Au moment des présidentielles de 1999 alors que Abdelaziz Bouteflika était candidat parmi des personnalités en course au Palais Mouradia, j'avais avancé deux hypothèses à partir d'une réussite probable de l'ex-ministre des Affaires étrangères de H. Boumédiene (Le Temps du Maroc n° 182 du 23 au 29 avril 1999 : “Algérie : atavisme politique ?”) dans ces termes :
“- soit dans le sens d'une surenchère connue dont il était un des artisans en tant que ministre des Affaires étrangères de Boumédiene lorsqu'il menait la diplomatie algérienne de main de fer et que “l'affaire du sahara” a pris les proportions dramatiques dans l'ignorance des droits historiques du Maroc… un retour nostalgique du boumédianisme peut donner à l'atavisme politique cet élan de nationalisme étriqué… soit dans le sens d'une modération suite à la maturation du processus vu et vécu d'un homme qui apprécie le sens des responsabilités et juge l'Histoire à sa juste mesure… l'atavisme est la tendance la plus meurtrière pour une Algérie qui ne doit pas être tentée par un refuge identitaire nostalgique. L'espoir électoral déçu peut-il se transformer en examen difficile d'accès à la paix interne et avec les voisins ?”.
Il est clair que malheureusement la première hypothèse l'a emporté à l'heure des bilans.
Comment interpréter l'entêtement de l'Algérie et quelle leçon tirer de cette situation alors que le Maroc est déterminé dans la défense de son intégrité territoriale ? D'abord, la proposition algérienne est moralement indécente car elle défie toute la logique qui a animé le processus de récupération par le Maroc de son territoire au sud en rapport avec la légalité internationale. Les territoires ex-sous domination espagnole au sud ont toujours formé une unité spatiale tant dans ce qui a constitué l'objet de l'avis de la CIJ qui a reconnu le lien historique avec le Maroc que du point de vue des accords de Madrid (enregistrés aux Nations unies) et de la composante humaine (puisqu'Alger défendait avec tapage “les peuples” appelés à disposer d'eux-mêmes).
Les faits sont têtus et l'on sait par des témoignages crédibles quelles tractations ont été menées par A. Bouteflika lui-même (militairement et diplomatiquement) pour asseoir le séparatisme au “Tiris Al Gharbia” (Lire l'article de Mohamed Bahi de ce jeudi 21 février 2002 paru dans “Assahra Al Maghribia p. 1) et ce que la Mauritanie a payé comme tribu à cette aventure. Ensuite, cet anachronisme montre à bien des égards l'attachement d'Alger à sa stratégie, par rapport non pas à la défense de “principes”, mais en termes purement expansionnistes d'accès à l'Atlantique. Ce qui constitue un indicateur irréfutable est cette apparence de “renoncement” sous forme d'un partage est un subterfuge grossier par lequel l'Algérie est encore rivée à une vision géostratégique définie aux heures de “la place qui revient à l'Algérie dans le concert des Nations” selon la formule de l'époque et que chérit le président actuel. Or, ces desseins de l'ouverture vers l'Atlantique est le seul rêve du projet boumédieniste qui ait résisté aux affres du temps d'une Algérie meurtrie alors que ce sont effondrés comme des châteaux de cartes l'« industrialisation industrialisante », la « révolution agraire », l'activisme tiers-mondiste- et l'expansion hégémonique qu'ils supposent charriant avec eux ce que Zartman a bien décrit dans sa thèse de «l'effondrement de l'Etat en Afrique» dans la guerre civile interne et les conflits aux frontières.
- Interpréter cet entêtement ? Il répond en bonne référence à des croyances qu'il est possible de qualifier.
Le projet boumédieniste auquel l'Algérie est attachée dans ses relations avec le Maroc repose dans le processus de construction de l'Etat post colonial algérien sur la volonté, à partir de la croyance non avouée (aujourd'hui dévoilée) de bousculer «la géographie comme permanence» selon la formule de Spykman. Or, l'inaccessibilité à l'Atlantique et en raison de l'immensité de son territoire, l'Algérie se sent «semi-enclavée» à cause de ce «heartland» lourd qu'elle a hérité de l'»Algérie française» coloniale.
