Aujourd'hui encore, les Indiens du Pérou célèbrent les naissances en posant leurs nouveau-nés sur le sol de façon que Pacha Mama, la terre mère, puisse les bercer.
Les Indiens d'Amérique ne sont pas les seuls à avoir vénéré la terre comme une puissance maternelle. On la trouve magnifiée dans la poésie d'Homère :
«Concernant la Terre, la mère de tous, je chanterai la bonne terre, aimée de tous les dieux, qui nourrit toutes choses en ce monde».
Pour les religions monothéistes, si la terre a été façonnée par Dieu, l'homme à son tour est né de la terre. Le rapprochement du nom d'Adam avec adim, qui désigne la terre, a été depuis longtemps relevé.
Au-delà de la terre, c'est la nature entière qui est sanctifiée dans la majorité des croyances religieuses.
Dans l'épopée du Bhagavad-gita, le grand livre religieux des Hindous, Dieu ne se contente pas de se refléter dans la nature ; Dieu est la nature : «C'est sur moi que repose cet univers, comme des grappes de perles sur un fil, proclame le Bienheureux. Je suis le goût de l'eau… Je suis l'éclat de la lune et du soleil…La bonne odeur de la terre… Des étendues d'eau, je suis l'Océan : je suis le varna (dieu) des créatures aquatiques… Je suis le dauphin des monstres des eaux; des fleuves, je suis le Gange».
Pour Lao-Tse, fondateur du taoïsme, le bien, l'éternité même, résident dans l'accord entre l'homme et la nature :
«Etant en accord avec la nature, le sage est en accord avec Tao. Etant en accord avec Tao, il est éternel; et sa vie tout entière est préservée du mal».
On retrouve la même idée dans la religion shintoïste qui prône de vivre en harmonie avec les forces de la nature. Le sanctuaire d'Isée, au Japon, le plus sacré des temples shintoïstes, est édifié sur un site où des rizières parfaitement cultivées vont jusqu'à la lisière de la forêt vierge : symbole de cohabitation harmonieuse entre le «sauvage» et le «cultivé».
Pour les religions monothéistes, la splendeur de la création reflète celle de Dieu. Le Coran développe puissamment cette idée, désignant ses propres versets et l'ensemble des éléments de la création par le même mot : âyât.
L'homme, «vicaire»de Dieu sur la terre, ne saurait attenter à la splendeur de la création (en massacrant des espèces entières, en transformant la nature en gigantesque poubelle) sans attenter au créateur lui-même, sans parler du mal qu'il s'inflige à lui-même.
L'importance vitale de l'eau, son rôle purificateur aux sens matériel et symbolique, se retrouvent dans toutes les croyances religieuses.
Les Egyptiens évoquaient un sombre océan primordial, Nou, et les Mésopotamiens des eaux primitives, Apsu. Les Hindous tiennent pour sacré le fleuve du Gange. Pour la Bible : «L'Esprit de Dieu planait sur la surface des eaux». Le Coran enseigne : «De l'eau nous avons crée toute chose vivante».
Matrice de la vie, l'eau a été aussi l'instrument de Dieu pour châtier les mécréants, en les noyant dans le Déluge. Le symbolisme de l'arche de Noé proclame le caractère sacré de la vie animale.
Le Seigneur a dit à Noé : «De chaque bête saine tu prendras avec toi le mâle et la femelle pour maintenir vivante sa semence à la surface de la terre».
Lors du déluge, la première obligation de l'humanité, telle que Dieu l'a fixée, était de préserver la diversité de la vie, de s'assurer que pas une seule espèce ne disparaîtrait. Le fait que Dieu ait confié cette tâche au seul homme vertueux ne fait que souligner la solennité de ce commandement.
Unité du vivant
On sait, d'autre part, la vénération que porte le bouddhisme à toute forme de vie, aussi humble fût-elle. Les Bouddhistes vont même jusqu'à enseigner que la détérioration de l'environnement s'accompagne de détérioration morale de l'homme.
