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Vente directe: en battant le pavé

Simple mode ou phénomène sociologique, le marketing direct a envahi notre quotidien. Chez-soi, au café où même dans la rue, personne n'échappe aux sollicitations de ces jeunes qui, du gadget-made-in-Taiwan, aux ustensiles de cuisine, en passant par les de

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Au nom de la vente directe, euphémisme qui désigne le porte-à-porte de nos jeunes années, certains gourous de ce concept actuellement en vogue n'hésitent devant rien pour forcer un acte de vente qu'ils savent de plus en plus difficile à concrétiser. Aussi, ont-ils mis en branle toute une stratégie commerciale qu'ils ont voulu bicéphale puisque comprenant la vente individualisée (one-to-one, relation un à un) et une méthode plus globale (one-to-many, relation un à plusieurs).
Dans le cas de la vente directe globale; vente par organisation de réunions et qui est réservée à certains produits de beauté, plusieurs clients et prospects sont invités à participer, en groupe, à des présentations. Les participants sont souvent des amis ou des connaissances de la personne qui organise la présentation et qui s'intéressent potentiellement aux produits présentés tout en appréciant le caractère convivial de ces séances qui se caractérisent par leur style décontracté et leur ambiance bon enfant.
A l'inverse, les vendeurs et entreprises qui optent pour la méthode individualisée – et ils sont les plus nombreux - présentent leurs produits non pas à des groupes de clients, mais à des personnes prises individuellement ou à des couples. Les présentations se font souvent sur le pas de la porte ou au domicile du client, en particulier si le vendeur démarche en porte-à-porte. Les adeptes du «one-to-one» démarchent également en divers autres endroits, restaurants, cafés, lieux de travail, etc.
Les sociétés de vente directe optent pour l'une ou l'autre de ces deux méthodes en fonction du type d'article à commercialiser.
Par exemple, la vente globale est une excellente méthode pour vendre des produits intéressants ou plaisants à présenter, comme les cosmétiques. L'astuce : lorsqu'une ou deux personnes décident de passer une commande lors d'une réunion de vente, il y a de fortes chances pour que d'autres fassent pareil.
A l'instar de la vente à la sauvette, la vente individualisée semble être plus appropriée aux détergents, aux produits de l'hygiène corporelle et aux gadgets.
Dans ce type de transaction, les compétences du vendeur jouent un rôle important. Un vendeur qui sait adapter son «boniment» à chaque client préférera sans doute pareille méthode à toute autre. Il n'en demeure pas moins que le démarchage, dans toutes ses formes et sous toutes les dénominations possibles et imaginables, semble, de prime à bord, stimulant et rentable pour tous les «bonimenteurs» qui souhaitent utiliser leur argumentaire pour gagner leur vie tout en gardant la liberté d'organiser leur temps. Pourtant, dans le secteur, le meilleur côtoie, souvent, le pire.
Abus de confiance

