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8 mars, Moudawana et Boucetta : vol au-dessus d’un nid de polémiques

Dans toutes les associations de femmes et les cénacles féministes, là où le combat a un parfum de femmes, elles n’ont plus qu’un seul nom à la bouche. Jamais M’Hamed Boucetta, puisque c’est de lui dont il s’agit, n’a

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A quelques jours de la célébration de la journée mondiale de la femme, les Marocaines sont au front. Et derrière ce front, il y a quelque part la silhouette de ce tout nouveau président de la commission consultative de la réforme de la Moudawana, lequel est chargé de soumettre ses propositions au Souverain.
En ce 8 mars, en ce jour consacrant l’inégalité, les revendications des Marocaines n’ont pas pris une ride. Les inquiétudes des militantes de la cause sont par contre très actuelles. Et se nourrissent à l’aune des déclarations à la presse de M. Boucetta. Car contrairement à son prédécesseur, M. Dahak, le président de la commission en charge de réfléchir à la révision du code la famille, a choisi de briser le silence, de parler, bref de communiquer.
Dans cette démarche jalonnée probablement de bons sentiments, il y eut des mots et messages saisis au vol par les associations féminines. M’Hamed Boucetta a t-il trop parlé ? S’est-il trop laissé aller à la confidence ? Ou plus simplement a-t-il commis quelque maladresse ? « C’est mal le connaître que de le penser. Boucetta sait ce qu’il fait. Il est juriste, politique, et surtout manœuvrier. Toutes ses déclarations ne sont pas innocentes », avance un de ses proches collaborateurs.

Une question de dignité humaine

L’Association démocratique des femmes marocaines, ADFM, l’a probablement entendu de cette même oreille sceptique. Réagissant à l’une des toutes premières interviews accordées par l’ex-leader de l’Istiqlal, au lendemain de sa nomination, cette association que préside Rachida Tahiri n’en finit pas de s’interroger sur « les présupposés de Maître Boucetta ». « Dans l’une de ses interviews, Me Boucetta a mis sur le tapis le Pacte civil de solidarité (PACS) en disant qu’il ne peut être d’accord avec ce dernier. Telle qu’amenée la déclaration de
Me Boucetta peut laisser supposer à l’opinion publique que le PACS fait partie des revendications de l’une ou l’autre partie concernées par ce dossier de la Moudwana.
Ce qui est à notre connaissance absolument infondé (…) En sachant que Me Boucetta n’est pas n’importe qui et surtout que c’est un homme politique expérimenté, de telles déclarations sont inquiétantes car le dossier de la réforme de la Moudawana est un sujet très sérieux et suffisamment complexe», déclarait Rabéa Naciri, ex-présidente de l’association, à un quotidien de la place.
Les militantes ne décolèrent pas. Les griefs faits au président-communicateur ne s’arrêtent pas à cette déclaration pour le moins ambiguë et en tout cas pouvant induire en erreur nombre de consciences rétives à l’émancipation des Marocaines.
Celles de l’ADFM attendent depuis une quinzaine de jours de rencontrer Me Boucetta… qui avait vite fait de rencontrer le Secrétaire général-adjoint du PJD, l’Islamiste Saad-Eddine El Othmani.
Les dirigeantes de cette association qui avait brandi en étendard le combat en faveur du désormais défunt plan d’action pour l’intégration de la femme marocaine au développement sont catégoriques : « la question de la Moudawana n’est pas seulement une question politique à discuter avec M. Othmani – à quel titre et pourquoi seulement lui ?- ou autre mais surtout un problème social et de dignité humaine qui impliquent tous les jours des millions de femmes victimes d’injustices et de violences du fait des dispositions inadaptées de la Moudawana actuelle ». Jusque-là, ce membre du conseil de la présidence de l’Istiqlal se refuse de verser dans la polémique. Ce qui ne l’empêche pas de répondre au courroux des femmes en distillant, toujours dans la presse, quelques petites phrases.
Florilège recueilli ici et là, annonciateur peut-être d’autres polémiques et colères toutes féminines : « la femme ne doit pas agir ni s’habiller de façon provocante et non conforme à nos traditions et aux bonnes mœurs » , ou encore « la femme doit s’épanouir dans le respect de l’Islam et en dehors de toute permissivité ».
La question n’en finit pas de planer. Celui-là même qui déclare qu’en matière de révision du code de la famille vouloir maintenir « un équilibre entre les courants conservateurs et ceux modernistes » a-t-il revêtu ses habits de conservateur même s’il s’empresse de rassurer en promettant que « la réforme de la Moudawana sera une révolution acceptée par tous » ?
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