En préambule, Mme Sahar Saba a remercié les organisateurs du colloque international sur “la femme et les discours religieux extrémistes”, en l'occurrence la LDDF pour son invitation à venir au Maroc et pour l'opportunité qui lui était offerte pour faire entendre la voix de la femme afghane dans le monde arabo-musulman. Elle présenta ensuite son mouvement, “Rawa”, l'association féminine afghane la plus ancienne du pays, ayant vu le jour en 1977.
Le social et la politique
“Notre mouvement s'est fixé comme objectif prioritaire le volet social, avec des campagnes de lutte contre l'analphabétisme, de soins médicaux et d'apprentissage de métiers” devait-elle préciser.
Puis, lors de la lutte contre l'occupation soviétique, en 1979, (Mme Sahar Saba était encore enfant) le mouvement révolutionnaire Rawa a pris part à la mobilisation générale du peuple afghan, passant de l'action sociale à celle de la sensibilisation politique des citoyens, particulièrement des femmes.Les secours aux camps des réfugiés furent l'objectif premier même si Rawa agissait dans la clandestinité.
“Nous avons rencontré beaucoup de difficultés pour mener nos opérations de secours aux réfugiés et notre présidente fut assassinée en 1987 alors qu'elle n'avait pas plus de 30 ans” . Par qui ? Elle nous l'explique : ce sont les mouvements extrémistes d'Afghanistan qui menaçaient les dirigeantes de ce mouvement, les arrêtaient, les emprisonnaient, les lynchaient, voire les tuaient. Les militantes de Rawa étaient donc empêchées d'accomplir leur devoir, même humanitaire.
Pour un gouvernement laïque
Interrogée sur le positionnement de son mouvement sur le plan politique, Mme Sahar Saba, réfute les concepts de partis de gauche ou partis de droite. “Aussi bien les uns que les autres ne nous ont pas aidées”. Quant à son opinion sur le régime des Taliban, elle était on ne peut plus claire : “Je suis pour la laïcité, ce que je souhaite pour mon pays, c'est un gouvernement laïc, séparer la religion de l'Etat, du politique”. Et de conclure son exposé sur un appel de soutien au peuple afghan pour qu'il retrouve sa liberté et vive sous un régime réellement démocratique. Répondant aux questions des journalistes, elle a déclaré que la reconstruction de l'Afghanistan dont il est question à l'heure actuelle passe inévitablement par un changement de mentalités au sein de la classe politique de ce pays et par le respect des droits de l'Homme… et de la femme et l'éducation du peuple. Au temps du régime monarchique, la femme afghane et le peuple en général jouissaient de quelques droits et libertés. On comptait alors 40% de femmes médecins, et 50% de femmes dans l'enseignement. Statistiques relevées jusqu'en 1992.
“Meutes de chiens”
Selon la dirigeante de Rawa, les choses ont changé depuis 1992, marquant l'avènement au pouvoir des Taliban après que des “meutes de chiens” (chefs de guerre) eurent envahi et dominé le pays, venant de l'extérieur. Avec les Taliban, la femme afghane a vu son statut réduit à une simple esclave ; elle était souvent brutalisée, violée, lynchée, privée de son droit élémentaire d'aller à l'école, d'occuper un emploi. Devant ces violations de leurs droits, beaucoup de jeunes filles s'étaient suicidées. Certaines d'entre elles s'étaient adonnées à la prostitution ou à la mendicité. Et c'était sous le régime des Taliban. Qu'en est-il aujourd'hui, de Rawa, avec le gouvernement de transition ? “Nous nous méfions de l'actuel gouvernement, dit de transition parce qu'en son sein, nous trouvons certains de nos ex-bourreaux, nos adversaires qui s'opposent farouchement à nos revendications légitimes. Pour nous, tant qu'il y aura des criminels de guerre au sein de cette coalition gouvernementale, nous demeurerons vigilantes… Nous avons peur qu'après le départ des correspondants de presse, des chaînes de T.V., des ONG et des troupes étrangères, l'oppression s'abatte de nouveau sur notre mouvement et sur le
peuple afghan”.
