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Musée National de la Poste : du cachet au timbre, histoire de la Poste marocaine

Il s'appelle Penny Black et il a été baptisé le 6 mai 1840 en Angleterre. Son succès dépassera les frontières de son pays et les espérances de son inventeur. Avec lui naît la philatélie. Il s'agit, bien entendu du premier timbre-poste du monde.
Son his

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Peu de temps après cette date fatidique, des clubs spécialisés, en quête de l'information philatélique, ont vu le jour, des musées, partout dans le monde, se sont installés pour gérer les collections philatéliques et postales de l'Etat et celles de l'établissement publique…
Le Maroc n'a pas échappé au phénomène. En 1970, il a vu la naissance à Rabat de son musée postal qui fête, ces jours ci, le 110e anniversaire de la création de la poste Makhzen par le sultan Moulay Hassan I.
L'interview que nous a accordée Driss Souini, chef du Musée National de Barid Al-Maghrib, nous mène dans un voyage à travers l'histoire du timbre-poste marocain avant de mettre le point sur les missions de cette institution, ses activités, ce qu'elle propose au public ainsi que ses projets pour l'avenir.
Vous fêtez ces jours-ci le 110e anniversaire de la création de la poste Makhzen. Que représente pour vous cet événement ?
Cet événement revêt une importance de taille du fait qu'il rend hommage au sultan Moulay Hassan I qui a procédé en 1892 à la création de la poste Makhzen et qui peut être considéré de ce fait comme le précurseur de la poste marocaine moderne. Cette poste est venue postérieurement à une autre connue sous le nom de la poste, locale qui était une poste privée commercialisant des timbres privés et qui était monopolisée par des étrangers et des commerçants résidant au Maroc. On l'appelait ainsi parce qu'elle utilisait des timbres-poste qui ne pouvaient pas circuler en dehors de deux localités données.
La poste locale constituait un danger aussi bien pour la trésorerie nationale que pour la circulation normale du courrier. En effet, le trésor national n'avait aucun gain ni sur le plan pécuniaire ni sur celui du contrôle des correspondances. C'était justement le motif qui a conduit à l'organisation de la poste marocaine par le sultan Moulay Hassan I dans 13 villes du Royaume : Tétouan, Tanger, Larache, Lakser Lekbir, Fès, Meknès, Rabat, Casablanca, Azemmour, El Jadida, Safi, Essaouira et Marrakech, qui constituaient le pilier du commerce national. Dans chacune de ces villes, il y avait un chef des facteurs qui était responsable du circuit postal de même qu'un groupe de Rekkas, c'est-à-dire, des ex-facteurs. Le Rekkas parcourait entre 50 et 60 Km à pied. Il utilisait des cachets Makhzen, et non des timbres, qui portaient une mention indiquant le lieu et la ville du départ.
Il faut noter que le sultan a jugé nécessaire de trouver une source matérielle pour financer ce système.
On procédait alors au prélèvement de 5% des taxes douanières s'agissant des villes qui se trouvaient sur le littoral maritime, qui allaient au chef des Rekkas qu'on appelait à l'époque le Président des Facteurs ou bien El Amine. Concernant les villes intérieures, on prélevait également 5% des taxes mais sur ce qu'on appelait à l'époque "Al moustafaddate " (les biens de l'Etat).

Un support de communication

Côté organisation administrative, le départ de chacune des villes énumérées auparavant s'effectuait deux fois par semaine. A titre d'exemple : à partir de Rabat, le Rekkas part le lundi et le jeudi. Pour assurer un bon contrôle, chacune de ces villes avait deux cachets dont chacun avait une spécificité : un cachet rond pour les lettres et un autre octogonal réservé aux plis et aux petits paquets. C'est El Amine qui mettait les cachets sur les objets de correspondance. Apparemment, il n'avait pas seulement cette tâche mais également celle de soumettre un rapport chaque semestre contenant les dépenses et les revenus du service postal de sa ville au ministre des finances à Fès et un autre plus détaillé enfin de chaque année.
