A Rabat Hilton, dont il tient depuis 33 ans le magasin de journaux, il a vu des têtes couronnées, des princes, des rois, des présidents… Aujourd'hui encore, il se souvient, avec fierté, du jour où 21 chefs d'Etats se sont réunis à l'hôtel : tous ont été ses clients pendants deux ou trois jours.
Ahlam Ben El Hantati
Bientôt, M.Ferrez, comme l'appelle tout le monde ici, soufflera ses 93 bougies. Cet ex-amoureux des voyages et des gueuletons, se souvient avec nostalgie des joies d'antan.
Chez lui, tous les verbes du bon vivant qu'il était jadis se conjuguent à l'imparfait :il aimait les excursions, adorait la lecture, était un grand gourmet qui connaissait par cœur tous les bons restaurants de France et du Maroc…
Pourtant, les infortunes de l'âge et cette vie ingrate qui lui a ravi la vue et « qui commence à ne plus l'aimer» n'ont en rien émoussé son amour ni pour son métier ni pour la vie elle-même…
Sa devise est aussi le secret de sa longévité qu'il n'hésite pas à vous livrer en toute générosité et sagesse: “User de tout, n'abuser de rien sauf du travail”. Aujourd'hui encore Maurice Ferrez abuse du travail : pas de repos, il va au kiosque tous les jours y compris le dimanche.
Le gouvernement français l'a décoré en 1980 en tant que chevalier du Mérite national pour les services rendus à la presse à l'étranger. Dix ans après, on l'a fait officier du Mérite national.
Chaque matin il vient à Rabat- Hilton voir arriver les journaux et surveiller les ventes. Deux employés sont là pour l'aider.
Après le premier arrivage de journaux, Ferrez commence par feuilleter ses deux titres préférés: Le Figaro et France Soir et puisque il ne voit plus bien, il demande à ses assistants de lui lire quelques articles.
Son parcours professionnel commence à l'âge de 12 ans. Il travaillait chez Hachette comme simple employé. Devenu directeur d'agence on lui a demandé de venir au Maroc pour faire une inspection de deux ou trois mois sur la nouvelle agence de Sochpress. Ce que Ferrez ne savait pas c'est qu'il allait s'éprendre du pays et y rester !
Il a d'abord commencé par avoir un petit commerce et en même temps il s'occupait de la diffusion des deux journaux de l'Istiqlal : L'Opinion et Al Alam : " MM. Douiri et M.Boucetta m'avaient demandé de faire l'impossible pour remettre sur pied les deux publications et c'est ce que j'ai fait.
Il faut dire que c'étaient un travail plaisant ", confie ce vendeur de journaux chevronné. Pendant plus de 20 ans, il a suivi les ventes de ces quotidiens en cherchant dans tout le Maroc, même dans les petites villes, des dépositaires potentiels.
On lui a offert par la suite de prendre un magasin à l'hôtel Hilton qui était en construction à l'époque : " j'ai visité le Rabat Hilton et ça m'a beaucoup plu.
J'ai vendu alors mon commerce.
C'était Allal El Fassi qui m'a fait avoir ce magasin que j'ai tenu après avec mon épouse qui est décédée il y a une douzaine d'années. On a toujours travaillé ensemble et la clientèle l'aimait beaucoup ", se souvient M.Ferrez.
A Rabat Hilton, il y a eu d'abord " Hilton 1er " qui a duré plusieurs années durant lesquelles M. Ferrez fit plusieurs connaissances et son commerce se portait à merveille.
L'hôtel a été cédé ensuite à Hyat Régincy qui a tenu le coup pendant un an et demi avant d'être repris par Hilton.
N'ayant pas voulu " perdre la face", il a monté avec sa femme une baraque en dehors de l'hôtel pour garder sa clientèle qui était principalement constituée de diplomates et des hautes personnalités de Rabat. Pendant cette période, le couple avait à faire face à toute sorte de désagrément: "dans la baraque, nous avions tout, la chaleur, la pluie, les rats…", se souvient le nonagénaire en laissant échapper un léger sourire.
Depuis la mort de sa femme, Ferrez vit avec un infirmier, la femme de celui-ci et son petit enfant. Il prend soin de lui et lui sert de chauffeur et d'ami : " ça me fait une petite famille marocaine ! ", explique Ferrez, le visage éclairé par une vive joie.
Pendant son long séjour au Maroc, cet amoureux des voyages et des aventures a fait toutes les villes.
Il a été particulièrement fasciné par Marrakech, Fès, Tanger et Agadir. Maintenant que la fleur de l'âge s'est fanée, il ne va nulle part sauf, de temps en temps en temps, en France pour se faire soigner les yeux et voir ses enfants, ses petits enfants et ses arrière-petits enfants: " je n'ai plus les pieds solides, la tête non plus, à cause de cette malheureuse vue qui me cause beaucoup de désagréments"
Pour lui Rabat est " la belle vie de province ". Il aime surtout ses Oudayas, son Chellah et le palais royal qu'il traverse 4 fois par jour à chaque fois avec le même plaisir.
Malgré les ennuis de l'âge, Maurice Ferrez ne manque pas de persévérance et de courage.
Estimant que le plus beau métier du monde est celui d'un vendeur de journaux, son seul souhait est de vivre encore un peu et en bonne santé pour tenir bien son commerce. Pour y parvenir, il connaît une recette efficace : aimer la vie et avoir de la patience.
