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Sérieux revers au traité maroco-espagnol d'amitié et de bon voisinage

L'annonce en avril 2001 du président du gouvernement espagnol, M. José Maria Aznar, de revoir la politique de coopération avec le Maroc en évoquant notamment des représailles, à la suite de la non reconduction de l'accord de pêche entre les deux pays,

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De conflits en rebondissements (rappel des ambassadeurs, îlot Tourah, Sebta et Mellilia, Sahara marocain, tracasseries à l'encontre des Marocains résidants ou de passage en Espagne en plus du parti pris des médias espagnols), les relations entre les deux pays n'ont pu être remises sur les rails, en dépit de l'existence d'un traité d'amitié et de bon voisinage et malgré quelques tentatives de décrispation notamment la médiation américaine suivie de la visite à Rabat de la ministre espagnole des Affaires étrangères.
Deux ans de crise qui se sont répercutées négativement sur les aspects économique, social et culturel de la coopération bilatérale. Cette crise est relayée par une offensive, voire une agression médiatique sans précèdent contre le Royaume dont les premières victimes sont les immigrés qui subissent de plein fouet le durcissement de la politique espagnole.
Aujourd'hui, quelque soixante Marocains, pourtant résidant régulièrement en Italie, en font les frais. De retour du Maroc où ils ont passé leurs vacances d'été, ils se sont vus confisquer leurs papiers y compris les cartes de séjour par la police espagnole à Algésiras. Un acte qui frise le ridicule, si ce n'était la situation dramatique dans laquelle se retrouve ces travailleurs.
Que dire, alors de la colonie marocaine qui souffre quotidiennement des problèmes administratifs et autres tracasseries illustrées dans la marginalisation sociale, la discrimination et le rejet au niveau du marché du travail.
Pour le journal espagnol "La Voz De Galicia", il est sûr que les saisonniers marocains paient la facture de la crise diplomatique entre le Maroc et l'Espagne.
Selon le journal qui citait le ministre espagnol de l'Emploi, seuls 505 Marocains ont été pris dans le contingent de la main -d'œuvre saisonnière étrangère de 2002. Une situation qui s'ajoute à celle des 7.000 Marocains interdits par les fermiers de prendre part, comme chaque année, à la campagne des fraises à Huelva (sud-ouest) et remplacés par des jeunes filles des pays d'Europe de l'Est.

Tracasseries administratives

Faute d'emplois stables, le Marocain est hanté par le spectre de l'illégalité qui l'oblige à supporter les longues attentes devant les locaux des services chargés des affaires des immigrés et à se déplacer souvent au Maroc pour solliciter un visa spécial aux consulats espagnols. Une situation qui risque d'empirer avec l'arrivée en force, cette année, de Latino-américains qui ont l'avantage d'entrer sans visa en Espagne et d'accéder à la nationalité après deux ans de résidence légale. Ceux-ci sont généralement préférés par les entrepreneurs espagnols pour des affinités religieuses, historiques et linguistiques.
Actuellement, plus de 118.000 Marocains sont affiliés à la sécurité sociale, ce qui aide d'ailleurs à équilibrer les comptes de cet organisme a causé du vieillissement de la population espagnole.
Des sources syndicales et des associations des droits de l'Homme en Andalousie, contactées par la MAP, assurent que de nombreux étudiants marocains sont eux aussi confrontés aux tracasseries du renouvellement de la carte de séjour, dont la procédure dure souvent des mois, ce qui déstabilise leurs programmes d'études. Un étudiant doit accompagner sa demande de prorogation de la carte d'étudiant d'un certificat justifiant la poursuite des études en Espagne.
D'autres cas d'étudiants recensés dans les universités de Grenade et de Malaga ne bénéficient pas de bourses et bonifications (50 % des frais d'inscription), accordées aux étudiants issus de familles nombreuses.
Nous avons revendiqué depuis plusieurs années l'élimination de ce document dans les pièces exigées de l'étudiant marocain pour renouveler sa carte de residence, a indiqué à la MAP un coordonnateur des associations de défense des droits humains à Cordoue.
Pourtant, les 12.000 étudiants arabes en Espagne, dont la plupart sont des Marocains, dépensent annuellement 84 millions d'euros (1 euro = 10,550 dh), a dit récemment le défenseur de l'étudiant arabe de la fondation euro-arabe, M. Ignacio Jimenez.

L'aide économique déviée vers d'autres pays

Pour la seule ville de Grenade, 3.000 Marocains contribuent à l'animation de la vie économique de cette cité.
A ces harcèlements de Marocains établis ou de passage en Espagne, s'ajoute le chantage à propos de l'aide économique au développement.
Le secrétaire d'Etat espagnol pour la Coopération internationale, Miguel Angel Cortes, a reconnu que les montants destinés à l'aide au Maroc, qui n'ont pas été utilisés, ont été déviés sur d'autres pays du Maghreb, comptabilité oblige.
98 % du montant de cette aide, au titre de 2002, peuvent automatiquement être récupérés, si les deux pays reprennent les négociations, a-t-il toutefois souligné dans une déclaration à la presse.
Le 15 octobre dernier, le secrétaire général de l'Agence espagnole de coopération internationale (AECI), Rafael Rodriguez Ponga, qui intervenait au Parlement, avait fait part de sa crainte que certains programmes bilatéraux de coopération entre les gouvernements du Maroc et d'Espagne ne soient pas exécutés cette année.
En attendant, le niveau des investissements espagnols a baissé dans le Royaume chutant de 77 % de janvier à décembre 2001, selon le dernier rapport de conjoncture établi par l'Institut du commerce extérieur (ICEX).
Bien plus, l'ONG espagnole Intermon Oxfam ira jusqu'à dénoncer l'inefficacité de l'aide officielle au développement (AOD), accordée par l'Espagne au Maroc, du fait que 40 % vont au financement des frais de personnel et de maintenance des écoles espagnoles fréquentées par les élites marocaines.
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