- La question de nos provinces du Sud est donc, en prime considération depuis ces débuts, une recherche géostratégique pour l'Algérie de se constituer un «rimland» par lequel l'accès atlantique serait rendu possible mais en même temps un moyen d'isolement du Maroc coupé de ses racines au Sud vers la Mauritanie et le Sénégal. Le «rimland» dans la pensée de Spykman confirme la démarche algérienne puisque celle-ci vise, par la dernière trouvaille, à constituer pour elle un espace vital entre puissance de la mer et puissance de la terre.
Enfin, l'indécence de la proposition algérienne fait fi du projet du Maghreb.
Car les desseins géostratégiques évoqués ont une assise non plus dans une vision d'intégration lancée avec le projet de l'UMA à Marrakech (l'on se demande s'il y a engagement continu d'un Etat algérien ou un véritable cas de «succession d'Etats» depuis Chadli Benjdid signataire de l'UMA à cinq) mais dans l'»unilateralisme» comme attribut d'une souveraineté débridée, expansionniste.
Faut-il encore se hasarder à faire des hypothèses sur les turbulences et les incertitudes algériennes ? En tout état de cause, la proposition d'Alger (curieuse manière de s'arroger un droit d'initiative quand on y a toujours crié que l'Algérie n'est pas une «partie intéressée» mais «concernée» est un signe avant coureur de l'impasse algérienne. Est-ce le dernier souffle de l'atavisme boumédieniste et des militaires qui s'accrochent encore à ce credo ?
«Le Maroc est sur son territoire» affirme à 2M ce mercredi 20 février le professeur Bennouna, éminent juriste qui a plaidé notre dossier à La Haye, représentant du Maroc au Nations unies et ... surtout bon témoin dans toutes les conférences internationales déterminantes de l'hégémonisme algérien dont celle du «droit de la mer».
Le sentiment d'»enclavement» dont souffre l'Algérie ne se fera pas au détriment de l'intégrité territoriale du Maroc.
Notre pays attaché à son unité (de son pouvoir, de sa population et de son territoire) est respectueux du voisinage, des espoirs d'un Maghreb dont il a toujours été un promoteur privilégié.
Les Nations unies, engagées dans le processus de ce qui constitue l'accord-cadre avec un soutien très large saura dépasser, en dehors des formalismes, la «rigolade» algérienne. La région attend une paix et un développement auxquels les Etats de la région, Algérie comprise, doivent s'atteler vite dans la course effrénée qu'impose la mondialisation.
“- soit dans le sens d'une surenchère connue dont il était un des artisans en tant que ministre des Affaires étrangères de Boumédiene lorsqu'il menait la diplomatie algérienne de main de fer et que “l'affaire du sahara” a pris les proportions dramatiques dans l'ignorance des droits historiques du Maroc… un retour nostalgique du boumédianisme peut donner à l'atavisme politique cet élan de nationalisme étriqué… soit dans le sens d'une modération suite à la maturation du processus vu et vécu d'un homme qui apprécie le sens des responsabilités et juge l'Histoire à sa juste mesure… l'atavisme est la tendance la plus meurtrière pour une Algérie qui ne doit pas être tentée par un refuge identitaire nostalgique. L'espoir électoral déçu peut-il se transformer en examen difficile d'accès à la paix interne et avec les voisins ?”.
Il est clair que malheureusement la première hypothèse l'a emporté à l'heure des bilans.
Comment interpréter l'entêtement de l'Algérie et quelle leçon tirer de cette situation alors que le Maroc est déterminé dans la défense de son intégrité territoriale ? D'abord, la proposition algérienne est moralement indécente car elle défie toute la logique qui a animé le processus de récupération par le Maroc de son territoire au sud en rapport avec la légalité internationale. Les territoires ex-sous domination espagnole au sud ont toujours formé une unité spatiale tant dans ce qui a constitué l'objet de l'avis de la CIJ qui a reconnu le lien historique avec le Maroc que du point de vue des accords de Madrid (enregistrés aux Nations unies) et de la composante humaine (puisqu'Alger défendait avec tapage “les peuples” appelés à disposer d'eux-mêmes).