Le grand sage de la Chine, Confucius, a écrit ces phrases admirables :
«Il ne s'agit pas que l'homme, parce qu'il est doté de la plus haute intelligence, se retrouve seul dans l'univers. Son esprit est aussi celui des oiseaux et des bêtes, de l'herbe et des arbres».
Si nous revenons à la fin du déluge, nous trouvons une indication des plus importantes. A ce moment-là en effet, c'est à la planète entière que Dieu offre le splendide symbole de son engagement :
«Je mettrai mon arc (l'arc-en-ciel) dans les nuées afin qu'il soit le signe d'Alliance que j'ai faite avec la terre».
Les fidèles des religions monothéistes ont peut-être intérêt à mieux méditer aujourd'hui cette «nouvelle alliance». Car une interprétation trop littérale du statut de l'homme comme «vicaire» de Dieu sur terre, pourrait conduire certains à justifier un comportement de l'homme comme maître sans freins de la nature, pour qui toutes les autres créatures seraient soumises de droit et sans limites à ses désirs et sa puissance. La science moderne est là pour rappeler à l'homme qu'il est le fruit d'une évolution qui a duré des millions d'années, qu'il est une partie constitutive de la nature.
L'interrogation de Théodore Monod est à cet égard exemplaire. Ce grand naturaliste est à la fois profond croyant, a exprimé l'angoisse que lui causait le destin métaphysique de l'animal.
N'aurait-il été créé que pour être sacrifié aux besoins de l'homme? Celui-ci serait-il la seule créature vivante à mériter la survie dans l'au-delà? Pour le naturaliste si profondément imprégné de l'unité du vivant, ce privilège métaphysique constituait un scandale et devait interpeller les croyants, particulièrement ceux des religions monothéistes.
Sans aller à des interrogations d'une telle ampleur, on peut dire que le problème de l'environnement constitue un très vaste et riche domaine où science et foi peuvent confronter de façon utile leurs conceptions respectives.
Les Indiens d'Amérique ne sont pas les seuls à avoir vénéré la terre comme une puissance maternelle. On la trouve magnifiée dans la poésie d'Homère :
«Concernant la Terre, la mère de tous, je chanterai la bonne terre, aimée de tous les dieux, qui nourrit toutes choses en ce monde».
Pour les religions monothéistes, si la terre a été façonnée par Dieu, l'homme à son tour est né de la terre. Le rapprochement du nom d'Adam avec adim, qui désigne la terre, a été depuis longtemps relevé.
Au-delà de la terre, c'est la nature entière qui est sanctifiée dans la majorité des croyances religieuses.
Dans l'épopée du Bhagavad-gita, le grand livre religieux des Hindous, Dieu ne se contente pas de se refléter dans la nature ; Dieu est la nature : «C'est sur moi que repose cet univers, comme des grappes de perles sur un fil, proclame le Bienheureux. Je suis le goût de l'eau… Je suis l'éclat de la lune et du soleil…La bonne odeur de la terre… Des étendues d'eau, je suis l'Océan : je suis le varna (dieu) des créatures aquatiques… Je suis le dauphin des monstres des eaux; des fleuves, je suis le Gange».
Pour Lao-Tse, fondateur du taoïsme, le bien, l'éternité même, résident dans l'accord entre l'homme et la nature :
«Etant en accord avec la nature, le sage est en accord avec Tao. Etant en accord avec Tao, il est éternel; et sa vie tout entière est préservée du mal».
On retrouve la même idée dans la religion shintoïste qui prône de vivre en harmonie avec les forces de la nature. Le sanctuaire d'Isée, au Japon, le plus sacré des temples shintoïstes, est édifié sur un site où des rizières parfaitement cultivées vont jusqu'à la lisière de la forêt vierge : symbole de cohabitation harmonieuse entre le «sauvage» et le «cultivé».
