Bien que l'amazigh, langue berbère essentiellement orale, n'est pas été protégé par l'écriture, il a traversé l'espace et le temps, résisté à tous les avatars et s'est porté en conquérant jusqu'aux profondeurs de l'Afrique et aux îles Canaries. Il s'est mêlé à la romanité africaine et accompagna l'Islam depuis son arrivée au Maghreb au VIIè siècle. Il a servi de médium oral principal à l'islamisation des Imazighens ou «Berbères», au point que ceux-ci se sont passés, pour ce faire, de l'arabe, langue sacrée du Coran, sauf pour y puiser les préceptes coraniques par spécialistes interposés. Ce n'est peut-être pas un hasard si les Imazighes les moins ou non arabisés restent aujourd'hui, comme hier, les plus fervents musulmans du Maghreb. Si bien que la langue amazighe ait assimilé pour 30% environ les termes religieux arabisés et inversement. Au demeurant, l'amazighité fut la première à porter l'Islam au cœur de l'Europe dès le VIIIè siècle, via Gibraltar ou «Jabal Tarik» du nom du chef berbère, Tarik Ibn Zyad. Il en fut de même avec les Almoravides et les Almohades du XIè au XIIIè siècle, comme en témoigne encore l'imposante architecture des «trois sœurs» : la Giralda de Séville en Espagne, la Tour Hassan de Rabat et la Koutoubia de Marrakech, situées toutes, à dessein, sur une même ligne géométrique. Enfin, face au colonialisme, les Imazighens se sont distingués par leur farouche résistance à l'occupation coloniale. Ils ont aussi payé le prix le plus fort dans une lutte sans merci pour l'indépendance, aussi bien en Algérie qu'au Maroc. Et leurs «izlanes», poèmes de résistance, restent comme l'une des composantes orales de la littérature maghrébine la plus authentique. Actuellement, la chanson amazigh, bercée au diapason des vents de l'Atlas ne renonce jamais aux hauteurs de ses cimes. Mais grâce à la radio, la télévision et les minicassettes, elle pénètre jusqu'aux demeures maghrébines les plus raffinées des grandes agglomérations urbaines. Elle traverse enfin la Méditerranée, accompagnant l'émigration dans sa solitude et, plus encore, se mêlant triomphalement aux rythmes universels.
Cependant l'amazighité eut à souffrir de jeux et d'enjeux politiques contradictoires, qui la dépassent, aussi bien pendant qu'après la colonisation. Pendant la colonisation, elle fut l'objet, bien malgré elle, de sollicitudes coloniales particulières dans un dessein inavoué de diviser pour régner. Après la colonisation, les partis nationalistes, échaudés par cette aventure, ont exclu l'amazighité de leur programme et de leur perspective.
Et, compte tenu du climat passionnel qui régnait alors, toute intervention prenait vite une tournure de suspicion. Nous pouvons en témoigner dans la mesure où nous avons pu, bien à notre dérianent, être l'un des premiers chercheurs à dénoncer cette négation, il y a déjà plus d'un quart de siècle, dans une étude universitaire publiée par la revue «Tiers-Monde» en décembre 1974. Mais, face à une telle injustice, de nombreuses associations se sont mobilisées pour défendre la dignité amazighe, non sans quelques dérives, notamment en Algérie. Il n'en a pas fallu plus, cependant, pour que les partis et les hommes politiques les plus récalcitrants d'hier vis-à-vis de la langue et de la culture amazighes deviennent parfois leur plus fervents défenseus. Non sans surenchère ni démagogie, à qui mieux. D'autant que l'écrasante majorité des Maghrébins, peut être plus de 80%, bien qu'ils soient pour moitié arabisés, pourrait être d'origine amazighe. Et les amazighophones, réels ou ponctuels, seraient actuellement quelque 20 à 30% en Algérie et 40 à 50% au Maroc.