La presse nationale, aussi bien écrite qu'audiovisuelle, s'est fait, régulièrement, l'écho de sociétés de vente directe qui ont abusé de la confiance de leurs vendeurs et de leurs clients.
Qu'en est-il vraiment ? En privilégiant la vente directe «nouvelle-formule» à celle, plus traditionnelle et plus informelle des marchands ambulants, les jeunes peuvent-ils réellement gagner leur vie ? A quel prix et dans quelles conditions ? Comment pourront-ils reconnaître les employeurs sérieux de ceux qui ne le sont pas ?
Malgré sa mauvaise réputation, le secteur de la vente directe, le porte-à-porte, est en plein développement.
Ceci d'autant plus qu'il offre un avantage majeur : selon vos besoins, vos envies et votre situation, vous pouvez maîtriser votre temps de travail et en déterminer la périodicité et le déroulement. Il y a, cependant, un hic : les revenus sont proportionnels aux ventes effectuées.
Il faut donc faire preuve de circonspection devant les offres de travail émanant notamment des firmes étrangères via internet.
Qui ne se souvient de la marée qui avait déferlé, il y a un an, sur les adresses électroniques des Marocains. Entre autres offres figurait une proposition ainsi libellée : «Nous sommes à la recherche de personnes habitant le Maroc qui seraient intéressées à se joindre à nous pour édifier un réseau de distribution. Nous œuvrons dans le domaine de la nutrition, des soins de la peau et des cosmétiques naturels. Nos produits sont d'une qualité exceptionnelle et nos consommateurs obtiennent d'excellents résultats. Nous avons déjà notre bureau et notre entrepôt à Casablanca.
N'hésitez pas à nous contacter si vous êtes intéressés ou si vous avez des adresses de gens qui seraient susceptibles de nous aider à développer le commerce des produits naturels».
L'autre offre faite récemment aux candidats potentiels du porte-à-porte via internet est la suivante : « Nous cherchons des personnes sérieuses qui connaissent le Maroc, pour nous aider à démarrer des organisations de distribution et de vente de produits sur place, avec les méthodes que nous enseignons, et qui ont fait leurs preuves. Cette activité peut être exercée depuis votre domicile, à temps choisi, et selon les ressources que vous voulez y consacrer … Ne manquez pas cette opportunité incroyable d'atteindre des objectifs financiers que vous ne soupçonnez même pas ... ».
Et il y a de quoi. Notamment pour tous les jeunes hommes et femmes en quête de cieux plus cléments.
Moyennant 40 dollars américains, cette dernière offre leur fait entrevoir l'Eldorado: s'installer dans l'un des pays où leur futur employeur est représenté. Voire même de signer ce précieux Sésame dont une grande partie des jeunes des pays en développement rêvent: un permis de travail qui ne leur coûterait ni de goûter aux affres des files d'attentes des différents consultats, ni même au casse-tête de la paperasserie administrative.
Qui dit mieux?... Rivalisant d'imagination, certaines entreprises occidentales qui n'ont peut-être d'existence réelle, que dans le cyber-espace se sont faites les championnes en matière d'exploitation de la crédulité des gens. Est-ce cela la finalité de la vente directe, concept actuellement en vogue et par lequel certains de nos jeunes managers jurent. A part les images d'Epinal sur le contact privilégié avec les clients, la grande liberté en matière d'organisation du travail et, surtout, l'indépendance qui permet de surmonter les coûts de distribution, en quoi la vente directe consiste-t-elle réellement et quels en sont les principaux atouts ?
Méthode peu vulnérable

Vendre et fournir des produits à des particuliers, généralement à leur domicile ou sur leur lieu de travail, par l'intermédiaire d'une force de vente, telle est le credo de cette forme de vente. Bien qu'il s'agisse de l'une des plus anciennes méthodes de distribution, elle a été évincée, sous d'autres cieux, par d'autres méthodes. Il n'en demeure pas moins que le porte-à-porte demeure la méthode la moins vulnérable aux diktats des circuits de distribution traditionnels et, surtout, des grandes surfaces. C'est ce qui explique, en partie, pourquoi certaines grandes marques de lessive, de détergents, de produits d'hygiène corporelle, etc. y recourent de plus en plus.
En l'absence de statistiques nationales officielles traitant du secteur, nous nous trouvons dans l'obligation de nous référer à celles des pays développés. Particulièrement à celles émanant de l'Oncle Sam. le chiffre d'affaires qui y a été réalisé l'an dernier par les entreprises spécialisées dans le porte-à-porte s'élève à près de 18 milliards de dollars sur le territoire américain et à plus de 10 milliards de dollars au sein de l'Union européenne.
Est-ce pour cela que de nombreux chefs d'entreprises ont tendance à considérer la vente directe comme le premier ou le deuxième canal de distribution de leurs produits.
Aussi face à la rude concurrence qui marque le secteur et devant la saturation des marchés nord-américain et européen, certains d'entre eux se tournent-ils, de plus en plus, vers les pays dits émergents. Et particulièrement vers ceux où la contrebande est florissante et le secteur informel développé.
Le Maroc paraît, dans ce sens, une cible de choix. La question de l'emploi y est au cœur de la problématique sociale et pourrait, dans certains cas, expliquer la place prépondérante qu'occupent diverses formes d'économie marginale.
Autre critère qui fait du marché national un terreau fertile pour la vente directe, le manque de réglementation et de contrôle. Tout le monde peut, du jour au lendemain, se mettre à vendre n'importe quoi à n'importe qui, à la seule condition que les produits mis en circulation ne soient ni toxiques ni d'un maniement dangereux. A preuve, nul ne sait si les articles mis en vente par les adeptes du marketing direct ont payé les obligatoires droits de douane ou pas. Mais là, c'est une autre paire de manches ...
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