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Israël face à lui-même

L'image ne trompe plus ! C'est bien Yasser Arafat, reclus dans un réduit, une bougie à la main, titubant dans une demi obscurité, qui parle à la presse. C'est cet homme vieilli, diminué physiquement mais qui n'en démord pas, qui s'acharne encore à démontr

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Dans son logis, détruit, saccagé par les troupes du Tsahal, Yasser Arafat serait-il devenu une simple créature captivée par Sharon ? Dans son dérisoire réduit, serait-il la victime du cynisme total, l'illustration d'une logique infernale qui enfonce chaque jour et chaque heure un peu plus la communauté internationale dans son indifférence, les Etats-Unis dans leur aveuglement et le monde arabe dans son impassibilité ? Que l'on ne se méprenne pas : Ariel Sharon accomplit aujourd'hui l'un de ses vieux rêves démoniaques, celui d'isoler le leader palestinien qui n'a jamais cessé d'être à ses yeux l'irréductible adversaire organique.
Il est au comble de sa jubilation, parce que l'Amérique - incarnée par l'angélisme politique de George Walker Bush - lui donne raison et justifie ses forfaits.
Et de fait, occuperait-il la Palestine d'un bout à l'autre, réduirait-il en une peau de chagrin la Cisjordanie s'il n'avait pas l'aval et le soutien explicite des Etats-Unis ?
Le Grand Israël, rêve messianique englobant manu militari la Cisjordanie, Ghazza, Jérusalem voire même le Golan pourrait-il se faire sur les cadavres de petits enfants palestiniens au motif qu'un général chamarré, converti à la politique, se transforme en bourreau. On soupçonnait plus ou moins la réaction d'Ariel Sharon après que le Sommet arabe de Beyrouth eut entériné le plan de paix du Prince Abdallah Ibn Abdelaziz. On ne pouvait imaginer qu'elle serait aussi violente et radicale, sauvage et aveugle. C'est le retour à la case départ, autrement dit au statu quo ante de 1967 lorsqu'Israël, encouragé par l'Amérique et l'Europe, s'était lancé dans la conquête des territoires arabes. Tant d'efforts depuis lors, toutes les initiatives diplomatiques aussi se voient aujourd'hui engloutis dans les sables de l'aventurisme d'Ariel Sharon, devenu le fossoyeur des espérances. La conférence de Madrid que James Baker, alors secrétaire d'Etat avait eu du mal à mettre sur pied, le marathon historique d'Oslo, l'accord de Washington, celui de Camp David ensuite et d'autres décisions ayant force de loi, autant de séquences dans un long processus cahoté, malmené, transgressé enfin par Israël..
Le gouvernement Sharon viendrait-il à occuper Jérusalem dans sa totalité, comme il en a la tentation plus qu'affirmée, que la communauté mondiale assisterait impavide. Le principe respecté jusque là de ville sainte, berceau des trois religions monothéistes, partirait en fumée. A quand la mortelle indifférence du monde s'arrêterait-elle ? Jusqu'où le défi vulgaire d'un Premier ministre, élu sur le sentiment de peur collective, ira-t-il ? C'est mal assimiler les leçons de l'Histoire que de continuer à penser qu'en mettant fin à la Palestine, le problème serait résolu. Les Arabes viennent de franchir une étape décisive à Beyrouth en proposant «la paix contre la terre «. Cinq millions d'Israéliens, contre quelque 300 000 seulement en 1948 , ne seraient viables que s'il y a existence parallèle d'un Etat palestinien dûment reconnu, ce qui mettrait un terme à la revendication radicale qui justifie l'état de guerre dans la région et empêche son développement. Or, il faudrait plus que le courage à Ariel Sharon, mais une vision, une lucidité qu'un centurion de son genre ne peut avoir...
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