Le dernier livre de l’immense et aujourd’hui disparue Françoise Giroud, elle qui en journaliste a su explorer l’Histoire pour donner à lire de belles biographies de femmes, est donc un roman.
Mais il ne faut guère s’y méprendre. Derrière l’étiquette «roman» et ses fioritures, derrière le romanesque et le vagabondage de l’imaginaire, l’auteur s’en donne à cœur joie pour livrer une réflexion à son image, c’est à dire sans la moindre concession, sur ses origines juives. Elle ne s’en était jamais cachée.
Elle n’en a jamais non plus fait étalage et encore moins commerce.
A 80 ans passés, l’ancienne ministre de la Condition féminine, la fondatrice de l’Express et la chroniqueuse télé choisit de faire de ses origines un roman. Pour celui qui sait lire, tout est dans le titre, érigé presque en épitaphe. «Les taches du léopard» trouve son origine dans la Bible et plus précisément le Livre de Jérémie le Prophète. «Un Ethiopien peut-il changer sa peau, et un léopard ses taches ?», y lit -on.
Un titre en épitaphe
Au final, cela donne un roman bouleversant et plein d’humour. Une réflexion à la fois profonde et sarcastique qui prend prétexte de la découverte du héros du livre, Denis Sérignac, jeune homme heureux et bien dans sa France qui découvre le jour de ses 20 ans qu’il est un enfant adoptif puis que sa vraie mère est juive.
Etre Juif, une tragédie ? «Si tu portes mon nom, tu hériteras d’un fardeau de larmes, la fin d’un certain bonheur, d’une certaine insouciance, d’une joie de vivre (…) c’est pourquoi il y a vingt ans, je n’ai pas voulu de toi. Je n’ai pas voulu mettre un enfant juif au monde », hurle Sarah, la vraie mère, à Denis
Patiemment, talentueusement, entre rires et larmes, F. Giroud fait passer le message qui est le sien : être juif n’est pas une tragédie.
Pour son héros, un marchand d’art de bonne réputation, «ce sera une péripétie de plus dans sa vie, mais qui suppose d’assumer une nouvelle identité».
«Les taches du léopard» collent donc à la peau. Mais comme une identité double, un double «je». «Parce qu’on ne change pas de souvenirs, de culture, d’attachements en changeant de paroisse».
Entre Paris et Londres, entre ses parents adoptifs Français et chrétiens et sa vraie mère juive et fragile, Denis apprendra à vivre et à se mouvoir dans cet entre-deux. Il apprendra aussi à assumer le bonheur, son identité plurielle, ses deux mères…
La fin du livre est loin d’être un happy end consacré. Denis meurt poignardé par un illuminé antisémite. La tragédie était tapie, au coin d’un destin aussi sombre qu’une rue mal éclairée.
Pas du tout. Dans le roman de Françoise Giroud, le héros exige d’être enterré dans le caveau de sa famille adoptive, avec une bénédiction du curé et mille roses blanches. Dans une urne, les cendres de Sarah ne sont pas loin…
Les taches du léopard.
Françoise Giroud
Editions Fayard. 258 pages
Mais il ne faut guère s’y méprendre. Derrière l’étiquette «roman» et ses fioritures, derrière le romanesque et le vagabondage de l’imaginaire, l’auteur s’en donne à cœur joie pour livrer une réflexion à son image, c’est à dire sans la moindre concession, sur ses origines juives. Elle ne s’en était jamais cachée.
Elle n’en a jamais non plus fait étalage et encore moins commerce.
A 80 ans passés, l’ancienne ministre de la Condition féminine, la fondatrice de l’Express et la chroniqueuse télé choisit de faire de ses origines un roman. Pour celui qui sait lire, tout est dans le titre, érigé presque en épitaphe. «Les taches du léopard» trouve son origine dans la Bible et plus précisément le Livre de Jérémie le Prophète. «Un Ethiopien peut-il changer sa peau, et un léopard ses taches ?», y lit -on.
Un titre en épitaphe
Au final, cela donne un roman bouleversant et plein d’humour. Une réflexion à la fois profonde et sarcastique qui prend prétexte de la découverte du héros du livre, Denis Sérignac, jeune homme heureux et bien dans sa France qui découvre le jour de ses 20 ans qu’il est un enfant adoptif puis que sa vraie mère est juive.
Etre Juif, une tragédie ? «Si tu portes mon nom, tu hériteras d’un fardeau de larmes, la fin d’un certain bonheur, d’une certaine insouciance, d’une joie de vivre (…) c’est pourquoi il y a vingt ans, je n’ai pas voulu de toi. Je n’ai pas voulu mettre un enfant juif au monde », hurle Sarah, la vraie mère, à Denis
Patiemment, talentueusement, entre rires et larmes, F. Giroud fait passer le message qui est le sien : être juif n’est pas une tragédie.
Pour son héros, un marchand d’art de bonne réputation, «ce sera une péripétie de plus dans sa vie, mais qui suppose d’assumer une nouvelle identité».
«Les taches du léopard» collent donc à la peau. Mais comme une identité double, un double «je». «Parce qu’on ne change pas de souvenirs, de culture, d’attachements en changeant de paroisse».
Entre Paris et Londres, entre ses parents adoptifs Français et chrétiens et sa vraie mère juive et fragile, Denis apprendra à vivre et à se mouvoir dans cet entre-deux. Il apprendra aussi à assumer le bonheur, son identité plurielle, ses deux mères…
La fin du livre est loin d’être un happy end consacré. Denis meurt poignardé par un illuminé antisémite. La tragédie était tapie, au coin d’un destin aussi sombre qu’une rue mal éclairée.
Pas du tout. Dans le roman de Françoise Giroud, le héros exige d’être enterré dans le caveau de sa famille adoptive, avec une bénédiction du curé et mille roses blanches. Dans une urne, les cendres de Sarah ne sont pas loin…
Les taches du léopard.
Françoise Giroud
Editions Fayard. 258 pages
