Menu
Search
Mardi 30 Décembre 2025
S'abonner
close
Mardi 30 Décembre 2025
Menu
Search

L'apprentissage de la citoyenneté

Se mêlant avec le civisme, être un citoyen implique de connaître le fonctionnement de la démocratie, et suppose l'envie chez tous d'être de "bons citoyens", par exemple en exauçant leur devoir électoral. La citoyenneté, c'est alors la participation intell

No Image
Par extension, la citoyenneté englobe avec une emphase particulière l'ensemble des comportements et attitudes de respect d'autrui, de leurs biens et du bien public. Le terme citoyen exprime la montée d'une préoccupation sociale concernant notamment les comportements des jeunes concernant les actes d'incivilité.
Le manque de respect et l'incivisme prennent petit à petit la place des valeurs qui faisaient l'honneur de notre société; cela ne sera jamais porteur de promesses ni d'avenir.
Le respect d'autrui est une valeur morale inscrite en chacun de nous, qui devrait nous rappeler à l'ordre lorsqu'elle est transgressée. Malheureusement, l'équilibre d'une vie au sein d'une collectivité est, souvent, rompu par un esprit individualiste de plus en plus prononcé. Au quotidien, de nombreux exemples dénoncent cet état de fait.
A Casablanca par exemple, on ne se scandalise plus de l'incivisme et du manque total de respect chez les automobilistes.
Les arrêts en double file (sans feux de détresse), les panneaux-stop non respectés, les priorités brûlées, sans parler des doigts d'honneur ou des menaces de violence sont le quotidien de quiconque parcours la ville en voiture.
C'est à un point tel qu'on n'ose plus manifester sa désapprobation face à l'insolence d'un chauffard de peur de s'exposer à des insultes, des gestes obscènes…
Pour Abdou, analphabète et mécanicien de son état: "il existe différentes formes actuelles d'incivisme : un tel fume dans le bus ou jette ses mégots en pleine rue. Une telle laisse son chien faire ses besoins au beau milieu du trottoir. Tel cycliste fonce au cœur de la zone piétonne.
Telle communicatrice vous fait subir une bruyante conversation privée sur son portable, etc... Pour ma part, j'essaie d'appliquer quelques règles élémentaires d'hygiène ou de discrétion : j'utilise les poubelles publiques, ne laisse jamais tourner mon moteur devant mon garage de peur d'incommoder ou de réveiller mes voisins... hchouma bazaf.
Le vrai problème ce n'est pas de dénoncer l'incivisme mais de réfléchir et de travailler ensemble à un retour du civisme quotidien c'est-à-dire tout simplement au respect de l'autre".
Le terme "citoyen" reçoit aussi une connotation plus politique, il exprime une réaction de désapprobation à l'égard de certaines prises de positions et sans toujours l'identifier ouvertement voudrait véhiculer des valeurs comme la tolérance et combattre l'exclusion et la haine.
En dépit d'une certaine dissemblance sémantique, le terme "citoyenneté" concerne toujours le contrat social et le respect des valeurs permettant d'être-ensemble au sein de la société. A une époque où des comportements et des opinions se répandent, traduisant le malaise social, la préoccupation citoyenne apparaît comme une exigence. La fréquence du terme dans le discours social exprime l'intensité de cette préoccupation. Développer la citoyenneté chez tous les membres de la société pour en faire des citoyens responsables et respectueux des valeurs intrinsèques apparaît comme un objectif social de première importance pour préserver la cohésion sociale.
Ce combat passe par une régénération et un renouvellement du rôle de l'Etat, au bénéfice de citoyens responsabilisés. Les décideurs politiques doivent proposer aux citoyens une idée simple et forte, celle du "juste gouvernement" articulé autour de trois axes d'action: des citoyens investis et responsables, un Etat efficace et consciencieux recentré sur les tâches fondamentales et un jeu institutionnel clarifié.
Responsabiliser les citoyens, c'est aussi et surtout rendre à tout un espace d'initiative et d'imagination, trop mal ordonné aujourd'hui. C'est leur faire confiance dans les grands combats de notre époque: comment par exemple engager une lutte victorieuse contre la délinquance, la pauvreté et l'exclusion, sans commencer par faire appel aux parents, aux enseignants, aux médecins ou aux associations ? Comment espérer créer de l'emploi sans chercher d'abord à supprimer les obstacles de toutes sortes qui bornent le parcours d'un créateur d'entreprise ?
