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Université : ramadan à la cité Souissi II

Le premier jour du mois de Ramadan a coïncidé cette année avec le 27ème anniversaire de la Marche Verte. Plusieurs étudiants résidant à la cité universitaire Souissi II à Rabat ont profité de l'occasion pour rentrer chez eux et passer quelques moments du

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“Le Ramadan c'est avec les parents que ça se passe. Ici, on est vraiment mal loti ",confie Asmaa, une étudiante en première année à l'ENA, plutôt courroucée, qui vient de regagner la cité universitaire Souissi II après quatre jours de vacances chez sa famille à Fès. Pour ces étudiants loin de chez eux et surtout les nouveaux, il est toujours difficile et fatigant de passer ce mois loin de leurs familles : "on se brosse le ventre toute la journée, quand on vient l'après-midi on est sur le flanc et il faut encore préparer le ftou. C'est embêtant. Chez moi, je ne faisais pratiquement rien c'est ma mère qui se chargeait de tout !", confie une autre, l'air nostalgique.
Mais bon il ne faut pas tout dramatiser, chaque chose a son charme même le Ramadan à la cité !
Pendant la journée, la cité est quasi déserte. Les étudiants évitent de revenir entre midi et 13h et restent dans les facultés. A 16h, tout le monde se hâte avec ses boîte à frigo au réfectoire pour prendre sa ration de dattes, chebakia, harira, le dîner et le fameux sachet de plastique qui contient le shour et qui semble le plus plaire aux étudiants : " Moi je prends seulement le ticket du shour, j'ai ici des œufs, une orange, une pomme, du beurre, de la confiture, du lait et deux baguettes. On est gâté, non ? ", se régale un étudiant.
Le moment de rompre le jeûne s'approche, tout le monde est sur les dents. Au pavillon des filles, c'est une véritable course contre la montre : il faut chauffer les galettes, achetées au campus, préparer un jus, aller demander à sa voisine si elle a un bol de plus parce qu'on reçoit aujourd'hui une invitée et puis faire un petit recyclage pour la soupe : " la harira qu'on donne ici est immangeable, j'y ajoute de la tomate concentrée, quelques épices et un peu de beurre pour que ça ressemble enfin à la harira de ma mère. Ici, pour vivre, il faut avoir l'art d'apprêter les mets, c'est tout ", déclare une étudiante en médecine que ses quatre années de résidence à la cité universitaire semblent bien rôder.
Quelques secondes avant le Ftour, chaque groupe de filles se réunit chez une copine qui a, de préférence, un poste téléviseur, car il ne faut surtout pas rater " lalla Fatima" !
Il est a peu près 17h :30, la voix du muezzin retentit dans tous les coins, brisant le silence qui enveloppe les lieux. Tout le monde se met à table, le regard errant entre sellou, chebakia, dattes, galettes ou encore briwat, et ne sachant par quoi commencer. Un vrai régal !: "C'est ma mère qui m'a envoyé tout ça par messagerie, j'avais beaucoup de travail cette semaine, donc je n'ai pas pu rentrer chez moi et ramener ce qu'il me faut", explique Nada, étudiante en pharmacie, plutôt contente.
Mais il y a ceux que la flemme empêche de rompre le jeûne dans la chambre et le font au réfectoire : "je n'aime pas perdre du temps en préparant le ftour, je me contente de ce qu'on nous donne ici et puis ça m'embête de laver la vaisselle après le repas. Je mange ici puisque ça m'arrange ", confie une étudiante sur un ton placide.
Toutefois la paresse ne semble pas être le seul motif pour manger à ce qu'on appelle ici le "restau " :"j'aime prendre le ftour avec ma copine. Comme on ne peut pas le faire dans la chambre on vient rompre le jeûne ici", explique un résidant.
Pendant le ftour, on parle de tout et de rien : une histoire avec un prof, une scène marrante dans le bus, la lancement d'un bon film qu'il faut absolument voir, une soirée dansante qu'on organise prochainement à l'école…A ce moment précieux de la journée, où on satisfait sa faim, on devient intarissable.
A 19h à peu près, c'est l'heure des promenades. La plupart des étudiants descendent au campus pour reprendre les délicieuses causeries. Ceux qui sont à flot prennent le bus pour la médina, faire les courses ou prendre un café devant le va et vient des passants. Les autres, par contre, préfèrent vivre à plein la spiritualité du mois et se dirigent à la mosquée juste à côté pour la prière des tarawih…
Au mois du Ramadan tout le monde devient nocturne, certains restent éveillés jusqu'au moment du shour : "je ne peux plus me concentrer quand j'ai les boyaux vides. Je suis donc obligé de rester éveillé toute la nuit pour travailler ", explique un étudiant de l'INSEAS.
De toute façon même si le Ramadan impose un autre mode de vie que les étudiants ont dû mal à intégrer facilement ça ne les empêche pas d'attendre son arrivée chaque année avec grand enthousiasme pour en s'avourer après les souvenirs.
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