Un premier entretien à son arrivée à l'aéroport Barajas avec Anna Palacio, la toute fraîche cheftaine de la diplomatie et érégie en matière de stratégie du président du gouvernement, puis un autre entretien et un déjeuner au Palais de la Zarzuela avec les Souverains espagnols, enfin un dîner de gala lundi soir au Palais Royal.
Le menu de mardi, s'il sacrifie au rituel de toutes les visites d'Etat, comporte tout de même une innovation de taille : la signature du «traité d'amitié, de bon voisinage et de coopération entre les deux pays». La belle affaire, quoi ! Intitulé générique mais significatif tout de même, notamment au regard du tournant nouveau que les événements prennent depuis quelques mois dans la région. Le «bon voisinage» a quelque chose d'insolite quand on sait que ce ne sont pas quelques brassées, mais un détroit herculéen en bonne et due forme qui sépare les rives des deux pays. Les deux points les plus rapprochés sont... Oran et Alméria, choisies pour l'acheminement du gaz algérien vers l'Espagne. Quant à l'amitié, elle existe depuis des décennies, confortée par une complicité économique où se mêlent étrangement «intérêts supérieurs d'Etat et intérêts privés». Ce n'est pas en concevoir de l'aigreur que de se laisser emporter - le temps d'une furtive lucidité - par un drôle de pressentiment que le rapprochement algéro-espagnol, mené tambour battant, est avant tout géopolitique. Il sert en tout cas de terreau à une volonté délibérée d'isolement du Maroc, victime d'une double et irascible hostilité.
La deuxième visite d'un chef d'Etat algérien en Espagne depuis celle que Chadli Bendjedid effectua en 1985, est donc placée sous le signe de l'amitié et du bon voisinage. Elle s'appuiera sur une coopération que les deux gouvernements veulent exemplaire. On imagine sans peine que l'Algérie, dont les recettes pétrolières franchiront en décembre quelque 2O milliards de dollars, approvisionnera en or noir l'Espagne, laquelle subventionnera en inverse des projets algériens, fera recycler les pétrodollars voire, pour bien favoriser l'ancrage de la famille Aznar dans la culture algérienne, créera des joints-ventures et règlera en produits manufacturés. Le processus est classique, bel et bien rôdé. Mais il y a plus : il y a surtout l'idée, qui flotte en l'air, d'inviter le secteur privé espagnol à prendre d'assaut la Sonatrach , société nationale des hydrocarbures, fleuron de l'économie algérienne que le président Bouteflika veut privatiser, au risque de se heurter à l'irréductible méfiance des généraux et des caciques du FLN.
En juillet dernier, en avant-goût à ce mariage hispano-algérien où le paramètre conjoncturel prédomine plus que l'on imagine, où la part de rancœur - antimarocaine s'entend - se faufile comme un fil d'Ariane, le gouvernement algérien se montra d'une perverse complicité. Il n'a pas trouvé mieux que de dire, en dépit du simple bon sens, que l'îlot de Tourah appartenait à l'Espagne ! On tomba à la renverse devant un aussi ahurissant parjure, mélange d'opportunisme, de cynisme et de hargne à l'égard du Maroc. Comme si l'on venait affirmer que Tipaza ou Cherchell était, pour reprendre le cher Albert Camus, plus...helléniques qu'algériennes ! Curieux tout de même que Mme Palacio et son homologue algérien, Abdelaziz Belkhadem aient repris à leur compte , dans un langage consensuel et assez lisse pour ne pas nous faire sursauter d'étonnement , tous les sujets de discorde maroco-espagnole, savoir la pêche, l'immigration clandestine et le Sahara...
Le menu de mardi, s'il sacrifie au rituel de toutes les visites d'Etat, comporte tout de même une innovation de taille : la signature du «traité d'amitié, de bon voisinage et de coopération entre les deux pays». La belle affaire, quoi ! Intitulé générique mais significatif tout de même, notamment au regard du tournant nouveau que les événements prennent depuis quelques mois dans la région. Le «bon voisinage» a quelque chose d'insolite quand on sait que ce ne sont pas quelques brassées, mais un détroit herculéen en bonne et due forme qui sépare les rives des deux pays. Les deux points les plus rapprochés sont... Oran et Alméria, choisies pour l'acheminement du gaz algérien vers l'Espagne. Quant à l'amitié, elle existe depuis des décennies, confortée par une complicité économique où se mêlent étrangement «intérêts supérieurs d'Etat et intérêts privés». Ce n'est pas en concevoir de l'aigreur que de se laisser emporter - le temps d'une furtive lucidité - par un drôle de pressentiment que le rapprochement algéro-espagnol, mené tambour battant, est avant tout géopolitique. Il sert en tout cas de terreau à une volonté délibérée d'isolement du Maroc, victime d'une double et irascible hostilité.
La deuxième visite d'un chef d'Etat algérien en Espagne depuis celle que Chadli Bendjedid effectua en 1985, est donc placée sous le signe de l'amitié et du bon voisinage. Elle s'appuiera sur une coopération que les deux gouvernements veulent exemplaire. On imagine sans peine que l'Algérie, dont les recettes pétrolières franchiront en décembre quelque 2O milliards de dollars, approvisionnera en or noir l'Espagne, laquelle subventionnera en inverse des projets algériens, fera recycler les pétrodollars voire, pour bien favoriser l'ancrage de la famille Aznar dans la culture algérienne, créera des joints-ventures et règlera en produits manufacturés. Le processus est classique, bel et bien rôdé. Mais il y a plus : il y a surtout l'idée, qui flotte en l'air, d'inviter le secteur privé espagnol à prendre d'assaut la Sonatrach , société nationale des hydrocarbures, fleuron de l'économie algérienne que le président Bouteflika veut privatiser, au risque de se heurter à l'irréductible méfiance des généraux et des caciques du FLN.
En juillet dernier, en avant-goût à ce mariage hispano-algérien où le paramètre conjoncturel prédomine plus que l'on imagine, où la part de rancœur - antimarocaine s'entend - se faufile comme un fil d'Ariane, le gouvernement algérien se montra d'une perverse complicité. Il n'a pas trouvé mieux que de dire, en dépit du simple bon sens, que l'îlot de Tourah appartenait à l'Espagne ! On tomba à la renverse devant un aussi ahurissant parjure, mélange d'opportunisme, de cynisme et de hargne à l'égard du Maroc. Comme si l'on venait affirmer que Tipaza ou Cherchell était, pour reprendre le cher Albert Camus, plus...helléniques qu'algériennes ! Curieux tout de même que Mme Palacio et son homologue algérien, Abdelaziz Belkhadem aient repris à leur compte , dans un langage consensuel et assez lisse pour ne pas nous faire sursauter d'étonnement , tous les sujets de discorde maroco-espagnole, savoir la pêche, l'immigration clandestine et le Sahara...
