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Le cinéma hindou à l'épreuve du goût mondial

Une marge considérable de cinéphiles marocains sont des mordus des films hindous. Le passage au Maroc de Aamir Khan ainsi que le nombre important de films distribués dans nos salles, sont la meilleure preuve que nous ne pouvons rester indifférents à ce ph

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Qui aurait imaginé possible le raz-de-marée enclenché par le public marocain lors de la projection des films hindous, à l'occasion de la 2e édition du Festival international de Marrakech ? La qualité de l'accueil réservé à la grosse pointure du 7e art en Inde, le célèbre acteur du fameux film Lagaan, Aamir Khan, est en effet surprenante. Celui-ci a été fêté en grandes pompes, transporté sur une «Ammaria» et entouré d'une centaine de fans en délire. Une consécration symbolique, expliquant amplement l'admiration du public national pour un cinéma lointain, mais fortement présent sur l'échiquier de la conception globale de ce que le 7ème art représente pour la jeunesse marocaine. En effet, c'est la jeunesse qui semble être attirée par ce genre cinématographique grandiose dans ses multiples facettes. Traduisant de somptueuses épopées d'amour, ponctuées par des chants et des danses bien rythmées et fortement colorées, les séquences indiennes font beaucoup d'effet sur les jeunes.
Mythe ou rêve
Après avoir reçu l'étoile de Marrakech au cinéma Rif, Aamir Khan fut abasourdi par la grande connaissance du public de ses chansons réalisées en hindou. Heureux et enchanté de la présence en chair et en os de cette star, le public marocain répétait avec enthousiasme les paroles qu'il ne connaissait que trop bien.
Bollywood ou le Hollywood de Bombay concentre une industrie inimaginable, en termes de chiffres et en termes de potentiel humain
(1 million de personnes) qui œuvrent d'arrache-pied pour l'évolution et la préservation du mythe ou du rêve. Il s'agit en effet de l'entretien d'un rêve qui ne se termine jamais, et qui englobe plusieurs critères totalement différents de ceux qui sont présents en Occident.
En Occident c'est le scénario, le réalisateur, les producteurs et puis les acteurs qui font le film. En Inde, les données changent complètement, et c'est l'acteur qui est le moteur de tout le film. Ce cinéma qui fait le tour du monde, faisant des chiffres d'affaires incroyables, comptant le nombre de spectateurs par milliards, brave tous les interdits. On a beau décerner au cinéma américain des Oscars, et le cinéma français des Césars, le cinéma hindou rafle la plus grande récompense : le nombre de spectateurs dans le monde se chiffre à 5 milliards. La production quant à elle déroute les experts internationaux du cinéma. Plus de 620 films produits chaque année, qui dit mieux ?
Un peu d'histoire
Quelques problèmes surgissent à l'horizon toutefois, le cinéma hindou enregistre de plus en plus de flops.
En 1990, 950 films hindous sont sortis des studios de Bombay, Madras ou Hyderabad. En 1998, le chiffre a baissé à 615. Sur les 115 films produits à Bollywood en 1997, seule une poignée ont été, financièrement parlant, profitables. En 1998, on a compté 38 flops sur 42 sorties. Il fallait donc agir, selon les critiques cinématographiques hindous pour sauver ce marché. Un relookage s'imposait tant sur le plan de l'écriture que des scénarios. Les cinéphiles étaient fatigués de revoir toujours les mêmes histoires. Et depuis cette prise de conscience, le cinéma hindou ne se contente plus de faire un carton au niveau des chiffres d'affaires, mais il est désormais à l'affût d'une reconnaissance internationale. Avec des traditions cinématographiques hors normes. En Inde, l'on s'active pour évincer le cinéma américain qui visiblement gagne de plus en plus de terrain. Des mesures draconiennes ont été adoptées comme l'arrêt de produire des films coûteux et sans public, et de réduire de surcroît les salaires exorbitants des stars pour relancer le cinéma hindou. Avec les 14000 salles de cinéma en Inde, et le fait que les Hindous sont de grands cinéphiles, les tentatives de le sauver de la crise se multiplient, et finiront certainement par apporter leurs fruits.
A titre exemple, l'arrivée au Maroc de l'interprète de Lagaan, Aamir Khan est une preuve que le cinéma indien commence à gagner ses galons comme un art crédible et talentueux. Cet intérêt se poursuit au Maroc, et le cinéma hindou sera convié lors de la 12è édition du festival du cinéma Méditerranéen, organisée du 28 mars au 4 avril.
Le cinéma «made in Bollywood » se fait une petite place en Europe et il est de plus en plus présent dans les grands festivals, en l'occurrence celui de Cannes.
On notera aussi que «Lagaan» a été le premier représentant du genre à l'affiche en France. Comme quoi avec les concepts de la mondialisation qui atteignent tous les domaines, il faut dire que le cinéma hindou ne sera plus déconsidéré comme naguère. Sa percée manifeste est désormais mondiale.
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