La diplomatie de la canonnière

Sans doute les autorités espagnoles confondent-elles les îles Malouines avec l'îlot Leïla. Sans doute, se croient-elles revenues en 1982 et pourquoi pas, d'ailleurs, en 1912. Il n'est pas interdit de rêver au temps où les puissances coloniales dépeçaient

Les pouvoirs publics marocains ont estimé nécessaire d'y installer une quinzaine de gendarmes pour mieux lutter contre l'immigration illégale - que l'Espagne nous accuse de favoriser - et contre le terrorisme - que l'Espagne affirme combattre.
Voilà une «agression» que certains, de l'autre côté du Détroit, ne supportent pas : de quel droit les Marocains pourraient-ils se prévaloir pour oser installer une base (quinze hommes et deux tentes) sur un îlot à quelques brasses de leur côte ?
Comme le ridicule ne tue plus, les nostalgiques du bombé du torse dépêchent la grande Armada à un jet de pierre des «envahisseurs». Un peu de sang-froid, amis Ibériques. Les Marocains sont tout à leur joie de fêter le mariage de leur Souverain; ils ne nourrissent aucune arrière-pensée. Ils souhaitent entretenir les relations les meilleures possibles avec leur voisin du Nord et restent conscients des enjeux de la stabilité de cette région du monde. Ils n'ont pas pour habitude de jouer avec le feu.
Pour paisibles qu'ils soient, les Marocains entendent jouir du respect de leurs amis et s'irritent de les voir s'agiter à l'excès.
La diplomatie de la canonnière a eu son temps. Peut-être conviendrait-il de s'en souvenir.

LE MATIN | 15 Juillet 2002 À 21:04