La véritable mission de l'homme politique n'est pas, comme on a pu parfois l'imaginer, être le gestionnaire avisé des contradictions sociales, en homme de compromis. Au contraire, il est appelé aujourd'hui et plus que jamais à proposer à la société des choix nouveaux.
L'école, lieu d'apprentissage du civisme
Le civisme désigne les "vertus" du citoyen, par exemple l'attachement au bien commun, le respect des obligations (payer ses impôts), l'exercice des droits du citoyen ("voter est un droit, c'est aussi un devoir civique"). Il faut donc éviter de confondre les comportements civiques et la citoyenneté. On peut payer scrupuleusement ses impôts et ne pas exercer de façon active ses prérogatives de citoyen (participation au débat public sur les grands enjeux politiques, éventuellement engagement dans l'action individuelle ou collective pour influencer la décision politique).
Voilà aussi l'une des missions majeures et considérables de l'école d'aujourd'hui et de demain.
C'est sa raison d'être institutionnelle, et c'est également le moyen de réguler les tensions de la société. Elle prend aujourd'hui une étendue nouvelle face aux exclus, aux jeunes en difficulté, à ceux qui, justement, "manifestent" et s'expriment par des comportements de rejet ou de délinquance le sentiment d'être marginalisés. Cependant, le manque de civisme se trouve aussi chez des jeunes de milieux nantis qui considèrent d'abord leurs études comme le moyen de gagner confortablement une vie et qui ne se soucient pas du bien commun. Plus généralement, et en se gardant de dramatiser, la dilution des références à tous les niveaux, familiaux, politiques, sociaux, culturels, fait de l'école le lieu majeur et exceptionnel de l'apprentissage de la loi, du respect de l'Etat de droit et de la solidarité. Et il ne s'agit pas seulement, pour résoudre ces questions, d'administrer une plus forte dose d'instruction civique.
La citoyenneté recouvre un ensemble de droits et d'obligations vis-à-vis d'autrui. L'opposition courante entre droits et devoirs recouvre, elle, une confusion entre l'aspect juridique des droits et l'aspect moral des devoirs.
Cet ensemble peut s'apprendre de façon théorique dans des cours d'instruction civique. Un tel enseignement est, certes, nécessaire, mais à condition qu'il soit dispensé aux âges et aux moments auxquels il peut avoir un sens pour les élèves. En particulier, il serait bon qu'ils acquièrent quelques notions de droit pour comprendre les problèmes de la vie sociale et politique. Mais cet enseignement ne suffit pas et, dans la mesure où il est souvent transmis par des spécialistes, on pourrait croire qu'il ne concerne pas les autres enseignants.
L'éducation civique n'est pas une discipline comme les autres, et n'est peut-être pas du tout une discipline, si on entend par là enseignants spécialisés, horaire hebdomadaire, programmes détaillés. En tout cas, son enseignement ne peut se limiter à des contenus, si importants soient-ils. Apprendre à argumenter, à réfuter les arguments des autres en s'appuyant sur des faits plutôt que sur des sentiments ou des impressions, apprendre aussi à analyser un texte ou un discours, prendre du recul vis-à-vis des images que véhiculent les médias et la publicité, tout cela est également important et peut se faire dans toutes les disciplines. De même, ce sont tous les membres de l'équipe éducative, et non quelques spécialistes, qui doivent se comporter en citoyens et aider les élèves à le devenir. Mais attention : lorsqu'une responsabilité incombe à tous, elle finit par n'être plus exercée par personne ! Au-delà, et avant tout, la citoyenneté est un comportement. Comme tout comportement, il s'apprend activement par la pratique, et son acquisition peut être remise en cause par l'observation de comportements contraires. Si maisons de jeunes et clubs à participation volontaire sont utiles, l'apprentissage de la citoyenneté ne peut se limiter à des activités et à des zones qui restent en marge des actes éducatifs fondateurs. Il doit être présent dans la vie de l'établissement et dans celle de la classe.
Lisez nos e-Papers