Les faits sont têtus et l'on sait par des témoignages crédibles quelles tractations ont été menées par A. Bouteflika lui-même (militairement et diplomatiquement) pour asseoir le séparatisme au “Tiris Al Gharbia” (Lire l'article de Mohamed Bahi de ce jeudi 21 février 2002 paru dans “Assahra Al Maghribia p. 1) et ce que la Mauritanie a payé comme tribu à cette aventure. Ensuite, cet anachronisme montre à bien des égards l'attachement d'Alger à sa stratégie, par rapport non pas à la défense de “principes”, mais en termes purement expansionnistes d'accès à l'Atlantique. Ce qui constitue un indicateur irréfutable est cette apparence de “renoncement” sous forme d'un partage est un subterfuge grossier par lequel l'Algérie est encore rivée à une vision géostratégique définie aux heures de “la place qui revient à l'Algérie dans le concert des Nations” selon la formule de l'époque et que chérit le président actuel. Or, ces desseins de l'ouverture vers l'Atlantique est le seul rêve du projet boumédieniste qui ait résisté aux affres du temps d'une Algérie meurtrie alors que ce sont effondrés comme des châteaux de cartes l'« industrialisation industrialisante », la « révolution agraire », l'activisme tiers-mondiste- et l'expansion hégémonique qu'ils supposent charriant avec eux ce que Zartman a bien décrit dans sa thèse de «l'effondrement de l'Etat en Afrique» dans la guerre civile interne et les conflits aux frontières.
- Interpréter cet entêtement ? Il répond en bonne référence à des croyances qu'il est possible de qualifier.
Le projet boumédieniste auquel l'Algérie est attachée dans ses relations avec le Maroc repose dans le processus de construction de l'Etat post colonial algérien sur la volonté, à partir de la croyance non avouée (aujourd'hui dévoilée) de bousculer «la géographie comme permanence» selon la formule de Spykman. Or, l'inaccessibilité à l'Atlantique et en raison de l'immensité de son territoire, l'Algérie se sent «semi-enclavée» à cause de ce «heartland» lourd qu'elle a hérité de l'»Algérie française» coloniale.
- La question de nos provinces du Sud est donc, en prime considération depuis ces débuts, une recherche géostratégique pour l'Algérie de se constituer un «rimland» par lequel l'accès atlantique serait rendu possible mais en même temps un moyen d'isolement du Maroc coupé de ses racines au Sud vers la Mauritanie et le Sénégal. Le «rimland» dans la pensée de Spykman confirme la démarche algérienne puisque celle-ci vise, par la dernière trouvaille, à constituer pour elle un espace vital entre puissance de la mer et puissance de la terre.
Enfin, l'indécence de la proposition algérienne fait fi du projet du Maghreb.
Car les desseins géostratégiques évoqués ont une assise non plus dans une vision d'intégration lancée avec le projet de l'UMA à Marrakech (l'on se demande s'il y a engagement continu d'un Etat algérien ou un véritable cas de «succession d'Etats» depuis Chadli Benjdid signataire de l'UMA à cinq) mais dans l'»unilateralisme» comme attribut d'une souveraineté débridée, expansionniste.
Faut-il encore se hasarder à faire des hypothèses sur les turbulences et les incertitudes algériennes ? En tout état de cause, la proposition d'Alger (curieuse manière de s'arroger un droit d'initiative quand on y a toujours crié que l'Algérie n'est pas une «partie intéressée» mais «concernée» est un signe avant coureur de l'impasse algérienne. Est-ce le dernier souffle de l'atavisme boumédieniste et des militaires qui s'accrochent encore à ce credo ?
«Le Maroc est sur son territoire» affirme à 2M ce mercredi 20 février le professeur Bennouna, éminent juriste qui a plaidé notre dossier à La Haye, représentant du Maroc au Nations unies et ... surtout bon témoin dans toutes les conférences internationales déterminantes de l'hégémonisme algérien dont celle du «droit de la mer».
Le sentiment d'»enclavement» dont souffre l'Algérie ne se fera pas au détriment de l'intégrité territoriale du Maroc.
Notre pays attaché à son unité (de son pouvoir, de sa population et de son territoire) est respectueux du voisinage, des espoirs d'un Maghreb dont il a toujours été un promoteur privilégié.
Les Nations unies, engagées dans le processus de ce qui constitue l'accord-cadre avec un soutien très large saura dépasser, en dehors des formalismes, la «rigolade» algérienne. La région attend une paix et un développement auxquels les Etats de la région, Algérie comprise, doivent s'atteler vite dans la course effrénée qu'impose la mondialisation.
