ils nous éclairer sur une économie plus humaine ?
- Comment concilier l'amour inconditionnel du prochain et la logique économique ?
La culture actuelle se renouvelle à cause de la mondialisation et de l'apport de nombreuses personnes qui viennent «d'ailleurs». Notre époque est ainsi marquée par une quête : quête pour ne pas étouffer dans le matérialisme et pour ne pas perdre son identité.
«La pluralité des systèmes de valeurs (liés aux différentes cultures et civilisations), voire, si nous suivons Max Weber, leur irréductibilité foncière, ne nous empêche en rien de concevoir et promouvoir, dans ce contexte de «mondialisation» une culture de dialogue, de l'échange, de l'enrichissement mutuel, écrit Faouzi Skalli, directeur des Rencontres de Fès, dans sa note de présentation de cet évènement. Une culture qui accepte les différences tout en promouvant, avant tout par la connaissance, le respect et la considération de l'autre. Une culture dynamique qui ne considère pas les cultures comme des systèmes figés mais capables d'échanges, de transformation et de remise en cause. Une telle culture pourra participer à l'émergence d'une vision plus globale de l'homme, où les logiques économiques et les finalités spirituelles ne sont pas nécessairement exclusives ou antinomiques».

Un monde convivial


La question du sens des sociétés et de l'aventure humaine est de ce fait essentielle et la spiritualité sous ses multiples formes, confère une dimension majeure aux êtres humains et à leur développement. L'humanité est confrontée à des défis communs et à une profonde crise du sens. C'est pourquoi, les tenants de la mondialisation, se doivent d'appeler au dialogue entre les religions et les philosophies des différentes traditions non seulement dans l'espoir de dégager une vérité universelle mais aussi dans celui d'aboutir à un accord sur des principes communs pour gérer demain la planète ensemble.
L'homme est ainsi fait qu'il ne peut accéder au sens de sa vie naturelle et surnaturelle qu'à travers des ancrages spatiaux et temporels. La mondialisation qui déréglemente le temps et l'espace tend à dissoudre ces ancrages. Son corollaire, la globalisation, consiste à nier la subsidiarité et accentue dangereusement les inégalités en favorisant la «concentration oligarchisante» des entreprises.
Pour rendre la mondialisation de l'économie de marché supportable, il faut avoir foi dans son prochain, se conduire avec une certaine forme d'ascèse car il n'est de richesses que d'hommes. Ces pistes de réflexion choisies par toutes les personnalités qui effectueront le déplacement à Fès permettront de bâtir un monde plus convivial.
Que ce soit sur le plan religieux ou profane, comme sur le plan de notre vie quotidienne, il devient impératif de réaliser ce difficile équilibre éthique, dans un «monde-village» où les influences se mélangent. Les hommes se doivent d'approfondir leur identité tout en cherchant à mieux connaître l'autre. Ce sont là les premiers pas nécessaires, de chacun, pour garder non seulement la foi et l'espérance nécessaire à toute avancée humaine, mais aussi et surtout pour réussir la mondialisation, sans perdre son âme.
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