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Sciences de l'homme : les religions condamnent le clonage

Les chercheurs de symboles n'auront aucune peine à en trouver dans le clonage d'un humain qui a été annoncé dernièrement aux Etats-Unis. Du sexe féminin du clone à son nom - Eve -, tout est prétexte à référence religieuse dans cette affaire. Pas même le s

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Poussé un peu plus loin, le rapprochement mettrait même en évidence le fait que c'est à l'initiative d'une femme- biologiste de son état à défaut d'être enceinte- que l'humanité est en train de goûter à ce nouveau fruit interdit. Ce qu'il en sortira de ce remake de la femme et le serpent dans le supposé paradis américain ? Dieu seul le sait et , partiellement, peut-être quelques personnes parmi toutes celles qui achalandent le marché aux puces de Silicon Valley. La foi leur donnant des ailes, les religieux ont une longueur d'avance sur une communauté scientifique qui ne sait toujours pas s'il faut s'ébaubire ou maudire. Le Pape a réitéré sa condamnation de ces nouvelles manipulations génétiques. Le Moufti d'Egypte, l'une des plus hautes autorités religieuses, n'a pas hésité à rappeler la position de l'Islam sur le clonage. Il est proprement interdit puisque rien de vital ou de nécessaire ne le justifie . De fait, la duplication des humains ne revêt pas le caractère de nécessité absolue qui pourrait éventuellement militer en sa faveur dans l'ordre religieux.
Au Maroc, en attendant des prises de position officielles dont on dit qu'elles ne sauraient tarder, c'est Saâd Eddine Othmani du PJD qui condamne le clonage comme découverte présentant un grave danger pour l'humanité. Une condamnation qui laisse supposer que les autres acteurs de la mouvance islamiste nourrissent le même avis.
Tout compte fait, l'aventure insensée des « Rayliniens » n'aura été souvent vécue par la communauté savante que comme un irrépressible sentiment de dépit. La frustration chez certaines sommités scientifiques d'avoir été coiffées au poteau par un outsider qu'on n'avait pas vu venir. Peu nombreux sont ceux qui ont objectivement mis en doute la naissance du clone. Tous croient en effet que l'aventure est plausible et que, comme disait le chansonnier, si ce n'est pas maintenant c'est quand même peut être. Cette perspective, il n'y a que les politiques pour s'en émouvoir ostensiblement aux cotés des religieux. Le reste suit. Avec intérêt parfois, réprobation souvent, appréhension toujours et dégoût quelque fois. En tout cas , Eve , deuxième du nom dans la généalogie de l'espèce ne laisse t-elle personne indifférent.
Toute cette affaire prêterait à rire si la duplication des humains ne pouvait conduire à des excès. Pensez , des savants qui jouent aux clones. Il y aura toujours quelque amateur de bons mots pour dire qu'ils jouent aux clowns . Après tout le rire est encore le propre de l'homme , même quand il est bissé et, le pari d'une naissance à l'identique faut bien une kermesse. Mais, le clonage est une affaire sérieuse . C'est même le choix le plus dramatique qui ce soit présenté au genre humain depuis longtemps. Car, qu'est ce qui fait qu'on veuille se cloner ? Sans doute ce même désir de pérennité qui a toujours taraudé l'espèce et fait que les individus profitent de leur passage terrestre pour tenter de s'incruster. Ne dit-on pas que les pyramides, les œuvres artistiques, les grandes conquêtes., les découvertes insignes… sont autant d'expressions de cette volonté de toujours être. Cependant le nouveau registre qui semble avoir été ouvert aux Etats-Unis a moins d'éclat. En fait, il en à peine autant que la cryogénie : cette pratique du surgelé humain qui n'en fait pas moins long feu. Si , malgré les lois qu'on dit vouloir adopter pour y faire barrage, le clonage devenait une mode, les scientifiques devraient prendre garde à ce qu'ils transmettent en même temps que les caractères héréditaires acquis aux générations montantes. Il se pourrait qu'outre la taille ou la couleur de l'iris, les clones héritent de leurs antécédents de tendances que l'œil humain ne décèle généralement pas à la naissance. Il y a plus grave, dit-on. Comme il n'est pas sur que le clonage réussisse à tous les coups, il y aura certainement des « écarts de triage ». La tentation serait alors grande de les considérer comme des donneurs naturels d'organes humains. Comme de la chair à greffes.
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