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Une association d'artistes, au nom de Mohammed El Ghazi

Les artistes amis du Maestro Mohammed El Ghazi, que Dieu ait son âme, créeront une association à son nom, qui assurera l'avenir de la famille du défunt et défendra les droits et intérêts de tous les artistes.

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Dimanche 29 septembre, dans l'après-midi, alors que tous le pays attend les résultats des élections, un groupe d'artistes musiciens, auteurs-compositeurs et chanteurs, est réuni au Complexe Sidi Belyout à Casablanca, le directeur de ce Complexe ayant obtenu autorisation légale pour cette réunion. Ils sont tristes, éprouvés, ils viennent de perdre un des leurs qui leur était très cher, un grand ami et un grand maître. C'est toute la musique marocaine qui est en deuil. Mohammed El Ghazi, le grand virtuose du violon, le maestro, est décédé à quarante-deux ans en laissant une jeune épouse au foyer et trois enfants dont un nouveau-né, une famille sans ressources. Sa grande famille artistique, ceux qui l'ont aimé très fort, artistes éminents connus ou inconnus, reconnaissaient bien sa valeur inestimable, son riche apport à la musique marocaine, et ils ont tous beaucoup appris de lui.
Tout le monde est rassemblé, la scène s'éclaire faiblement sur ceux qui vont diriger la réunion, des visages consternés. Un grand silence sur cette scène de théâtre où le public a coutume de voir des artistes qui dispensent des moments de bonheur et de rêve, et qu'il imagine les plus heureux des êtres, alors qu'il est souvent loin de savoir dans quelles conditions vivent ces artistes… Lecture et tajwid coranique à la mémoire du défunt dont les nobles vertus étaient celles recommandées par le Livre Sacré. « Dieu est Tuteur de ceux qui croient, et les sort des ténèbres à la lumière… ». El Ghazi est retourné chez le Très Haut qui sait combien ce fidèle avait l'âme élevée et qui le gratifiera de ce qu'il a été, qu'Il le comble de sa Miséricorde. Puis l'assistance se lève et dit La Fatiha. Ensuite, Salah Cherkaoui, violoncelliste et directeur du Conservatoire d'Anfa, prend la parole. « Parler d'El Ghazi que Dieu ait son âme, c'est tout un monde, et jamais quelques heures n'y suffiraient… Souvenons-nous d'abord que jamais un orchestre à Casablanca n'avait joué avec partition jusqu'à l'arrivée d'El Ghazi en 1985. Rappelons aussi combien il a aidé les musiciens et les a enrichis par sa méthode scientifique et rigoureuse. Son grand apport à la musique est incontestable. Sa paix intérieure était d'écrire des notes, de jouer la musique avec son violon... Il y a beaucoup trop à dire sur lui. Nous sommes réunis ici pour réfléchir à ce qu'il faut faire pour sa famille avant de passer rapidement à l'action. C'est notre responsabilité, il ne nous quittait jamais, sa famille est sous la protection de Dieu et la nôtre ».
L'assemblée a fixé une date qui avoisinerait le quarantième jour après la mort d'El Ghazi pour une soirée qu'elle préparera en exigeant un très haut niveau de qualité, digne de l'image du maestro. La soirée serait donnée au cinéma Lynx (1200 places). Des pourparlers sont déjà engagés avec les chaînes de télévision pour l'achat de cette soirée et sa diffusion sur le petit écran. Tous les revenus de cette soirée et sa diffusion iront à la famille El Ghazi. C'est une première action. Mais les amis d'El Ghazi se fixent deux objectifs principaux : réunir les fonds nécessaires pour acheter un appartement à sa famille et pour démarrer une affaire commerciale au nom de l'épouse et dont elle s'occuperait. Pour cela un éventail d'actions seront étudiées et entreprises. Un compte sera ouvert en permanence pour la famille. A l'unanimité il a été décidé que ce compte soit au studio de Monsef Adyel « Le meilleur ami d'El Ghazi » dit Cherkaoui. Mustapha Bartoum, percussionniste, ajoutera : «Adyel est la main la plus sûre. Son adresse est celle d'Al Insane. Il a beaucoup aidé les artistes et son studio leur a toujours été amicalement ouvert. Tout le monde connaît la correction et les vertus de Monsef Adyel et de Karim Slaoui ».
Mozart n'est pas mort et El Ghazi non plus

Ils ont ensuite énuméré toutes les actions de générosité et de solidarité qu'ont manifestées les organismes avec lesquels le défunt a travaillé récemment. L'hôtel Safir où il jouait le soir lui conservera sa rémunération intacte jusqu'à la fin du contrat qui le lie avec les autres musiciens qui jouaient avec El Ghazi. L'orchestre El Hilal de Tétouan dont il faisait partie lui conservera sa part de rémunération, comme s'il était toujours présent avec eux à chaque représentation. L'équipe de l'émission « Fa si la » de 2M tiendra toujours compte de sa participation jusqu'à la fin des programmes et en versera sa rémunération à sa famille.
La discussion a ensuite évolué sur la question de l'insécurité économique rattachée à la profession de l'artiste au Maroc, et ils se sont déterminés à prendre désormais leur destinée en mains par leurs propres moyens : créer une association qui portera le nom de Mohammed El Ghazi qui aura pour rôle de défendre les droits de l'artiste et d'œuvrer pour améliorer ses conditions de vie, ainsi que créer leur propre assurance-vie en alimentant une caisse par leurs propres prestations dans des spectacles qui seront organisés pour cette cause. « Nous prendrons nos instruments, organiserons nos soirées assurance-vie et prendrons notre avenir en mains », dit Cherkaoui.
Monsef Adyel prend la parole pour parler d'El Ghazi et de l'urgence de cette association : « El Ghazi que Dieu ait son âme m'a appris à travailler… Il serait fier de nous si nous fondons effectivement cette association, si nous apprenons à nous prendre en charge. Il faut que l'artiste existe en temps réel et s'il est malade qu'il puisse se faire soigner comme tout le monde. Nous avons perdu El Ghazi bêtement. Bien sûr il y a « el ajal » mais Dieu a créé des médecins et des hôpitaux pour que tout le monde en profite. Il faut que l'on fasse le maximum pour ne pas perdre quelqu'un.
Et il faut que cette grande école du grand El Ghazi reste, il ne faut pas qu'elle parte. Mozart n'est pas mort et El Ghazi n'est pas mort non plus ».
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