La nicotine tuerait les bébés

Les méfaits du tabac sur le fœtus et le nourrisson sont actuellement bien connus. Pourtant, et en dépit de ces risques palpables, nombreux sont les jeunes qui s'adonnent à la cigarette, y compris les jeunes filles et femmes enceintes. Toutes les études épidémiologiques ont montré que le tabagisme, en cours de la grossesse, augmente le risque de mort subite du nourrisson. Le risque serait même 3 à 4 fois plus élevé que celui pour un nourrisson de mère non fumeuse. Une récente étude qui confirme ce que l'on sait déjà, explique clairement comment la fumée inhalée par la mère peut atteindre le fœtus, altérer ses réflexes respiratoires et conduire au décès. En effet, cette étude publiée mardi dernier dans les compte-rendus de l'Académie des sciences américaine (PNAS) apporte une explication quant à la relation qui existe entre nicotine et cas de mort subite du nourrisson, indiquant que c'est là l'une des principale cause de mortalité des bébés. Les auteurs argumentent ces conclusions par le biais de travaux réalisés sur les souris qui ont montré, en l'occurrence que l'implication d'un récepteur de la nicotine dans la régulation des réflexes respiratoires, destinés à prévenir l'arrêt respiratoire pendant le sommeil... Lorsque ces réflexes sont altérés, un manque d'oxygène peut survenir durant le sommeil et exposerait à de courtes pauses respiratoires voire à l'arrêt respiratoire et au décès. Les mêmes scientifiques indiquent ainsi que «que le manque d'oxygène pendant le sommeil, qui peut survenir spontanément sous forme de brèves pauses respiratoires (apnées), déclenche normalement une puissante excitation cardio-respiratoire et l'éveil. Si cette réponse protectrice réflexe est altérée, l'apnée et l'hypoxie sont exacerbées et peuvent conduire à l'arrêt respiratoire, cause probable du syndrome de mort subite du nourrisson». Ils espèrent «clarifier le rôle joué par le récepteur nicotinique impliqué, ce qui pourrait, selon eux, aider au développement d'approches thérapeutiques permettant de prévenir le syndrome de mort subite du nourrisson en traitent les nouveau-nés à risque». Ceci dit, si nous pouvions supprimer toute fumée de cigarette de l'environnement des bébés, la mort chuterait de 81%. Rappelons par ailleurs qu' une autre étude britannique avait montré que les parents qui fument en présence de leurs enfants sont responsables de la moitie des cas de mort subite du nourrisson. Plus de 60% des cas de mort subite du nourrisson pourraient êtres évités si les fumeurs s'abstenaient de fumer en présence des bébés et des femmes enceintes. L'étude montre également que 62% des mères de bébés décédés de mort subite du nourrisson fumaient contre 25% seulement des autres mères. D'autres causes ont été retenues jusqu'ici pour expliquer le décès du nourrisson apparemment en bonne santé notamment le couchage sur le dos, les matelas trop mous, l'utilisation des oreillers et couettes ou encore une température ambiante trop élevée.