Le cèdre n'est-il pas l'arbre marocain par excellence, noble, spectaculaire et résistant qui vit le plus longtemps ? C'est dans ce cadre majestueux que S.M. Mohammed VI a présidé, il y a quelques mois, la cérémonie d'apposition du Sceau Chérifien scellant le dahir créant et organisant l'Institut Royal de la culture amazighe. C'est encore à Ajdir, au milieu des années cinquante, où S.M. Mohammed V avait rencontré les membres de l'Armée de Libération avant leur intégration au sein des Forces Armées Royales. C'est encore à Ajdir, au début du siècle dernier que la grande poetesse Taougrat Naït Issa a composé et interprété plusieurs chansons patriotiques qui en ont fait l'égérie et la passionaria des combattants zaïane.Ses chants ont insuflé l'ardeur et l'enthousiasme des résistants qui s'opposaient à l'avancée des troupes coloniales.
En effet, la province de Khénifra* qui tire son nom du mot berbère “khanfarte», accordé à un homme puissant, aux mains fortes, a une histoire riche et prestigieuse du fait d'une population à majorité rurale réputée par son hospitalité légendaire, son courage, son loyalisme et surtout sa résistance vive et farouche à toute intrusion. La bataille de Lahri en 1914 qui a été couronnée par la victoire des tribus zayane menés par Moha Ou Hammou Zayani sur les troupes coloniales en est la plus éloquente manifestation.
Selon la monographie de la province de Khénifra, “l'organisation humaine dans cette région a toujours reposé sur la tribu qui reflète encore son originalité… Quoique ne représentant pas une unité réelle, puisqu'elles se composent elles-mêmes de plusieurs factions, les tribus de la province ont toujours vécu groupées au sein de trois grandes confédérations».
C'est ainsi qu'on trouve la confédération des Aït Oumalou, composée des tribus Zayanes, Aït Sgougou et Ibouhssoussen. La confédération d'Ichriken comprend les Aït Ishaq et les Aït Ihoud alors que la confédération des Aït Yafelman se compose des Aït Yahya Ou Youssef, des Aït Oufela, des Aït Izdeg et des Aït M'guild. La monographie précise que “en plus de ces groupements, on trouve plusieurs autres fractions d'origine maraboutique dites localement “Chorfa» tels que les Bouazzaouiyine, les M'barki, les Aït Nouh, les Aït Taskart, les Aït Ali Ou Ammar, les Aït Sidi Bennar, les Aït Sidi Ali Amhaouch, les Aït Sidi yahia Ou Youssef et les Aït Sidi Ali Mrabkines». Ces différentes tribus, organisées selon le mode ancestral, sont encore de nos jours jalouses de leur indépendance. Ce qui, dans une certaine mesure, constitue un frein au développement. C'est ainsi, par exemple que des populations se sont opposées à des opérations de reboisement n'ont pas respecté les mises en défens des forêts. Par ailleurs, la réalisation des puits dans le cadre du programme de lutte contre la sécheresse a été bloquée dans certaines localités. Un haut responsable provincial nous a déclaré que “dans certains cas, chaque tribu voulait que le puits soit creusé sur son territoire et non pas sur celui de sa voisine alors que toutes les deux peuvent l'utiliser sans que cela pose problème. Résultat : le puits n'est réalisé ni chez l'une, ni chez l'autre et l'investissement va ailleurs».