Pour les religions monothéistes, la splendeur de la création reflète celle de Dieu. Le Coran développe puissamment cette idée, désignant ses propres versets et l'ensemble des éléments de la création par le même mot : âyât.
L'homme, «vicaire»de Dieu sur la terre, ne saurait attenter à la splendeur de la création (en massacrant des espèces entières, en transformant la nature en gigantesque poubelle) sans attenter au créateur lui-même, sans parler du mal qu'il s'inflige à lui-même.
L'importance vitale de l'eau, son rôle purificateur aux sens matériel et symbolique, se retrouvent dans toutes les croyances religieuses.
Les Egyptiens évoquaient un sombre océan primordial, Nou, et les Mésopotamiens des eaux primitives, Apsu. Les Hindous tiennent pour sacré le fleuve du Gange. Pour la Bible : «L'Esprit de Dieu planait sur la surface des eaux». Le Coran enseigne : «De l'eau nous avons crée toute chose vivante».
Matrice de la vie, l'eau a été aussi l'instrument de Dieu pour châtier les mécréants, en les noyant dans le Déluge. Le symbolisme de l'arche de Noé proclame le caractère sacré de la vie animale.
Le Seigneur a dit à Noé : «De chaque bête saine tu prendras avec toi le mâle et la femelle pour maintenir vivante sa semence à la surface de la terre».
Lors du déluge, la première obligation de l'humanité, telle que Dieu l'a fixée, était de préserver la diversité de la vie, de s'assurer que pas une seule espèce ne disparaîtrait. Le fait que Dieu ait confié cette tâche au seul homme vertueux ne fait que souligner la solennité de ce commandement.
On sait, d'autre part, la vénération que porte le bouddhisme à toute forme de vie, aussi humble fût-elle. Les Bouddhistes vont même jusqu'à enseigner que la détérioration de l'environnement s'accompagne de détérioration morale de l'homme.
Le grand sage de la Chine, Confucius, a écrit ces phrases admirables :
«Il ne s'agit pas que l'homme, parce qu'il est doté de la plus haute intelligence, se retrouve seul dans l'univers. Son esprit est aussi celui des oiseaux et des bêtes, de l'herbe et des arbres».
Si nous revenons à la fin du déluge, nous trouvons une indication des plus importantes. A ce moment-là en effet, c'est à la planète entière que Dieu offre le splendide symbole de son engagement :
«Je mettrai mon arc (l'arc-en-ciel) dans les nuées afin qu'il soit le signe d'Alliance que j'ai faite avec la terre».
Les fidèles des religions monothéistes ont peut-être intérêt à mieux méditer aujourd'hui cette «nouvelle alliance». Car une interprétation trop littérale du statut de l'homme comme «vicaire» de Dieu sur terre, pourrait conduire certains à justifier un comportement de l'homme comme maître sans freins de la nature, pour qui toutes les autres créatures seraient soumises de droit et sans limites à ses désirs et sa puissance. La science moderne est là pour rappeler à l'homme qu'il est le fruit d'une évolution qui a duré des millions d'années, qu'il est une partie constitutive de la nature.
L'interrogation de Théodore Monod est à cet égard exemplaire. Ce grand naturaliste est à la fois profond croyant, a exprimé l'angoisse que lui causait le destin métaphysique de l'animal.
N'aurait-il été créé que pour être sacrifié aux besoins de l'homme? Celui-ci serait-il la seule créature vivante à mériter la survie dans l'au-delà? Pour le naturaliste si profondément imprégné de l'unité du vivant, ce privilège métaphysique constituait un scandale et devait interpeller les croyants, particulièrement ceux des religions monothéistes.
Sans aller à des interrogations d'une telle ampleur, on peut dire que le problème de l'environnement constitue un très vaste et riche domaine où science et foi peuvent confronter de façon utile leurs conceptions respectives.
