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Gri-gri pour l'attaque, gri-gri pour la défense

Un match de football en Afrique ne peut pas se jouer sans gris-gris, ces amulettes supposées capables de changer le cours d'une rencontre, et la 23e Coupe d'Afrique des Nations (CAN-2002) n'échappe pas à la règle.

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Dès l'arrivée des premières équipes à l'aéroport de Bamako, l'alerte est donnée. «C'est sûr qu'il y a des gris-gris dans ces bagages», plaisante un policier.
Puis vient le match d'ouverture, Mali-Liberia (19 janvier, 1-1).
L'équipe libérienne quitte son hôtel pour le stade. Un portier est formel.
«J'ai vu un crâne d'animal avec des plumes d'oiseau dans les mains d'une dame qui accompagne les Libériens», affirme-t-il.
De l'autre côté de la ville, dans le centre d'hébergement du Onze malien, on s'affaire aussi pour aller au stade. Trois joueurs tardent à quitter leurs chambres. «C'est pour les derniers gris-gris», explique un membre du comité d'organisation.
Une odeur de talisman flotte aussi autour de Mali-Nigeria (24 janvier).
«La veille du match, notre standard a failli exploser. Des centaines de Maliens nous demandaient de faire les libations les plus sordides pour que le Mali gagne», raconte le directeur de la télévision malienne, Bali Drissa Sissoko.
Selon lui, des dizaines de Maliens ont «travaillé» en coulisses pour la victoire de leur équipe. Avec un succès limité, puisque le match s'est terminé sur un score nul et vierge.

Implorer les mânes tutélaires

Même histoire pour Côte d'Ivoire-Togo, le 21 janvier à Sikasso (380 km au sud de Bamako). Selon des journalistes sur place, quatre Ivoiriens «faiseurs de miracles» sont venus par la route et ont maintenu un feu de bois allumé pendant toute la durée du match.
Côté togolais, deux femmes, hirsutes, auraient veillé sur l'équipe.
Mixtures, amulettes, poudres et autres produits censés donner un «coup de pouce» à l'équipe étaient sur place. Mais là aussi, ce fut un pauvre 0-0.
«C'est plus psychologique qu'autre chose», admet sérieusement un douanier, lui-même ex-international de football, en se rappelant avoir subi avant un match «une séance d'exorcisme», avec un résultat «mitigé».
Les mythes ont la vie dure. Dans la quasi-totalité des délégations présentes à Bamako, les initiés décèlent un «Monsieur gri-gri».
M. «John», rencontré dans le hall d'un hôtel, affirme être le «faiseur de miracles de l'équipe nationale du Liberia». «Je ne vous donnerai pas ma recette. Mais croyez moi, j'ai été sélectionné parmi une centaine. Et attendez la fin».
Rapportés à un des responsables de la délégation libérienne, ces propos sont formellement démentis: «Nous prions Dieu, et c'est tout».
Les Zambiens abordent plus franchement la question. «Nous sommes Africains.
Et chez nous, pour implorer les mânes tutélaires, il faut procéder de manière traditionnelle». Quand on demande à l'un d'eux si l'équipe a amené avec elle un faiseur de gris-gris, il sourit. Les joueurs, dit-il, se sont «blindés avant de venir».
Pour ce Zambien, il y a deux sortes de gris-gris. Ceux qui permettent de marquer des buts et ceux qui empêchent l'adversaire d'en marquer. Dans les premières rencontres, si pauvres en buts, la deuxième catégorie a de toute évidence été plus efficace.
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