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Un Premier ministre nommé Driss Jettou

Depuis l'annonce de la nomination de Driss Jettou au poste de Premier ministre, la communauté des affaires s'est comme départie de son «blues». Ici, on rappelle volontiers que M. Jettou, venu du monde de l'entreprise, était un ancien dirigeant de la CGEM.

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Sa «success story» d'entrepreneur qui a su marier avec bonheur affaires et éthique a déjà les accents de gages d'une réussite annoncée. Au micro de 2M le patron des patrons, Hassan Chami, ne cachait pas sa joie. La désignation de M. Jettou donnera, dit-il, un saut qualitatif à la croissance et au développement socio-économique. Regard oblique sur la fermeture d'usines, l'absence d'une loi organisant le droit de grève, la frilosité des investisseurs. «C'est un homme de consensus, certes, mais il sait trancher et ne craint pas de prendre des décisions.
Le code du travail ne risque pas de s'enliser dans les méandres des tractations qui n'en finissent pas de bloquer», affirme un proche de ce dossier inachevé, toujours promis mais jamais adopté.
Et si le monde des affaires s'empresse de multiplier les signes de satisfaction, la société civile, elle, est depuis mercredi soir sous le prisme des commentaires. Plusieurs célébrités « associatives » ont accueilli presque avec soulagement l'arrivée de D. Jettou à la primature. Dans une société civile qui a souvent fustigé la lenteur du rythme des réformes à mener et les valses-hésitations, la politique- spectacle donnée à voir ces tous derniers jours par les partis a visiblement laissé un goût amer. « Je suis ravi de savoir que le pays va se mettre enfin au travail et que priorité a été donnée au chantier socio-économique. Jettou ne va sûrement pas se laisser envahir par des considérations politico-politiciennes. La transition politique réussie, il faut mettre le Maroc à flots pour que nous n'ayons plus à voir l'image terrible et douloureuse de diplômés-chômeurs prêts à s'immoler par le feu ou de jeunes qui embarquent par centaines dans les pateras de la mort », déclare un pionnier de l'action associative.
« Ministre de l'intérieur, il a beaucoup milité en faveur de la liste nationale et de l'entrée des femmes au Parlement. Jettou a une certaine idée de la nécessaire réhabilitation des Marocaines », renchérit une militante des droits des femmes qui a longtemps dénoncé l'injustice faite à la moitié de la société.
L'heure est aux conclaves dans les partis politiques. Jeudi, l'Istiqlal et l'USFP réunissaient leurs bureaux politiques pour examiner « la nouvelle donne » alors que le PPS devrait convoquer son instance dirigeante ce samedi 12 octobre. Aux premières heures de l'après-midi de ce jeudi, le Bureau politique de l'USFP publiait un communiqué, tout en nuances, sur ces ultimes développements mais sans se prononcer clairement sur la participation ou la non-participation socialiste au gouvernement. La question, annonce ce court communiqué qui rend également un hommage appuyé à M. Youssoufi, sera examinée par les instances du parti et débattue avec les alliés des forces démocratiques. Et si la position du parti de Abbès El Fassi était attendue dans la soirée de ce même jeudi, il est quasiment acquis que le RNI et les partis de la mouvance populaire jouent, sauf revirement de dernière minute, la carte de la participation.
Les questions économiques, à bras-le-corps

D'ores et déjà, ici et là, les bons rapports du nouveau Premier ministre, sans appartenance partisane, avec l'ensemble de la classe politique traverse les conversations politiques. Certains hommes politiques confient que la nomination de M. Jettou « n'était pas une totale surprise ». « Le tout nouveau Premier ministre a joué un rôle fondamental dans les années 1990 dans l'élaboration de lois à caractère économique qui ont facilité des réformes menées par le gouvernement d'alternance et c'est bienlui qui a supervisé les premières élections du pays », déclare un dirigeant de gauche qui émet le souhait de voir la majorité gouvernementale « constituée autour des forces aux orientations claires de démocratie, de progrès et de modernité ». « Le défi se situe aujourd'hui sur le terrain économique et nécessite une prise à bras-le-corps des questions socio-économiques ». La phrase est récurrente chez nombre de politiques qui reconnaissent aisément à Driss Jettou la considération dont il jouit dans les milieux financiers internationaux.
En attendant et alors que s'ouvre aujourd'hui la toute nouvelle législature, Driss Jettou aurait déjà commencé ses contacts pour que le prochain Exécutif soit « un gouvernement d'action, de proximité, d'écoute et de labeur ». « Une équipe gouvernementale commando, homogène mais aussi féminisée », prédit un observateur.
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