Pourquoi le sultan a procédé à l'utilisation des cachets et non des timbres ? Ce n'est pas pour des raisons matérielles mais c'est plutôt une question d'ordre juridique parce que le Maroc, à cette époque là (1892) n'était pas encore membre de l'Union Postale Universelle (UPU). Il n'avait ratifié cette convention qu'en 1912. Et il faut noter ici que même l'UPU n'a été créée qu'en 1874.
Le premier timbre marocain a vu le jour en 1912 et reflétait une photo de la confrérie des Aïssawa à Tanger.
Notre commémoration ces jours-ci de cet anniversaire a un double objectif. D'abord, faire revivre l'histoire postale marocaine et ensuite faire savoir au grand public le rôle qu'a joué le sultan Moulay Hassan I dans ce sens.
Comment est venue l'idée de créer le Musée National de la Poste ?
La création du Musée des Postes et Télécommunications en 1970 vient pour faire valoir la profession postale. Il faut savoir que le secteur postal est un secteur vital : s'il est en bon état, les autres secteurs économique, culturel ou autre le sont.
Un autre objectif est de conserver par le biais du matériel postal exposé et par celui des figurines (timbres-poste, enveloppes -premier jour d'émission, blocs…) le patrimoine national.
Quelles sont les missions que vous vous assignez au Musée National de la Poste?
En plus de la conservation du patrimoine national, le musée s'est assigné comme objectif de faire connaître le rôle du timbre dans la promotion philatélique et l'évolution qu'il a connue au cours de l'histoire. En effet, le timbre est né comme moyen d'affranchissement des correspondances puis il est devenu un outil pédagogique et un support de communication. A présent, le timbre-poste est considéré, à l'échelon international et surtout dans les pays développés, comme un moyen indispensable pour la propagande diplomatique.
Depuis sa création jusqu'à 1997, notre musée englobait aussi bien le service postal que celui des télécommunications.
Après l'inauguration du musée de Maroc Telecom en 2000, tout le matériel ayant trait au service des télécommunications a été transféré au nouveau musée.
En dehors de sa mission philatélique intéressant l'organisation d'expositions temporaires et permanentes dans l'enceinte du musée lui-même en collaboration avec des associations, des instances officielles comme les ministères et des organismes internationaux comme l'UNESCO et la FAO, le musée s'assigne une mission pédagogique qui consiste à faire passer par le biais du timbre-poste (l'image) des messages aussi bien pour les écoliers qui viennent souvent par groupes pour des visites guidées que pour le grand public.
On veille également à orienter les philatélistes dans leurs recherches pour leur permettre de collectionner les timbres d'une manière scientifique. Car la philatélie, en plus qu'elle est un art, est basée sur une méthodologie, se réfère à des documents de base universellement reconnus et se divise en branches. On trouve la philatélie classique, la philatélie thématique et même la philatélie olympique qui a vu le jour grâce à Antoine Samaranch..
Le musée de la poste a aussi pour mission d'aider les clubs philatéliques à organiser leurs activités locales, régionales et nationales et ceci s'inscrit dans le cadre de nos efforts pour promouvoir la philatélie. Dans ce même sens, il convient de noter que l'entrée au Musée National de la Poste est gratuite de même que les visites guidées.
Quels sont les événements phares qui ont marqué le musée depuis sa création ?
Barid Al-Maghrib a marqué la tenue de la 16ème session de la Conférence de Plénipotentiaires de l'Union Internationale des Télécommunications, qui a eu lieu du 23 septembre au 18 octobre à Marrakech, par l'émission d'un timbre-poste spécial et un bloc feuillet devant enrichir la série du musée consacrée aux télécommunications. On a également participé à l'exposition extraordinaire qui a eu lieu en juin 2001 à Bruxelles à l'occasion du 5e centenaire de la poste européenne et on a émis à l'occasion un timbre, symbolisant la tolérance religieuse, qui montre à la fois une église (l'église Koekelberg de Bruxelles) et une mosquée (la mosquée Hassan II de Casablanca) .