Pour une province qui est considérée comme le château d'eau du Maroc puisque les plus importants fleuves du pays y prennent naissance (Oum Rabia et deux de ses affluents, la Moulouya et son affluent l'oued Anesgumir, l'oued Grou, un affluent du Bouregreg, l'oued Ksiksou et l'oued Boukhmira) et qui dispose entre autres des nappes phréatiques très importantes, cette bataille de l'eau est inopportune. Mais c'est là un caractère régional dont profitent les politiciens puisque, généralement, ils attisent ce genre de conflits. Pour palier à ce genre de difficultés, un syndicat intercommunal pour la protection de l'environnement, de la forêt et pour le développement des ressources naturelles et l'équipement des collectivités locales a été créé en 1989 et regroupe la majorité des communes de la province. Un budget annuel provenant des différentes entités qui le composent lui permet de réaliser chaque année des programmes d'électrification, d'approvisionnement en eau potable et d'équipements, mais cela n'est pas suffisant. La province de Khénifra est caractérisée par une densité relativement importante (37 h/km2) pour une population essentiellement rurale (53 %). Près de la moitié de la superficie de la province est recouverte par la forêt (526.000 ha). Notons que 50 % des céderaies (65.150 ha) et 18 % des chênes verts (256.000 ha) du Maroc se trouvent dans la région. La superficie agricole est estimée à 320.000 ha dont à peine 10 % irrigué. On y cultuve des céréales (153.300 ha), des fourrages (18.000 ha) et on pratique l'arboriculture (13.350 ha). Le maraîchage (6.000 ha) et les légumineuses (4.000) sont peu développés.
Riche par ses hommes, par les ressources naturelles et une terre fertile malgré un relief accidenté, la province de Khénifra est également l'une des régions minières les plus importantes du Maroc. Considérée métallogénique, elle dispose de nombreux gîtes de plomb, de zinc, d'antimoine, de cuivre et de barytine. C'est aussi le premier producteur régional d'antimoine et le deuxième producteur national de fluorine. Toutes ces richesses ne profitent pas pleinement à la province. Ainsi, la production forestière moyenne annuelle n'est que 42.000 m3 de bois d'œuvre, 98.550 stères de bois de feu et 55.160 quintaux de charbon de bois. Il n'existe dans la région que six coopératives de bois (750 adhérents) dont la production est insignifiante. L'activité industrielle est pratiquement nulle avec seulement 21 unités employant 728 personnes. Ces données montrent combien est grand le fossé entre des potentialités naturelles importantes et une activité économique somnolante. Comme la province de Khémisset, qui est dans le prolongement du Moyen-Atlas, géographiquement et ethniquement, Khénifra devrait en principe jouer un rôle important en tant que moteur de développement régional. Elle a des atouts intéressants et devrait attirer les investisseurs. Dans l'arboriculture, dans le tourisme, dans l'artisanat, dans l'industrie de transformation du bois et dans bien d'autres domaines, les opportunités sont réelles et prometteuses.
* Selon une autre version, Khénifra serait un mot composé de Khenig (passage) et Ifra (grotte) c'est-à-dire un passage étroit. Le premier emplacement était en effet aux environs de Lahri et à cet endroit, le terrain est escarpé. Une autre source affirme que Khénifra viendrait des mots Khenig et Fra (nom de personne).
En effet, la province de Khénifra* qui tire son nom du mot berbère “khanfarte», accordé à un homme puissant, aux mains fortes, a une histoire riche et prestigieuse du fait d'une population à majorité rurale réputée par son hospitalité légendaire, son courage, son loyalisme et surtout sa résistance vive et farouche à toute intrusion. La bataille de Lahri en 1914 qui a été couronnée par la victoire des tribus zayane menés par Moha Ou Hammou Zayani sur les troupes coloniales en est la plus éloquente manifestation.
Selon la monographie de la province de Khénifra, “l'organisation humaine dans cette région a toujours reposé sur la tribu qui reflète encore son originalité… Quoique ne représentant pas une unité réelle, puisqu'elles se composent elles-mêmes de plusieurs factions, les tribus de la province ont toujours vécu groupées au sein de trois grandes confédérations».
