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500. mille Logements au Maroc sont inoccupés

Au Maroc, 500.000 logements sont inoccupés. Au même moment, 260.000 familles vivent dans les bidonvilles. Les établissements publics d'habitat ont travaillé durant des années à doter le pays d'un patrimoine foncier, d'une valeur de 5,8 milliards de dirham

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Que de paradoxes soulignés par le ministre délégué à l'Habitat et à l'urbanisme ! Le premier responsable du secteur, à l'échelle du gouvernement, en arrive à souligner « un déséquilibre structurel » entre l'offre et la demande en matière d'habitat au Maroc. Le déficit en logement et en équipement s'élève actuellement à 1.240.000 unités d'habitat. Un chiffre « appelé à s'accroître au cours des cinq prochaines années pour atteindre 1,5 million unités en 2007 et à l'horizon 2012, 1.630.000 unités ». Toutes ces précisions, M. Taoufiq Hjira les a présentées mercredi lors d'un débat télévisuel, durant lequel le ministre était convié à expliquer sa politique de l'habitat et de l'urbanisme.
Au-delà des chiffres, certes parlants, qui soulignent l'ampleur de la crise d'un secteur-clé du développement, les téléspectateurs auront retenu l'image d'un ministre « engagé », « maîtrisant » son sujet. Le responsable gouvernemental s'est exprimé sans langue de bois et sans éluder les questions, y compris les plus sensibles. Il parlera, ainsi, sans complexe de la polémique qu'avait suscité sa nomination et celles d'autres jeunes istiqlaliens, à des postes ministériels. Il abordera le contexte post-électoral et les remous au sein de la classe politique. Il s'attardera avec beaucoup de détails sur les problèmes du foncier, allant du déficit des moyens, aux problèmes de fiscalité en passant par les interférences multiples des acteurs concernés par l'acte de bâtir. Il pointera du doigt les défaillances, multiples, du secteur. Les solutions ? Elles ne sont pas celles d'un ministre, qui agit de manière individuelle ou isolée, mais d'un gouvernement aujourd'hui « porteur d'une nouvelle approche visant à actualiser la politique de l'habitat ». Vaste programme. Que de temps à rattraper en effet. « Accorder un intérêt accru au monde rural et accélérer le rythme de la production en vue de combler le déficit enregistré lors des dernières années, de façon à faire baisser ce chiffre de 1.240.000 actuellement à 900.000 unités en 2007 et à 570.000 en 2012 » est loin d'être une affaire simple. Comment le ministre compte-t-il y parvenir ?
Toufiq Hjira envisage son action dans un cadre de « solidarité gouvernementale ». Il insiste, par ailleurs, sur « la coopération de toutes les instances impliquées dans le secteur ». Une coordination des actions, avec une délimitation précise des responsabilités est souhaitée par le ministre.
C'est dans ce cadre que l'on pourrait inscrire l'opération concernant les Etablissements régionaux d'aménagement et de construction (ERAC). M. Hjira a beaucoup insisté sur le fait que le secteur de l'habitat est un secteur horizontal qui requiert la conjugaison des efforts entre le gouvernement, les régions, les collectivités locales et les associations. Le ministre a, toutefois, précisé qu'il est envisagé le redéploiement de ces établissements après leur mise à niveau dans les 16 régions, soulignant que ce redéploiement sera volontaire et comportera des incitations au personnel pour favoriser ce mouvement.
Un des chantiers ouverts par son département est, par ailleurs, celui qui vise à résoudre le problème des opérations d'habitat suspendues et dont le nombre s'élève, selon les statistiques du ministère, à environ 440 opérations. L'objectif défini par le ministre est « d'atteindre, à partir de 2004, les 100.000 logements, en application de la déclaration gouvernementale ».
Toutes ces actions audacieuses et ambitieuses à la fois, ne suffisent pas à régler tous les problèmes que connaît le secteur. Le ministre en est conscient qui n'hésite pas à appeler à pénaliser les infractions à la législation régissant l'urbanisme. Un acte qu'il assimile à « un crime à l'encontre du citoyen, de la ville et de l'Etat ».
Les malversations dans le marché de l'immobilier, les lotissements illégaux et autres pratiques peu orthodoxes, sont monnaie courante dans un secteur qui semble échapper à tout contrôle. Venir à bout de ces pratiques, visiblement enracinées, requiert beaucoup de courage et de volonté. Le ministre a été le premier à en convenir. Mais, a-t-il les moyens de son ambition ?
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