Les droits en Islam
Quelle est la position de Rawa par rapport à l'Islam ? Elle s'en explique : L'Islam n'a jamais été et n'est pas contre l'émancipation de la femme, bien au contraire car il lui reconnaît les droits à l'enseignement, au travail et aux soins.
Cependant, des extrémistes ont tenté et tentent encore d'interpréter différemment le message de l'Islam, à des fins inavouées. Mme Sahar Saba réitère la volonté de son mouvement de lutter davantage contre les mouvements extrémistes pour que l'homme et la femme afghans recouvrent tous leurs droits. Et pour la présence étrangère en Afghanistan ? Selon la militante, son pays était autrefois occupé par les Soviétiques, et aujourd'hui, par les Américains. Mais, dit-elle, ce sont deux choses différentes.
“Notre mouvement est par principe, contre toute occupation étrangère de l'Afghanistan. Les USA se considèrent les maîtres des Taliban, ce sont les USA qui ont aidé matériellement ce mouvement extrémiste pour chasser les Soviétiques d'Afghanistan. Aujourd'hui, devant le volte-face des Taliban, et depuis les attentats du 11 septembre dernier, les Américains, en tant que maîtres, sont venus punir leurs élèves…”. La militante a exprimé ensuite sa déception devant l'attitude des Américains qui n'étaient pas sincères vis-à-vis du peuple afghan. Ce dernier est victime du conflit entre les USA et les Taliban.
“Où étaient les Américains, avant le 11 septembre 2001, quand nous étions opprimés par les Taliban ? Victimes du terrorisme ?”. Quant aux chefs des factions qui se disputent le pouvoir en Afghanistan, elle les accuse d'être des criminels de guerre qui devraient être jugés comme leurs semblables en Yougoslavie et au Rwanda. Campagnes de sensibilisation des femmes pour qu'elles recouvrent leurs droits économiques, culturels et politiques, Rawa y consacre toute son énergie même si ce mouvement n'agit pas au grand jour vu la situation encore confuse dans le pays. Elle espère voir son pays retrouver sa stabilité politique et le retour de millions de réfugiés qui ont tellement besoin d'une assistance urgente pour réintégrer leurs foyers et vivre dans un pays démocratique.
Le social et la politique
“Notre mouvement s'est fixé comme objectif prioritaire le volet social, avec des campagnes de lutte contre l'analphabétisme, de soins médicaux et d'apprentissage de métiers” devait-elle préciser.
Puis, lors de la lutte contre l'occupation soviétique, en 1979, (Mme Sahar Saba était encore enfant) le mouvement révolutionnaire Rawa a pris part à la mobilisation générale du peuple afghan, passant de l'action sociale à celle de la sensibilisation politique des citoyens, particulièrement des femmes.Les secours aux camps des réfugiés furent l'objectif premier même si Rawa agissait dans la clandestinité.
“Nous avons rencontré beaucoup de difficultés pour mener nos opérations de secours aux réfugiés et notre présidente fut assassinée en 1987 alors qu'elle n'avait pas plus de 30 ans” . Par qui ? Elle nous l'explique : ce sont les mouvements extrémistes d'Afghanistan qui menaçaient les dirigeantes de ce mouvement, les arrêtaient, les emprisonnaient, les lynchaient, voire les tuaient. Les militantes de Rawa étaient donc empêchées d'accomplir leur devoir, même humanitaire.
Pour un gouvernement laïque
Interrogée sur le positionnement de son mouvement sur le plan politique, Mme Sahar Saba, réfute les concepts de partis de gauche ou partis de droite. “Aussi bien les uns que les autres ne nous ont pas aidées”. Quant à son opinion sur le régime des Taliban, elle était on ne peut plus claire : “Je suis pour la laïcité, ce que je souhaite pour mon pays, c'est un gouvernement laïc, séparer la religion de l'Etat, du politique”. Et de conclure son exposé sur un appel de soutien au peuple afghan pour qu'il retrouve sa liberté et vive sous un régime réellement démocratique. Répondant aux questions des journalistes, elle a déclaré que la reconstruction de l'Afghanistan dont il est question à l'heure actuelle passe inévitablement par un changement de mentalités au sein de la classe politique de ce pays et par le respect des droits de l'Homme… et de la femme et l'éducation du peuple. Au temps du régime monarchique, la femme afghane et le peuple en général jouissaient de quelques droits et libertés. On comptait alors 40% de femmes médecins, et 50% de femmes dans l'enseignement. Statistiques relevées jusqu'en 1992.
