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Formation au métier d'acteur: l'ingénierie de la culture est en panne

Pour suivre une formation d'art dramatique, les jeunes
acteurs ont plus de chances que leurs aïeux. Toutefois, il reste encore du chemin à faire. En plus des quelques initiatives privées mises en place par des
professionnels, seul l'Institut Supér

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Entre ceux qui suivent une formation d'art dramatique et changent de carrière après et ceux qui percent dans le domaine sans passer par les bancs de l'ISADAC, il est difficile de répondre à la question suivante : jusqu'où une formation académique peut-elle aider à la découverte et formation de jeunes talents ?
«Depuis la création de l'Institut en 1986, nous avons formé près de 108 comédiens, 49 animateurs culturels et 25 scénographes. Certes c'est peu, mais nous sommes quand même fiers ce que nous avons entrepris avec le peu de moyens que nous avons à notre disposition. Notre Institut offre quatre ans de formation, avec des journées d'études de près de dix heures. Pour le programme de la première année, nous proposons entre autres des cours en diction, histoire de l'art, expression corporelle, dramaturgie, histoire du théâtre... Alors je vous laisse imaginer à quel point cette formation peut être bénéfique pour un futur acteur par exemple », explique M. Mohamed Bobbo, secrétaire générale de l'ISADAC.Cet établissement supérieur, l'unique en son genre au Maroc, souffre d'un manque flagrant d'infrastructures. Pas de local fixe, juste un couloir prêté par le Théâtre national à Rabat et quelques salles aux Oudayas. Même pas une salle de théâtre. Le comble pour un institut supérieur d'art dramatique chargé de former nos futures stars. C'est aussi pourquoi il est plus facile pour les amateurs de l'art dramatique de se diriger vers des formations de courtes durées, question d'en apprendre un minimum sur le domaine, encadrés par des professeurs ou comédiens dans le cadre d'initiatives privées.
Sinon, il faut se jeter à l'eau et relever le défi d'apprendre sur le tas, avec toutes les difficultés qui peuvent se présenter. « Nous avons parfois des jeunes talents qu'on remarque l'espace d'une production mais qu'on ne revoit plus après. Pourtant, tout le monde sait que pour percer, il faut travailler et surtout ne pas baisser les bras facilement», nous confie le comédien Rachid El Ouali.
Ainsi, concrètement, pour devenir acteur au Maroc, trois possibilités s'offrent au candidat. Apprendre sur le terrain en réussissant à se trouver de temps à autre, une petite place dans les tournages, suivre la formation de l'ISADAC durant quatre ans sans aucune garantie d'embauche pour autant ou alors suivre quelques cours par ci et par là, afin d'acquérir un minimum de formation théorique avant d'entrer sur le terrain. «L'Institut assure la formation, mais il n'assure pas l'embauche. À titre d'exemple, en plus de nos lauréats qui ont percé dans le domaine de l'art, d'autres travaillent aujourd'hui dans des administrations, dans des collectivités locales ou encore dans différentes composantes de la société civile. Il y en a aussi qui sont au chômage. D'un autre côté, on retrouve plusieurs autres qui ont fait carrière dans d'autres pays comme le Japon, le Canada, l'Egypte ou la France… pour ne citer que ces pays... Nous en avons aussi qui ont trouvé un emploi en tant que professeurs d'art dramatique en Espagne », ajoute M. Bobbo.
Dans le secteur public, seul l'ISADAC est habilité à fournir un diplôme au bout de quatre ans d'études. Pour y avoir accès, le postulant devrait être titulaire d'un Baccalauréat (tous types), et passer un concours en trois étapes. Un premier entretien avec le comité d'enseignants sert à évaluer la motivation et la passion du candidat pour les arts dramatiques. Une deuxième épreuve, écrite cette fois, le questionnera sur sa culture générale et ses acquis scolaires. La dernière étape, consiste quant à elle en des ateliers de travail de deux à trois jours, qui permettront de filtrer les derniers candidats. Seule une vingtaine de lauréats sort de l'Institut chaque année. Le concours a lieu chaque année en septembre, ayant toutefois été arrêté pendant deux ans, avant de reprendre en 2001.
Les candidats admis ont alors le choix entre trois spécialisations.
Trois spécialisations

À savoir : l'interprétation, la scénographie ou alors l'animation culturelle. Cette dernière discipline a été supprimée par le ministère de tutelle, sachant que des facultés de Lettres continuent de proposer l'animation culturelle comme filière. « L'ISADAC a formé une quarantaine d'animateurs culturels. Mais lorsque l'on sait qu'il y a un besoin de 1000 animateurs sur le marché, on a vite fait de constater que c'est toute
l'ingénierie de la culture qui est ainsi mise en panne. Un animateur culturel c'est le trait d'union entre un produit culturel et un public ciblé», remarque M. Babbo. Des établissements indépendants offrent aussi des formations de durées différentes pour les amateurs d'art dramatiques, ceux qui veulent s'initier au métier d'acteur, ou ceux qui veulent simplement se préparer au concours d'entrée à l'ISADAC.
L'École de l'acteur de Rabat constitue l'une de ces initiatives privées. Elle réunit des professionnels confirmés, bénéficiant d'une grande expérience au théâtre, au cinéma et à la télévision. L'Ecole délivre à la fin du cursus un certificat de fin d'études aux lauréats. Créée par la Compagnie de théâtre française Puzzle-Centre, l'École de l'acteur de Rabat a vu le jour en octobre 2000 au Théâtre National Mohammed V de Rabat.
Travaillant sur le travail du corps, l'improvisation, le travail de scènes et le travail devant la caméra, les professeurs de cette école tentent d'apporter une formation pratique à tous ceux qui désirent se diriger vers une carrière d'acteur, ceux qui se préparent aux castings et auditions, tout en offrant une bonne initiation au théâtre pour ceux qui cherchent un simple développement personnel via la pratique de cette passion. Les cours se déroulent du mois d'octobre au mois de mai de chaque année, les mardi, jeudis et week-end. L'inscription se fait par le paiement d'une carte d'adhésion qui donne accès à 16 cases (une case = 3 heures de cours), pour mille huit cent dirhams. En somme, l'art est certes passion, mais une formation sur les bancs d'une école aura toujours le mérite d'affiner les talents et d'apporter un supplément de connaissance là ou les mérites innés ont besoin d'être secondés. Toutefois, l'état de l'unique institut public habilité pour offrir une formation supérieure dans le domaine mérite réflexion. La lutte contre la discrimination de l'art devrait commencer par là.
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