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« Le monde magique de l’Egypte ancienne » de Christian Jacq: les hiéroglyphes de l’éternité

« Le monde magique de l’Egypte ancienne » de Christian Jacq se laisse lire d’une seule traite. Comme certaines parutions d’été, il n’a d’autre ambition que de distraire le lecteur. Mais à la différence de celles-ci, il est bâ

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Malgré sa parution en mars dernier, il est d’une lecture qui sied à l’été. Tous les ingrédients qui font les succès aoûtiens, s’y trouvent. Particulièrement ceux qui fondent le charme des romans de science-fiction. Comme eux, il est facile, captivant et accessible. Mais contrairement à eux, il a des atouts qu’ils ne peuvent avoir. Il est simple et d’une lecture aisée, malgré sa trame riche, complexe et ésotérique. De plus, au lieu de nous transporter dans le futur, il nous ramène vers l’Antiquité pour nous introduire dans le monde de la magie pharaonienne. Sans constructions intellectuelles alambiquées et sans étalage inutile de savoir, il prend prétexte d’un dîner, un soir de Noël, à Louxor, chez un charmeur de serpents, pour commencer à démêler l’écheveau d’une civilisation dont les secrets demeurent impénétrables jusqu’à aujourd’hui. En égyptologue qui connaît son métier sur le bout des doigts - Christian Jacq est docteur en études égyptologiques, il nous en rappelle les servitudes. «Il faut passer, écrit-il, de longues heures dans les bibliothèques penché sur les papyrus, attentif aux textes des temples et des stèles ». Mais toute cette érudition, si indispensable soit-elle, ne remplace pas un contact vivant avec ce splendide pays pour lequel il prend fait et cause. Au point de récuser l’un des principes incontournable de toute science : la distanciation. Pour lui, tout égyptologue qui ne partage pas une sympathie totale avec la civilisation qu’il étudie, ne saurait que prononcer des paroles desséchées. En outre, il croit dur comme fer que « l’intellectualisme, si brillant soit-il, n’a jamais remplacé le sentiment vécu, même dans une discipline scientifique ». Aussi sa narration des faits sera la moins scientifique et la plus intuitive possible : elle fera défiler, sous nos yeux et sans transition ni justification, plusieurs divinités dont Thot, le patron des magiciens égyptiens. Selon Christian Jacq, la pratique de ces derniers peut-être définie comme l’énergie essentielle qui circule dans l’univers des dieux comme dans celui des humains. Pour eux, il n’y a pas de « vivants » et de « morts », mais des êtres plus ou moins capables de capter cette énergie parce qu’ils maîtrisent la science des hiéroglyphes, c’est-à-dire « les paroles des Dieux ». Esprit et matière étant tissés dans la même substance, l’important, dans la pratique de la magie, réside dans l’identification du lien qui unit toutes choses, « qui réunit dans une chaîne d’union cosmique, l’ensemble des créatures ». Dans l’Egypte ancienne, magie rimait avec harmonie. C’est, d’ailleurs la recherche de celle-ci qui a fondé tout le savoir des thaumaturges. Ce qui l’a conforté, c’est l’intervention du pharaon, comme chef de file de ces derniers. Tous tirent leur force de lui et lui il puise sa puissance de son incontestable supériorité sur toutes les autres divinités du haut et du bas Nil. Savoir codifié, la magie est également une pratique d’Etat mise à la disposition du Pharaon qui en est le défenseur, le récipiendaire et le garant.
Autre particularité relevée par l’auteur : le magicien est un érudit qui lit énormément et apprend beaucoup de ses lectures dont il anone longuement les incantations et formules avant de dissoudre les papyrus qui les contiennent dans une eau qu’il avale goulûment afin qu’elles s’incrustent dans sa mémoire à jamais.
En terre d’Egypte, la magie était considérée comme une science exacte. Si certains amateurs, comme les sorciers de village, en utilisaient quelques recettes élémentaires, la grande magie d’Etat n’était, en effet, révélée qu’à une élite de scribes.
Destinée à préserver l’ordre du monde des périls qui le menacent : démons, forces négatives, morts errants, mauvais œil, son premier devoir consistait à endiguer cette « négativité ». Mais elle devait également veiller à ce que les moments de « passage » entre la vie et la mort, se déroulent correctement. La naissance, le mariage, la mort, la fin d’une année et le début de la suivante sont autant de situations très délicates où l’intervention du magicien est indispensable. Comme elle l’est pour prétendre à la vie éternelle.

« Le monde magique de l’Egypte ancienne », Christian Jacq, 2156 pages, Ed. XO, Paris, 2003
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