Nous lui devons tous - les Kabyles et plus largement les Imazighen - notre conscience berbériste, amazighe, c'est-à-dire très précisément libre, qui nous fait nous dresser collectivement avec vigueur et détermination devant l'incroyable falsification de notre histoire et de notre identité par l'arabo-islamisme. Avec Muhend Aarav Bessaoud a été, en effet, inaugurée une phase historique active de reconquête de notre souveraineté perdue sur l'ensemble de notre grande patrie, Tamazgha, l'Afrique du Nord, qui s'étend des îles Canaries à Siwa, en Egypte, et de la Méditerranée jusqu'aux confins du Sahara, pays des fiers Touaregs. Muhend Aarav Bessaoud est né le 24 décembre 1924 à Tagemmunt 1 - Lejdid (une commune d'Iwadiyen). Il milite d'abord au Parti du peuple algérien (PPA) puis rejoint , dès 1954, le FLN-ALN dont il sera un des officiers jusqu'à l'indépendance. Il racontera dans son livre, «Heureux les martyrs qui n'ont rien vu», paru en 1963 à compte d'auteur, les dessous du FLN durant cette guerre, notamment la vérité sur la mort du colonel Amirouche et d'Abbane Ramdane ; les agissements de Boussouf et de Boumédiène ; l'arabisme de Ben Bella. Ce dernier le fera condamner à mort pour son livre.
Bessaoud participe à l'insurrection de la Kabylie, appelée «maquis du FFS» entre 1963 et 1965, puis s'exile en France après la terrible répression qui s'y abat par l'Armée (dite) nationale et populaire algérienne. En 1966, il publie le «FFS espoir et trahison», qu'il dédie «à toutes les femmes kabyles violées par les soldats de Boumédiène et à tous mes compagnons qui ont refusé de se rallier». Il y critique très sévèrement Aït Ahmed qu'il rend responsable de l'échec de cette insurrection ainsi que de l'instrumentalisation politique des luttes de la Kabylie. Exilé, il décide de se retirer de toute activité politique partisane pour se consacrer à la défense de la cause amazighe.
Condamner à mort pour son livre
Le 10 août 1967, à la préfecture de Paris, sont déposés les status de l'Association berbère d'échanges et de recherche culturels, que venaient de fonder quelques personnes réunies autour de Muhend Aarva Bessaoud, dont Taous Amrouche, Saïd Hanouz, Amar Naroun, Si Muhend Amokrane Khélifati … comme il le rapporte lui-même dans un texte autobiographique et auto-édité, «De petites gens pour une grande cause ou l'Histoire de l'Académie berbère (1966-1978). Cette association prendra le nom d'Académie berbère- Agraw Imazighen le 25 mai 1969. L'Académie berbère publiera bientôt un bulletin, Imazighène, qui circulera sous le manteau dans toute Tamazgha et sera le moyen d'un formidable éveil à la nouvelle conscience amazighe, qui est devenue aujourd'hui l'héritage le plus précieux de ce vieux combattant qui nous a malheureusement quitté. L'Académie sera naturellement combattue très vite et durablement par toute une coalition de nationalistes algériens, des arabo-islamistes du FLN et de l'Amicale des Algériens en Europe (une organisation chargée de fliquer l'émigration algérienne) aux nationalistes kabyles du FFS en passant par le PRS de Boudiaf et le PAGS (une organisation stalinienne qui fut le meilleur et le plus constant soutien de Boumédiène).
L'Académie berbère va, une douzaine d'années durant, être le pôle de référence de la nouvelle génération de militants kabyles mobilisée pour la défense de l'identité amazighe. Bessaoud publiera d'ailleurs, en 1977 , un livre à ce sujet. « L'Idendité provisoire». Il y traitera de la place des Imazighen en Europe. Il est difficile de dire à quel point la conscience amazighe est redevable au travail artisanal mais têtu de l'Académie berbère. Toute la génération du Printemps kabyle de 1980 lui doit sa sensibilité et sa thématique. L'Académie se fera la championne de la défense du tifinagh, même si aujourd'hui les caractères latins sont plus largement employés. Le tifinagh reste cependant le témoin de nos plus lointaines origines, et de nombreux Imazighen qui le préfèrent aux caractères latins n'y ont pas renoncé et le cultivent. Le (Z tifinagh) est d'ailleurs le symbole même de l'amazighité aujourd'hui ; il se retrouve au cœur du drapeau amazigh, celui-là même que l'Académie berbère a conçu aux temps héroïques de son combat pour l'identité amazighe. L'Académie berbère est interdite par le gouvernement français, sur pression d'Alger, en 1978, comme il est toujours encore le meilleur soutien du régime algérien. Au demeurant, la France continue à vouloir arabiser, dans ses écoles publiques, les Imazighen de France auxquels elle propose systématiquement un enseignement de langue et civilisation arabes. Muhend Aarav Bessaoud, qui avait été emprisonné à Fresnes durant six mois, en 1978, quittera la France, en septembre de cette année -là, pour l'Espagne puis l'Angleterre, où il vivra désormais. Le Congrès mondial amazigh rend hommage à cette grande conscience de notre identité et de notre peuple amazigh et s'associe à la douleur de sa famille et des Imazighen affectés par cette perte irréparable. Le CMA, qui s'est construit dans le droit fil du combat amazigh mené par l'Académie, n'oubliera pas son exemple et continuera son combat jusqu'au complet recouvrement de la souveraineté amazighe en terre amazighe.