“Meutes de chiens”
Selon la dirigeante de Rawa, les choses ont changé depuis 1992, marquant l'avènement au pouvoir des Taliban après que des “meutes de chiens” (chefs de guerre) eurent envahi et dominé le pays, venant de l'extérieur. Avec les Taliban, la femme afghane a vu son statut réduit à une simple esclave ; elle était souvent brutalisée, violée, lynchée, privée de son droit élémentaire d'aller à l'école, d'occuper un emploi. Devant ces violations de leurs droits, beaucoup de jeunes filles s'étaient suicidées. Certaines d'entre elles s'étaient adonnées à la prostitution ou à la mendicité. Et c'était sous le régime des Taliban. Qu'en est-il aujourd'hui, de Rawa, avec le gouvernement de transition ? “Nous nous méfions de l'actuel gouvernement, dit de transition parce qu'en son sein, nous trouvons certains de nos ex-bourreaux, nos adversaires qui s'opposent farouchement à nos revendications légitimes. Pour nous, tant qu'il y aura des criminels de guerre au sein de cette coalition gouvernementale, nous demeurerons vigilantes… Nous avons peur qu'après le départ des correspondants de presse, des chaînes de T.V., des ONG et des troupes étrangères, l'oppression s'abatte de nouveau sur notre mouvement et sur le
peuple afghan”.
Les droits en Islam
Quelle est la position de Rawa par rapport à l'Islam ? Elle s'en explique : L'Islam n'a jamais été et n'est pas contre l'émancipation de la femme, bien au contraire car il lui reconnaît les droits à l'enseignement, au travail et aux soins.
Cependant, des extrémistes ont tenté et tentent encore d'interpréter différemment le message de l'Islam, à des fins inavouées. Mme Sahar Saba réitère la volonté de son mouvement de lutter davantage contre les mouvements extrémistes pour que l'homme et la femme afghans recouvrent tous leurs droits. Et pour la présence étrangère en Afghanistan ? Selon la militante, son pays était autrefois occupé par les Soviétiques, et aujourd'hui, par les Américains. Mais, dit-elle, ce sont deux choses différentes.
“Notre mouvement est par principe, contre toute occupation étrangère de l'Afghanistan. Les USA se considèrent les maîtres des Taliban, ce sont les USA qui ont aidé matériellement ce mouvement extrémiste pour chasser les Soviétiques d'Afghanistan. Aujourd'hui, devant le volte-face des Taliban, et depuis les attentats du 11 septembre dernier, les Américains, en tant que maîtres, sont venus punir leurs élèves…”. La militante a exprimé ensuite sa déception devant l'attitude des Américains qui n'étaient pas sincères vis-à-vis du peuple afghan. Ce dernier est victime du conflit entre les USA et les Taliban.
“Où étaient les Américains, avant le 11 septembre 2001, quand nous étions opprimés par les Taliban ? Victimes du terrorisme ?”. Quant aux chefs des factions qui se disputent le pouvoir en Afghanistan, elle les accuse d'être des criminels de guerre qui devraient être jugés comme leurs semblables en Yougoslavie et au Rwanda. Campagnes de sensibilisation des femmes pour qu'elles recouvrent leurs droits économiques, culturels et politiques, Rawa y consacre toute son énergie même si ce mouvement n'agit pas au grand jour vu la situation encore confuse dans le pays. Elle espère voir son pays retrouver sa stabilité politique et le retour de millions de réfugiés qui ont tellement besoin d'une assistance urgente pour réintégrer leurs foyers et vivre dans un pays démocratique.
