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Le prix du Grand Atlas 2002 couronne Mehdi Bennouna et Noureddine Zahi

Le Prix du Grand Atlas, qui récompense deux ouvrages publiés au Maroc, l'un en français, l'autre en arabe, a couronné jeudi au Salon du livre de Casablanca Mehdi Bennouna pour Héros sans gloire. Echec d'une révolution 1963-1973 (Tarik Editions) et Nouredd

Le prix du Grand Atlas 2002 couronne Mehdi Bennouna et Noureddine Zahi
Après les beaux livres, il y a deux ans, et la littérature l'année dernière, cette onzième édition du prix était consacrée aux essais. Le président du jury, le philosophe Mohamed Arkoun, a commencé par suggérer la création d'une quatrième rubrique dédiée à la traduction : « Il faut susciter un intérêt plus grand pour cette activité vitale pour la langue et la culture arabe qui, dans le combat pour suivre la pensée moderne, ont, il faut le reconnaître, un peu de retard.» a-t-il fait remarquer, avant de rappeler les critères qu'il avait observés, avec les six autres membres du jury, pour choisir parmi dix essais en français et neuf en arabe. Les ouvrages devaient être écrits pour un large public, traiter d'un sujet de société et observer une rigueur scientifique. Leur dernier souci a été de bien tenir compte de la réception que pourrait en faire le public marocain. «On n'a pas encore de tradition de la lecture au Maroc. Et des problèmes comme ceux qui concernent la religion sont sous-étudiés et souvent inabordés. Nous avons voulu encourager l'exploration de sujets tabous, controversés ou difficiles mais indispensables pour la connaissance de la société maghrébine. Et les essais répondent aux besoins de la société car ils viennent enrichir ses débats.»

Des lauréats choisis à l'unanimité

Verdict : Mehdi Bennouna pour Héros sans gloire. Echec d'une révolution 1963-1973 (Tarik Editions) pour la langue française. Un choix qui vient entériner celui de nombreux lecteurs car l'ouvrage, plébiscité par la presse, est depuis sa parution un succès en librairie. «Ce livre, écrit par un anthropologue, est le premier qui essaie d'esquisser une histoire du temps présent. Ce qui, alors que tous les acteurs sont là, peut susciter des passions.» a expliqué Mohamed Arkoun. «Et l'anthropologie est une science-clé pour déchiffrer nos sociétés. Je souhaite que tous les étudiants au Maroc connaissent ce livre pour s'imprégner de sa méthodologie».
Lauréat pour la langue arabe : Noureddine Zahi pour La Zawia et le parti politique (Afrique Orient). Car «la zawia est un pilier institutionnel de la société maghrébine. Et que l'auteur s'est intéressé aux conséquences que la culture de la zawia pouvait avoir sur les partis politiques aujourd'hui en remontant jusqu'au XVIe siècle. Alors que la littérature politologique qui nous inonde travaille en général sur une courte durée.» Si les sujets de ces deux livres ont ouvert des débats parmi les membres du jury, il n'y a apparemment eu ni polémique ni conflits. Chaque choix s'est imposé à l'unanimité. Sans compter que le Prix des libraires remis en marge du Prix du Grand Atlas, a également élu Mehdi Bennouna. En plus de ces francs succès, Mohamed Arkoun a tenu à signaler trois ouvrages au public : Les jeunes et les valeurs religieuses, fruit d'un travail collectif co-édité par Eddif et Codestria. «Parce qu'il pose un problème crucial qui touche l'enseignement de l'Islam aujourd'hui».Mention spéciale aussi pour Al Maarri ou les labyrinthes de la parole (Toubkal), car «Abdelfattah Kilito est un grand écrivain, mais il a déjà été primé, il faut laisser la place à d'autres…». Dernières félicitations tournées vers un sujet de grande actualité : Les berbères en Andalousie par Mohammed Hakki (Al Madaris). «Le Prix du Grand Atlas est devenu un élément essentiel de la culture nationale »a affirmé le ministre de la Culture, Mohamed Achâari, prenant à son tour la parole sur l'estrade en saluant le fait que l'Ambassade de France ait coordonné le prix et le Salon du livre de Casablanca. «Nous avons souhaité sortir ce prix de l'ambassade, a renchéri F. Grasset, Ambassadeur de France au Maroc, afin qu'il aille à la rencontre de son public.» Il a poursuivi en insistant sur le symbole du Grand Atlas qui, soutenant une culture commune, devrait encourager éditeurs, lecteurs, essayistes, poètes, romanciers, à participer aux sélections à venir. Chercher les lecteurs là où ils se trouvent, s'ouvrir à un public plus large ; les traductions prévues de l'arabe au français et du français à l'arabe devraient prolonger cette expansion. «Des lecteurs arabophones m'ont réclamé la traduction de Héros sans gloire, a expliqué Jamila Hassoune, libraire à Marrakech et membre du jury. Ce livre avait déjà du succès mais le primer, c'est l'occasion de le traduire». Et si chacun s'est étonné de l'unanimité provoquée par les deux lauréats, il n'en a pas moins été rappelé que ceux-ci devraient profiter de la traduction pour peaufiner leurs textes. Car selon Jamila Hassoune, «L'édition est jeune au Maroc. Elle progresse, mais il reste beaucoup de travail ».
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