Bessaoud participe à l'insurrection de la Kabylie, appelée «maquis du FFS» entre 1963 et 1965, puis s'exile en France après la terrible répression qui s'y abat par l'Armée (dite) nationale et populaire algérienne. En 1966, il publie le «FFS espoir et trahison», qu'il dédie «à toutes les femmes kabyles violées par les soldats de Boumédiène et à tous mes compagnons qui ont refusé de se rallier». Il y critique très sévèrement Aït Ahmed qu'il rend responsable de l'échec de cette insurrection ainsi que de l'instrumentalisation politique des luttes de la Kabylie. Exilé, il décide de se retirer de toute activité politique partisane pour se consacrer à la défense de la cause amazighe.
Condamner à mort pour son livre
Le 10 août 1967, à la préfecture de Paris, sont déposés les status de l'Association berbère d'échanges et de recherche culturels, que venaient de fonder quelques personnes réunies autour de Muhend Aarva Bessaoud, dont Taous Amrouche, Saïd Hanouz, Amar Naroun, Si Muhend Amokrane Khélifati … comme il le rapporte lui-même dans un texte autobiographique et auto-édité, «De petites gens pour une grande cause ou l'Histoire de l'Académie berbère (1966-1978). Cette association prendra le nom d'Académie berbère- Agraw Imazighen le 25 mai 1969. L'Académie berbère publiera bientôt un bulletin, Imazighène, qui circulera sous le manteau dans toute Tamazgha et sera le moyen d'un formidable éveil à la nouvelle conscience amazighe, qui est devenue aujourd'hui l'héritage le plus précieux de ce vieux combattant qui nous a malheureusement quitté. L'Académie sera naturellement combattue très vite et durablement par toute une coalition de nationalistes algériens, des arabo-islamistes du FLN et de l'Amicale des Algériens en Europe (une organisation chargée de fliquer l'émigration algérienne) aux nationalistes kabyles du FFS en passant par le PRS de Boudiaf et le PAGS (une organisation stalinienne qui fut le meilleur et le plus constant soutien de Boumédiène).
L'Académie berbère va, une douzaine d'années durant, être le pôle de référence de la nouvelle génération de militants kabyles mobilisée pour la défense de l'identité amazighe. Bessaoud publiera d'ailleurs, en 1977 , un livre à ce sujet. « L'Idendité provisoire». Il y traitera de la place des Imazighen en Europe. Il est difficile de dire à quel point la conscience amazighe est redevable au travail artisanal mais têtu de l'Académie berbère. Toute la génération du Printemps kabyle de 1980 lui doit sa sensibilité et sa thématique. L'Académie se fera la championne de la défense du tifinagh, même si aujourd'hui les caractères latins sont plus largement employés. Le tifinagh reste cependant le témoin de nos plus lointaines origines, et de nombreux Imazighen qui le préfèrent aux caractères latins n'y ont pas renoncé et le cultivent. Le (Z tifinagh) est d'ailleurs le symbole même de l'amazighité aujourd'hui ; il se retrouve au cœur du drapeau amazigh, celui-là même que l'Académie berbère a conçu aux temps héroïques de son combat pour l'identité amazighe. L'Académie berbère est interdite par le gouvernement français, sur pression d'Alger, en 1978, comme il est toujours encore le meilleur soutien du régime algérien. Au demeurant, la France continue à vouloir arabiser, dans ses écoles publiques, les Imazighen de France auxquels elle propose systématiquement un enseignement de langue et civilisation arabes. Muhend Aarav Bessaoud, qui avait été emprisonné à Fresnes durant six mois, en 1978, quittera la France, en septembre de cette année -là, pour l'Espagne puis l'Angleterre, où il vivra désormais. Le Congrès mondial amazigh rend hommage à cette grande conscience de notre identité et de notre peuple amazigh et s'associe à la douleur de sa famille et des Imazighen affectés par cette perte irréparable. Le CMA, qui s'est construit dans le droit fil du combat amazigh mené par l'Académie, n'oubliera pas son exemple et continuera son combat jusqu'au complet recouvrement de la souveraineté amazighe en terre amazighe.
