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Hommage à Ahmed Bouzfour ou le sacre de la nouvelle

Il est de ces écrivains qui dès qu'ils se produisent dans un lieu, les esprits de clan et de petite chapelle commencent à se fissurer, les classifications réductrices et arbitraires à s'étioler, les cloisonnements catégoriels à se fendre de même que l

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L'assistance éclectique, les témoignages exprimés ont montré à quel point l'œuvre de Bouzfour, dénuée de prétentions, a pu élire domicile dans l'imaginaire grâce à sa souplesse, sa profondeur, son style à l'allure bien affirmée et grâce aussi au ton de la narration.
Intronisé au cours de cette rencontre comme doyen de la nouvelle au Maroc, une véritable consécration pour l'auteur de diwan Sindbad (un ouvrage regroupant trois recueils de ses nouvelles, édition le Fennec), ce genre littéraire étant décrit comme étant le parent pauvre de la production littéraire nationale.
C'est pour dépasser cet état de choses que la journée nationale dédiée par Nadi Al Kissa (le club de la nouvelle), outre la consécration de l'écrivain Ahmed Bouzfour, a lancé les passerelles entre deux générations de nouvellistes et deux expériences. La première décline des noms de grand cru tels Zafzaf, El Khouri, Shimi, Madini, Azeddine Tazi. Ceux qui ont lancé les jalons ayant servi de repère aux jeunes leur permettant de reprendre le flambeau sans décevoir. Le fait que le chemin était balisé les a motivés pour chercher sans relâche à honorer leurs prédécesseurs, en conférant à la création leur propre tonalité, illustrer leurs propres incertitudes, leurs interrogations, bref se distinguer en explorant le monde insondable de l'être.
C'est dans cette même optique qu'Ahmed Bouzfour a participé activement à la création du groupe de recherche sur la nouvelle au Maroc, à la faculté des lettres et des sciences humaines de Ben M'sik, à Casablanca, où il est enseignant. Et c'est justement pour rendre hommage à son action au sein de cette entité qui s'évertue à encourager les jeunes écrivains que s'inscrit le témoignage du professeur et critique littéraire Najib El Aoufi intitulée «Ahmed Bouzfour ou le regard sur la nouvelle création».
«Celui-ci voit en lui un créateur pétri d'humanisme, un écrivain fécond et un artiste à l'esprit inventif. Créateur, il l'est aussi dans le calme de ses profondeurs, telle la mer, dans la domption des courants tempétueux de la vie», écrit-il.
«Quand bien même les témoignages se sont-ils arrêtés sur les débuts de Bouzfour, dans les années soixante dix, il n'en demeure pas moins que l'impact de ses débuts timides empreintes d'humilité, s'est fait sentir comme une douce brise qui a insufflé un élan novateur au champ littéraire, atténuant un tant soit peu cette fébrilité qui caractérisait à l'époque les milieux politique et littéraire», a souligné Najib El Aoufi, estimant, de ce fait, que Bouzfour a pu ainsi restitué à la création littéraire une partie de son enfance perdue et sa liberté bafouée.
La rencontre était aussi l'occasion pour évoquer des dates et des faits ayant marqué ce pan de l'histoire du Maroc où la frontière entre position politique et préférences et parcours littéraires était si tenue. Ahmed Bouzfour est décrit comme l'un des rares à avoir su éluder de mordre à l'hameçon. Son seul souci, face à cette effervescence, était d'apporter un souffle novateur à l'écriture romanesque où les empreintes des autres n'aura pas de place pas plus que certains résidus à connotation idéologique directe et arbitraire.
Le témoignage du professeur Mustapha Jabbari s'est articulé autour de Ahmed Bouzfour et la Fondation du roman contemporain au Maroc. Il s'agit en fait d'une démarche généalogique mettant en valeur le parcours de cet écrivain à travers lequel émergea un profil nouveau de l'auteur romanesque marocain. Un auteur qui a doté la littérature d'une vision nouvelle tant au niveau de sa structure interne que dans ses interactions avec les autres genres littéraires, avec comme perspective d'œuvrer dans le sens d'une stylisation des thématiques et d'une confection d'une culture de groupe.
Le conférencier a indiqué que c'est cette vision qui a structuré le travail de Bouzfour, baptisé par lui «la thèse de l'auteur», et qui se distingue par la primauté de la vision artistique sur la vision idéologique.
Se sont succédé, par la suite, les jeunes nouvellistes tels Azeddine El Maaizi, Ahmed Lotfallah, Mohamed Benaaziz, Mostapha Laghtiri, Mohamed Zradi, Fatima Bouziane et Afroudis Sijilmassi, qui ne voulaient pas être en reste pour rendre hommage au maître qui n'a pas manqué, de son coté, de plaider en faveur de la promotion et l'encouragement de la nouvelle qui reste un véritable parcours de combattant individuel.
Il a, dans ce sens, préconisé la mise en place d'une stratégie spécifique destinée à définir les contours de la place que doit occuper la nouvelle dans le périmètre de la production littéraire marocaine.
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