Attentifs à ces réalités, les pouvoirs publics maghrébins en ont tiré la leçon. En Algérie, un Conseil supérieur de l'amazighité est nommé auprès du président de la République, parallèlement à la mise en place d'un enseignement expérimental en Kabylie. Au Maroc, S.M. le Roi Mohammed VI, reprenant les termes d'un discours, remontant au 20 août 1994, de son père feu S.M. Hassan II, a confirmé dans son discours du Trône le 30 juillet 2001, l'amazighité comme une composante essentielle de l'identité marocaine. Il décide la création d'un Institut royal pour la culture amazighe dont la mission, entre autres, sera «la conception, la préparation et le suivi du processus d'intégration de l'amazigh dans le système d'enseignement». C'est ce qui paraît réalisable et même généralisable à toutes les populations scolaires, amazighophones ou non, comme matière enseignée sans exclusive, grâce à de récentes méthodes. En particulier celle de l'académicien marocain, Mohamed Chafik qui, par souci de continuité historique, psychologique et sociologique, emprunte les caractères arabes pour écrire l'amazilgh. Caractères qui étaient ponctuellement utilisés dans le passé et qui semblent mieux adaptés pour une langue chamito-sémitique de la même ascendance que l'arabe.
En définitive, ces dispositions inédites d'ouverture pédagogique pour un idiome, l'amazigh, dépourvu jusqu'ici d'écriture permanente, marquent un triomphe de la raison, de l'équité et du sens du partage. Surtout qu'elles n'entament en rien l'officialité ancestrale qui remonte à 14 siècles, de l'arabe standard langue fédératrice dans tous les domaines : éducatifs, administratifs, politiques, spirituels et civilisationnels.
Cependant l'amazighité eut à souffrir de jeux et d'enjeux politiques contradictoires, qui la dépassent, aussi bien pendant qu'après la colonisation. Pendant la colonisation, elle fut l'objet, bien malgré elle, de sollicitudes coloniales particulières dans un dessein inavoué de diviser pour régner. Après la colonisation, les partis nationalistes, échaudés par cette aventure, ont exclu l'amazighité de leur programme et de leur perspective.
Et, compte tenu du climat passionnel qui régnait alors, toute intervention prenait vite une tournure de suspicion. Nous pouvons en témoigner dans la mesure où nous avons pu, bien à notre dérianent, être l'un des premiers chercheurs à dénoncer cette négation, il y a déjà plus d'un quart de siècle, dans une étude universitaire publiée par la revue «Tiers-Monde» en décembre 1974. Mais, face à une telle injustice, de nombreuses associations se sont mobilisées pour défendre la dignité amazighe, non sans quelques dérives, notamment en Algérie. Il n'en a pas fallu plus, cependant, pour que les partis et les hommes politiques les plus récalcitrants d'hier vis-à-vis de la langue et de la culture amazighes deviennent parfois leur plus fervents défenseus. Non sans surenchère ni démagogie, à qui mieux. D'autant que l'écrasante majorité des Maghrébins, peut être plus de 80%, bien qu'ils soient pour moitié arabisés, pourrait être d'origine amazighe. Et les amazighophones, réels ou ponctuels, seraient actuellement quelque 20 à 30% en Algérie et 40 à 50% au Maroc.
Attentifs à ces réalités, les pouvoirs publics maghrébins en ont tiré la leçon. En Algérie, un Conseil supérieur de l'amazighité est nommé auprès du président de la République, parallèlement à la mise en place d'un enseignement expérimental en Kabylie. Au Maroc, S.M. le Roi Mohammed VI, reprenant les termes d'un discours, remontant au 20 août 1994, de son père feu S.M. Hassan II, a confirmé dans son discours du Trône le 30 juillet 2001, l'amazighité comme une composante essentielle de l'identité marocaine. Il décide la création d'un Institut royal pour la culture amazighe dont la mission, entre autres, sera «la conception, la préparation et le suivi du processus d'intégration de l'amazigh dans le système d'enseignement». C'est ce qui paraît réalisable et même généralisable à toutes les populations scolaires, amazighophones ou non, comme matière enseignée sans exclusive, grâce à de récentes méthodes. En particulier celle de l'académicien marocain, Mohamed Chafik qui, par souci de continuité historique, psychologique et sociologique, emprunte les caractères arabes pour écrire l'amazilgh. Caractères qui étaient ponctuellement utilisés dans le passé et qui semblent mieux adaptés pour une langue chamito-sémitique de la même ascendance que l'arabe.
En définitive, ces dispositions inédites d'ouverture pédagogique pour un idiome, l'amazigh, dépourvu jusqu'ici d'écriture permanente, marquent un triomphe de la raison, de l'équité et du sens du partage. Surtout qu'elles n'entament en rien l'officialité ancestrale qui remonte à 14 siècles, de l'arabe standard langue fédératrice dans tous les domaines : éducatifs, administratifs, politiques, spirituels et civilisationnels.