C'est ainsi qu'on trouve la confédération des Aït Oumalou, composée des tribus Zayanes, Aït Sgougou et Ibouhssoussen. La confédération d'Ichriken comprend les Aït Ishaq et les Aït Ihoud alors que la confédération des Aït Yafelman se compose des Aït Yahya Ou Youssef, des Aït Oufela, des Aït Izdeg et des Aït M'guild. La monographie précise que “en plus de ces groupements, on trouve plusieurs autres fractions d'origine maraboutique dites localement “Chorfa» tels que les Bouazzaouiyine, les M'barki, les Aït Nouh, les Aït Taskart, les Aït Ali Ou Ammar, les Aït Sidi Bennar, les Aït Sidi Ali Amhaouch, les Aït Sidi yahia Ou Youssef et les Aït Sidi Ali Mrabkines». Ces différentes tribus, organisées selon le mode ancestral, sont encore de nos jours jalouses de leur indépendance. Ce qui, dans une certaine mesure, constitue un frein au développement. C'est ainsi, par exemple que des populations se sont opposées à des opérations de reboisement n'ont pas respecté les mises en défens des forêts. Par ailleurs, la réalisation des puits dans le cadre du programme de lutte contre la sécheresse a été bloquée dans certaines localités. Un haut responsable provincial nous a déclaré que “dans certains cas, chaque tribu voulait que le puits soit creusé sur son territoire et non pas sur celui de sa voisine alors que toutes les deux peuvent l'utiliser sans que cela pose problème. Résultat : le puits n'est réalisé ni chez l'une, ni chez l'autre et l'investissement va ailleurs».
Pour une province qui est considérée comme le château d'eau du Maroc puisque les plus importants fleuves du pays y prennent naissance (Oum Rabia et deux de ses affluents, la Moulouya et son affluent l'oued Anesgumir, l'oued Grou, un affluent du Bouregreg, l'oued Ksiksou et l'oued Boukhmira) et qui dispose entre autres des nappes phréatiques très importantes, cette bataille de l'eau est inopportune. Mais c'est là un caractère régional dont profitent les politiciens puisque, généralement, ils attisent ce genre de conflits. Pour palier à ce genre de difficultés, un syndicat intercommunal pour la protection de l'environnement, de la forêt et pour le développement des ressources naturelles et l'équipement des collectivités locales a été créé en 1989 et regroupe la majorité des communes de la province. Un budget annuel provenant des différentes entités qui le composent lui permet de réaliser chaque année des programmes d'électrification, d'approvisionnement en eau potable et d'équipements, mais cela n'est pas suffisant. La province de Khénifra est caractérisée par une densité relativement importante (37 h/km2) pour une population essentiellement rurale (53 %). Près de la moitié de la superficie de la province est recouverte par la forêt (526.000 ha). Notons que 50 % des céderaies (65.150 ha) et 18 % des chênes verts (256.000 ha) du Maroc se trouvent dans la région. La superficie agricole est estimée à 320.000 ha dont à peine 10 % irrigué. On y cultuve des céréales (153.300 ha), des fourrages (18.000 ha) et on pratique l'arboriculture (13.350 ha). Le maraîchage (6.000 ha) et les légumineuses (4.000) sont peu développés.
Riche par ses hommes, par les ressources naturelles et une terre fertile malgré un relief accidenté, la province de Khénifra est également l'une des régions minières les plus importantes du Maroc. Considérée métallogénique, elle dispose de nombreux gîtes de plomb, de zinc, d'antimoine, de cuivre et de barytine. C'est aussi le premier producteur régional d'antimoine et le deuxième producteur national de fluorine. Toutes ces richesses ne profitent pas pleinement à la province. Ainsi, la production forestière moyenne annuelle n'est que 42.000 m3 de bois d'œuvre, 98.550 stères de bois de feu et 55.160 quintaux de charbon de bois. Il n'existe dans la région que six coopératives de bois (750 adhérents) dont la production est insignifiante. L'activité industrielle est pratiquement nulle avec seulement 21 unités employant 728 personnes. Ces données montrent combien est grand le fossé entre des potentialités naturelles importantes et une activité économique somnolante. Comme la province de Khémisset, qui est dans le prolongement du Moyen-Atlas, géographiquement et ethniquement, Khénifra devrait en principe jouer un rôle important en tant que moteur de développement régional. Elle a des atouts intéressants et devrait attirer les investisseurs. Dans l'arboriculture, dans le tourisme, dans l'artisanat, dans l'industrie de transformation du bois et dans bien d'autres domaines, les opportunités sont réelles et prometteuses.
* Selon une autre version, Khénifra serait un mot composé de Khenig (passage) et Ifra (grotte) c'est-à-dire un passage étroit. Le premier emplacement était en effet aux environs de Lahri et à cet endroit, le terrain est escarpé. Une autre source affirme que Khénifra viendrait des mots Khenig et Fra (nom de personne).
