Pas de panique ! Ce n'est pas une invasion ou, du moins, pas encore. Aux dernières nouvelles, nul risque n'est à craindre. A preuve, aucune mesure spéciale n'a été prise au niveau officiel pour éradiquer le mal. Lequel ? La prolifération des rats, ces petits mammifères que les spécialistes qualifient de «rongeurs» ; voire de « muridés». Le commun des mortels n'a certes cure de ces dénominations. Seul le dégoût et une peur chevillée au corps accompagne l'évocation de ces « mulots ». La raison ? Le rat est non seulement laid et sale, mais il vit aussi dans des endroits pour le moins peu ragoûtants. Notamment au sein des égouts et des lieux clos et sombres. Pis, il a été à l'origine des plus grandes épidémies du Moyen Age : la peste. Provoquée par une bactérie affublée du doux nom de « Yersinia Pestis », ce mal est transmis par une puce, mais pas n'importe laquelle: la puce du rat. Maladie vieille comme le monde, la peste demeure, malheureusement endémique dans de nombreux pays d'Afrique, d'Amérique et d'Asie. Au cours de la dernière décennie et selon l'Organisation mondiale de la santé, l'Afrique aurait notifié 76,2 % des cas de peste répertoriés à travers le monde et 81,8 % des décès. Le Maroc ne fait pas partie, grâce à Dieu des pays touchés et les maladies endémiques les plus répandues au niveau de la région du grand Casablanca ne sont autres que la rougeole (95 cas en 2000), la syphilis (124 cas), la conjonctivite (4504 cas) et l'hépatite virale (317 cas). Pas de risque donc que l'actuelle prolifération des rats ne se traduise par la réapparition du « taôune », cette peste dont le souvenir s'est définitivement estompé de la mémoire collective des Casablancais. Il n'en demeure pas moins que c'est la seconde fois en une vingtaine d'années que le phénomène a pris une telle ampleur. La première fois, ce fut au temps du déménagement du Marché de gros du quartier La Villette vers Ben M'Sick. Privés de nourriture, les mulots, rappelle-t-on avaient envahi les environs ; ce qui fait craindre aux habitants des quartiers voisins des anciens abattoirs municipaux - eux aussi déménagés vers une nouvelle destination - , de subir pareil phénomène. Il n'en a rien été jusqu'ici. Par contre, c'est au niveau de certains endroits huppés de la capitale économique que la prolifération de rats a commencé à inquiéter. Notamment aux quartiers de l'Oasis et Polo. «Jamais, je n'ai vu pareille chose. Les rats ont envahi mon jardin, j'en ai même découvert un dans la cuisine. C'est intenable ». Le ton grave de Fatima rappelle la frayeur que les femmes éprouvent généralement face à ce rongeur. «Des rats ? Je commence à en avoir à la maison. J'ai, certes, un chat, mais il refuse de faire son travail, aussi ai-je commencé à l'affamer». Fatima ne semble pas en être à sa première maltraitance d'animaux, comme le prouve la maigreur de ses deux chiens. Il n'en demeure pas moins qu'elle ne comprend pas pourquoi les différents raticides qu'elle a employés n'ont pas éradiqué le fléau. Pour se donner bonne conscience, elle ne peut s'empêcher de se rappeler le temps jadis où les services de la Ville organisaient des campagnes de dératisation. Une procédure dont les rubriques « hygiène » des budgets de fonctionnement des différentes communes de la Wilaya portent une indélébile trace jusqu'à aujourd'hui. Indépendamment de l'absence d'un engagement ferme et cohérent de la Lydec en la matière, c'est la carence quasi-totale des édiles qui est à l'origine du phénomène. Tout le monde sait, en effet, que les crédits inscrits à ce propos dans les budgets communaux ne sont pas utilisés dans des opérations de dératisation. Il serait donc temps qu'ils retrouvent leur destination première.
La prolifération de rats pose problème
L'absence de campagnes de dératisation a conduit à la prolifération de mulots dans certains quartiers huppés de la ville. Notamment l'Oasis et le Polo.
LE MATIN
|
03 Octobre 2002
À 18:11
