Présentée depuis le 11 mai et jusqu'au 18 août à Londres, l'exposition Matisse-Picasso réunit 131 peintures et sculptures des deux monstres sacrés de la peinture du 20ème siècle. Le rassemblement de ces oeuvres, venant des quatre coins du monde, a pris sept ans.
Certains des tableaux présentés à la New Tate, immense centrale thermique reconvertie en temple de l'art moderne, n'ont jamais été vus en public, d'où un engouement exceptionnel. A peine inaugurée, l'exposition est présentée comme «l'événement (artistique) de l'année» par les médias londoniens.
Le calme et la sobriété de Matisse contre le bouillonnement créatif de Picasso, l'homme du nord contre le Méditerranéen : tout opposait les deux hommes et leur rivalité est entrée dans la légende.
Difficile d'imaginer des personnalités plus différentes. Né dans le nord de la France en 1869, de 12 ans l'aîné de Picasso (né dans le sud de l'Espagne en 1881), Matisse est un peintre reconnu, membre influent du mouvement fauviste, lorsqu'en 1906, il croise dans l'appartement parisien de Gertrude Stein celui qui deviendra son rival.
L'exposition a pour ambition de rendre le fascinant et ambigu «dialogue» entre les deux peintres, qui ne s'éteindra même pas avec la mort de Matisse, en 1954. Ainsi, «L'atelier ‘à la Californie'» de Picasso, en 1955, est un hommage aux «Intérieurs rouges» (1947-48) de Matisse. Et les «Femmes d'Alger, d'après Delacroix», peint la même année, renvoient aux Odalisques de Matisse.
«Lorsque Matisse est mort, il m'a laissé ses Odalisques en héritage», avait d'ailleurs répondu Picasso à quelqu'un qui lui en faisait la remarque.
Les curateurs ont sélectionné des toiles des deux vrais/faux rivaux, paysages, portraits et natures mortes, traitant de thèmes similaires. Le spectateur est invité à aller de l'un à l'autre, pour saisir nuances et similitudes dans, notamment, le dessin et l'utilisation de la couleur.
Au fil des toiles, présentées en miroir, il apparaît que l'audace et la modernité n'ont pas toujours été le fait de Picasso. Et qu'à l'inverse, Matisse n'était pas le plus classique des deux.
Touche-à-tout surdoué et remarquablement précoce, Picasso a beaucoup énervé Matisse. «A l'âge de 14 ans, a un jour déclaré Picasso, je pouvais dessiner comme Raphaël. Il m'a fallu une vie pour apprendre à dessiner comme un enfant».
Matisse, à l'inverse, sort 42ème à l'examen d'entrée à l'école des Beaux Arts, en 1895 et à 26 ans. Au même âge, Picasso aura fini ses périodes bleue et rose, sera sur le point d'inventer le cubisme.
En 1917, Matisse quitte Paris pour s'installer à Nice et l'engagement de Picasso dans le mouvement surréaliste éloigne un peu plus les deux hommes. Ils continuent cependant, par oeuvres interposées, à «dialoguer» avec passion, s'épiant, se copiant et s'admirant secrètement. «La leçon de piano» (1916) est l'interprétation du cubisme par Matisse, à laquelle répond Picasso avec ses «Trois musiciens» (1921).
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Matisse vit à Nice, Picasso à Paris. Après la Libération, Picasso multiplie les visites à Matisse avant de s'installer à Vallauris, près de chez lui, en 1948.
Apaisés, les deux hommes se sont enfin acceptés et ne cachent plus leur admiration respective, même s'ils ne seront jamais amis. «Personne n'a jamais regardé les peintures de Matisse plus attentivement que moi, dira Picasso. Et personne n'a regardé les miennes aussi attentivement que lui».
Certains des tableaux présentés à la New Tate, immense centrale thermique reconvertie en temple de l'art moderne, n'ont jamais été vus en public, d'où un engouement exceptionnel. A peine inaugurée, l'exposition est présentée comme «l'événement (artistique) de l'année» par les médias londoniens.
Le calme et la sobriété de Matisse contre le bouillonnement créatif de Picasso, l'homme du nord contre le Méditerranéen : tout opposait les deux hommes et leur rivalité est entrée dans la légende.
Difficile d'imaginer des personnalités plus différentes. Né dans le nord de la France en 1869, de 12 ans l'aîné de Picasso (né dans le sud de l'Espagne en 1881), Matisse est un peintre reconnu, membre influent du mouvement fauviste, lorsqu'en 1906, il croise dans l'appartement parisien de Gertrude Stein celui qui deviendra son rival.
L'exposition a pour ambition de rendre le fascinant et ambigu «dialogue» entre les deux peintres, qui ne s'éteindra même pas avec la mort de Matisse, en 1954. Ainsi, «L'atelier ‘à la Californie'» de Picasso, en 1955, est un hommage aux «Intérieurs rouges» (1947-48) de Matisse. Et les «Femmes d'Alger, d'après Delacroix», peint la même année, renvoient aux Odalisques de Matisse.
«Lorsque Matisse est mort, il m'a laissé ses Odalisques en héritage», avait d'ailleurs répondu Picasso à quelqu'un qui lui en faisait la remarque.
Les curateurs ont sélectionné des toiles des deux vrais/faux rivaux, paysages, portraits et natures mortes, traitant de thèmes similaires. Le spectateur est invité à aller de l'un à l'autre, pour saisir nuances et similitudes dans, notamment, le dessin et l'utilisation de la couleur.
Au fil des toiles, présentées en miroir, il apparaît que l'audace et la modernité n'ont pas toujours été le fait de Picasso. Et qu'à l'inverse, Matisse n'était pas le plus classique des deux.
Touche-à-tout surdoué et remarquablement précoce, Picasso a beaucoup énervé Matisse. «A l'âge de 14 ans, a un jour déclaré Picasso, je pouvais dessiner comme Raphaël. Il m'a fallu une vie pour apprendre à dessiner comme un enfant».
Matisse, à l'inverse, sort 42ème à l'examen d'entrée à l'école des Beaux Arts, en 1895 et à 26 ans. Au même âge, Picasso aura fini ses périodes bleue et rose, sera sur le point d'inventer le cubisme.
En 1917, Matisse quitte Paris pour s'installer à Nice et l'engagement de Picasso dans le mouvement surréaliste éloigne un peu plus les deux hommes. Ils continuent cependant, par oeuvres interposées, à «dialoguer» avec passion, s'épiant, se copiant et s'admirant secrètement. «La leçon de piano» (1916) est l'interprétation du cubisme par Matisse, à laquelle répond Picasso avec ses «Trois musiciens» (1921).
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Matisse vit à Nice, Picasso à Paris. Après la Libération, Picasso multiplie les visites à Matisse avant de s'installer à Vallauris, près de chez lui, en 1948.
Apaisés, les deux hommes se sont enfin acceptés et ne cachent plus leur admiration respective, même s'ils ne seront jamais amis. «Personne n'a jamais regardé les peintures de Matisse plus attentivement que moi, dira Picasso. Et personne n'a regardé les miennes aussi attentivement que lui».