Après tout, comme il le dit d'ailleurs lui-même, ce n'est pas sorcier de patienter encore un peu quand on a patienté 92 ans.
Ahlam Ben El Hantati
Bientôt, M.Ferrez, comme l'appelle tout le monde ici, soufflera ses 93 bougies. Cet ex-amoureux des voyages et des gueuletons, se souvient avec nostalgie des joies d'antan.
Chez lui, tous les verbes du bon vivant qu'il était jadis se conjuguent à l'imparfait :il aimait les excursions, adorait la lecture, était un grand gourmet qui connaissait par cœur tous les bons restaurants de France et du Maroc…
Pourtant, les infortunes de l'âge et cette vie ingrate qui lui a ravi la vue et « qui commence à ne plus l'aimer» n'ont en rien émoussé son amour ni pour son métier ni pour la vie elle-même…
Sa devise est aussi le secret de sa longévité qu'il n'hésite pas à vous livrer en toute générosité et sagesse: “User de tout, n'abuser de rien sauf du travail”. Aujourd'hui encore Maurice Ferrez abuse du travail : pas de repos, il va au kiosque tous les jours y compris le dimanche.
Le gouvernement français l'a décoré en 1980 en tant que chevalier du Mérite national pour les services rendus à la presse à l'étranger. Dix ans après, on l'a fait officier du Mérite national.
Chaque matin il vient à Rabat- Hilton voir arriver les journaux et surveiller les ventes. Deux employés sont là pour l'aider.
Après le premier arrivage de journaux, Ferrez commence par feuilleter ses deux titres préférés: Le Figaro et France Soir et puisque il ne voit plus bien, il demande à ses assistants de lui lire quelques articles.
Son parcours professionnel commence à l'âge de 12 ans. Il travaillait chez Hachette comme simple employé. Devenu directeur d'agence on lui a demandé de venir au Maroc pour faire une inspection de deux ou trois mois sur la nouvelle agence de Sochpress. Ce que Ferrez ne savait pas c'est qu'il allait s'éprendre du pays et y rester !
Il a d'abord commencé par avoir un petit commerce et en même temps il s'occupait de la diffusion des deux journaux de l'Istiqlal : L'Opinion et Al Alam : " MM. Douiri et M.Boucetta m'avaient demandé de faire l'impossible pour remettre sur pied les deux publications et c'est ce que j'ai fait.
Il faut dire que c'étaient un travail plaisant ", confie ce vendeur de journaux chevronné. Pendant plus de 20 ans, il a suivi les ventes de ces quotidiens en cherchant dans tout le Maroc, même dans les petites villes, des dépositaires potentiels.
On lui a offert par la suite de prendre un magasin à l'hôtel Hilton qui était en construction à l'époque : " j'ai visité le Rabat Hilton et ça m'a beaucoup plu.
J'ai vendu alors mon commerce.
C'était Allal El Fassi qui m'a fait avoir ce magasin que j'ai tenu après avec mon épouse qui est décédée il y a une douzaine d'années. On a toujours travaillé ensemble et la clientèle l'aimait beaucoup ", se souvient M.Ferrez.
A Rabat Hilton, il y a eu d'abord " Hilton 1er " qui a duré plusieurs années durant lesquelles M. Ferrez fit plusieurs connaissances et son commerce se portait à merveille.
L'hôtel a été cédé ensuite à Hyat Régincy qui a tenu le coup pendant un an et demi avant d'être repris par Hilton.
N'ayant pas voulu " perdre la face", il a monté avec sa femme une baraque en dehors de l'hôtel pour garder sa clientèle qui était principalement constituée de diplomates et des hautes personnalités de Rabat. Pendant cette période, le couple avait à faire face à toute sorte de désagrément: "dans la baraque, nous avions tout, la chaleur, la pluie, les rats…", se souvient le nonagénaire en laissant échapper un léger sourire.
Depuis la mort de sa femme, Ferrez vit avec un infirmier, la femme de celui-ci et son petit enfant. Il prend soin de lui et lui sert de chauffeur et d'ami : " ça me fait une petite famille marocaine ! ", explique Ferrez, le visage éclairé par une vive joie.
Pendant son long séjour au Maroc, cet amoureux des voyages et des aventures a fait toutes les villes.
Il a été particulièrement fasciné par Marrakech, Fès, Tanger et Agadir. Maintenant que la fleur de l'âge s'est fanée, il ne va nulle part sauf, de temps en temps en temps, en France pour se faire soigner les yeux et voir ses enfants, ses petits enfants et ses arrière-petits enfants: " je n'ai plus les pieds solides, la tête non plus, à cause de cette malheureuse vue qui me cause beaucoup de désagréments"
Pour lui Rabat est " la belle vie de province ". Il aime surtout ses Oudayas, son Chellah et le palais royal qu'il traverse 4 fois par jour à chaque fois avec le même plaisir.
Malgré les ennuis de l'âge, Maurice Ferrez ne manque pas de persévérance et de courage.
Estimant que le plus beau métier du monde est celui d'un vendeur de journaux, son seul souhait est de vivre encore un peu et en bonne santé pour tenir bien son commerce. Pour y parvenir, il connaît une recette efficace : aimer la vie et avoir de la patience.
Après tout, comme il le dit d'ailleurs lui-même, ce n'est pas sorcier de patienter encore un peu quand on a patienté 92 ans.
