Menu
Search
Jeudi 25 Décembre 2025
S'abonner
close
Jeudi 25 Décembre 2025
Menu
Search

"L'arbre des possibles" de Bernard Werber : en projection moyenne

Une crotte de l'espace, une main gauche rebelle, des objets parlants, un homme cerveau, des retraités prenant le maquis ou un arbre d'hypothèses : ces nouvelles de Bernard Werber, l'auteur des Fourmis, forment un recueil de bonnes idées aux développements

No Image
Journaliste scientifique à la base, notamment au Nouvel Observateur, Bernard Werber est un phénomène. En librairie d'abord : plus de cinq millions d'exemplaires vendus en France, dix millions dans le monde, il est traduit dans plus de trente langues. Aurpès des lecteurs ensuite : l'auteur de Les Fourmis et les Thanatonautes jouit d'une autorité considérable auprès d'une quasi communauté qui en a fait le chef de file de ses fantasmes futuristes. Son dernier ouvrage, L'Arbre des possibles, a donné naissance, le 17 novembre dernier, à une association du même nom. Son but : établir une carte, de type arborescence, des futurs possibles pour l'humanité afin de donner une perspective au présent, d'imaginer des futurs utopiques ou des mondes meilleurs, et de prévoir les grandes catastrophes. Une sorte de Club d'amis visionnaires réunis autour d'un texte fondateur : la nouvelle du mentor. Celui-ci y invente un arbre dont les branches représenteraient les possibilités d'avenir (d'où la transposition à la grande toile de l'Internet). Autant de possibilités dont les interactions seraient gérées par des scientifiques, des économistes, des philosophes ou des poètes. Ils plancheraient sur des messages du type : « Si une guerre mondiale éclatait », « Si l'on utilisait le clonage pour engendrer une main d'oeuvre gratuite », « Si la mode des minijupes revenaient » ou « Si on abaissait l'âge de la retraite ». L'idée est excitante, les hypothèses le sont moins : elles se bornent, finalement, à recycler des questions dans l'air du temps sans susciter de projections spectaculaires. C'est un peu le problème de tout le recueil. Après une belle visite des coulisses en Avant-propos, viennent certaines histoires amusantes : une crotte de l'espace dans Fragrances, une main gauche se rebellant contre une main droite dans Manipulations.
D'autres jouant sur l'effet de décalage : le pouvoir des objets parlants dans Un Monde trop bien pour moi, un jeu de société permettant de créer un univers entier dans Attention fragile. Les plus intéressantes sont evidemment les plus ambitieuses : l'homme cerveau dans L'ermite absolu, un monde plongé dans l'obscurité dans Noir, des retraités prenant le maquis dans La dernière révolte, ou les connaissances mathématiques comme stratification sociale dans Le mystère du chiffre ... Bernard Werber louche quand même beaucoup sur Dino Buzzati ou Philippe K. Dick. Références suprêmes qui vont bien plus loin : lui se cantonne à une petite philosophie du quotidien née du recul offert par la science-fiction et le fantastique. Dans l'ensemble, les développement sont trop modestes, la rédaction un peu fade, le vocabulaire bien plat et les chutes pas toujours bien amenées. Les bonnes idées ne suffisent pas toujours.

Ed. Albin Michel, 301 p.
Lisez nos e-Papers