On a participé également en 1998 à l'exposition philatélique qui a eu lieu au Portugal à l'occasion de l'année internationale de l'Océan et 500 ans des navigateurs portugais avec le nouveau monde et une autre en France en 1999 à l'occasion du 150ème anniversaire de l'émission du premier timbre français.
Développer les connaissances des écoliers
Parmi les expositions à caractère national, on retient notamment notre participation à la semaine économique et touristique de Laâyoune par une exposition philatélique et également à des manifestations régionales comme le Moussem des pommes à Midelt en collaboration avec des associations à caractère socio-culturel comme Ribat El Fath, Fès-Saïs et Bouregreg. On est prêt à participer à n'importe quelle manifestation. Les intéressés n'ont qu'à nous contacter à la direction générale de Barid Al Maghrib et nous communiquer le thème qu'ils souhaitent refléter par une exposition philatélique. En effet, le timbre-poste marocain embrasse divers thèmes et cet atout nous permet de monter des expositions pour des musées de différentes orientations comme celui de la poterie.
Lors de la Journée Mondiale des Musées, célébrée le 18 mai et de certaines journées fêtées par des organismes internationaux, on participe pour sensibiliser le grand public quant à l'importance de ces journées.
On ne se limite pas au cadre purement philatélique.
Que peut découvrir le visiteur au Musée National de la Poste ?
Le visiteur pourrait découvrir de près l'historique de la poste marocaine, le matériel postal utilisé autrefois dans notre pays et les médailles décernées au Maroc lors de sa participation aux expositions internationales.
Il peut également trouver par le biais du timbre des thèmes divers touchant à l'environnement, à la science, à la culture ou encore à des campagnes particulières qu'a connues notre pays comme celle de la solidarité et la lutte contre la pauvreté. On peut également trouver des timbres symbolisant des manifestations économiques comme le GATT en 1994 et d'autres ayant rapport avec le patrimoine national et reflétant des tapis traditionnels, des œuvres de poterie ou de bois, l'architecture marocaine et andalouse…
Il y a aussi des matériels postaux historiques comme par exemple la première machine à affranchir les correspondances (la machine Daguène) qui a été inventée en France en 1864.
De même, on peut trouver d'anciens cachets dont certains datent de 1892. On trouve également le premier timbre marocain, les timbres des bureaux étrangers qui étaient implantés au Maroc avant le protectorat, les timbres spécifiques aux protectorats français et espagnol. Actuellement, le visiteur peut trouver des timbres-poste par ordre chronologique depuis l'indépendance à nos jours en plus des enveloppes- premier jour d'émission qui peuvent être définis comme un extrait d'acte de naissance du timbre-poste marocain.
Quelle évaluation faites vous de votre action depuis plus de trente ans dans le champ philatélique ?
Le timbre-poste peut jouer un rôle très important si les démarches non seulement du service postal mais également de nos confrères dans d'autres domaines sont convenablement mobilisés. Le timbre est l'affaire de la poste en ce qui concerne sa conception et sa réalisation mais sa promotion relève de l'effort de tous.
Le timbre joue à présent un rôle prépondérant dans le domaine du développement dans le monde. Chez même des petits pays comme Saint-Marino, la vente du timbre et la philatélie sont classées en 3ème rang dans le budget de l'Etat.
Il faut sensibiliser certains acteurs comme ceux de l'enseignement primaire pour utiliser le timbre comme support pédagogique. Cette initiative pourrait non seulement promouvoir la philatélie au Maroc mais également développer les connaissances des écoliers.
Que prévoit l'opération Barid Al-Ghad lancée, il y a quelques mois, par la poste pour adapter ses structures à la nouvelle donne concurrentielle, pour le musée National de la Poste ?
On insiste sur le volet de la communication.
On veut mettre l'information philatélique à la disposition de tous et faire de ce musée un vrai vecteur de développement.
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