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Apport du Maroc à la culture arabe : «une vraie politique culturelle arabe vaut tous les discours»

Depuis hier et jusqu’au 10 juillet, Rabat, cette capitale de la culture arabe, réunit, dans le cadre d’un colloque dédié aux Contributions marocaines à la culture arabe chercheurs, universitaires, intellectuels et pose des interrogations fond

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Comment rectifier l’immense malentendu, comment se remémorer le legs andalou et rendre justice au patrimoine arabo-musulman ? Le 11 septembre 2001, les twin tower effondrées, la croisade contre l’axe du mal a donné à voir et à vivre un monde arabe entre marginalisation et diabolisation.
Poète et ministre, Mohamed Achâari promène un regard passionné sur la création arabe. Roman, poésie, peinture, cinéma qui font dire au ministre de la Culture, regard rivé sur ce mois du cinéma arabe qui a planté ses grands écrans à Rabat, que « la création arabe est belle ». « C’est peut-être cela qui nous représente le mieux et même beaucoup plus que le discours politique, plus que le discours médiatique. C’est la création qui peut nous représenter d’une manière humaine. La création arabe est à mes yeux beaucoup plus convaincante. Il nous faut la présenter et non pas faire des campagnes pour expliquer « C’est quoi être aujourd’hui Arabe et musulman ». Il faut tout simplement présenter le cinéma, l’artisanat, la peinture, la poésie. Présenter cela aux différentes sociétés de la communauté du monde. Je suis convaincu qu’il y aura beaucoup plus d’impact sur l’image que nous voulons transmettre au monde plutôt que de rester prisonniers de cette politique défensive, essayer toujours d’expliquer pourquoi nous ne sommes pas comme les autres ».
Rabat, capitale arabe de la culture. Une manière de rendre hommage au Royaume, son histoire, son apport aux cultures du monde, au patrimoine universel. Les événements douloureux du 16 mai, ce refus de l’autre et cette culture puisée dans la haine et la violence n’ont pas réussi à semer le doute. La démocratie, la tolérance, l’ouverture vaincront. Par la culture aussi.
« L’ALECSO,organisation arabe pour l ‘éducation, la culture et la science, organise annuellement des festivals, des rencontres culturelles au niveau d’une capitale arabe choisie expressément pour montrer l’apport de chaque capitale, de chaque culture nationale arabe à la culture arabe dans son ensemble. Cette année, le choix du Maroc est un choix tout à fait exceptionnel dans la mesure où ce pays bénéficie d’une culture très profonde et très enracinée dans l’histoire du monde arabe. Le Maroc a été l’initiateur de la rationalité, du transfert de l’héritage andalou au reste du monde arabe. Il a joué un rôle pionnier dans la promotion de la modernité, des idées d’innovation dans la culture et dans la création arabes. Je crois que ce colloque qui en est l’une des manifestations va donner l’occasion à un grand nombre de chercheurs venus de tout le monde arabe, du Koweit au Maroc en passant par la Tunisie, l’Algérie, l’Egypte, de pouvoir approfondir les aspects de la culture marocaine par des interventions de haut niveau », explique le Tunisien Bousnina Mounji, Directeur général de l’ALECSO.
Le Maroc au cœur du monde, au croisement des cultures, au carrefour aussi du patrimoine arabe, andalou, maghrébin. C’est à tout cela que pense le philosophe et ancien conseiller du Souverain, Mohamed Sinaceur. Il remonte l’Histoire comme un cours d’eau. « L ‘apport du Maroc à la culture arabe est énorme, surtout dans deux domaines spécifiques : l’étude de la langue arabe et le fiqh, c’est-à-dire l’étude de la loi. Dans ces deux domaines, les Marocains ont été particulièrement brillants et utiles pour les autres. Ils ont contribué au maintien de la grande culture arabe. Même s’ils écrivent parfois non sans difficulté, les Marocains sont fiers d’écrire sans faute. Le Maroc n’est pas un pays isolé. Il a profité de l’apport de l’Andalousie, et son apport à lui est difficile à détacher de l’héritage andalou et de celui maghrébin. Le Maghreb, d’ailleurs, n’a jamais cessé de donner à la culture tout court. Cela a commencé avec les Latins »
Le directeur général de l’ALECSO est prompt à s’en féliciter. « Rabat, capitale de la culture arabe est une occasion aussi de rétablir l’image brouillée des Arabes et de leur civilisation en ces temps troubles. Toutes ces manifestations et autres colloques serviront à des publications. Les traductions sont ici d’une extrême importance : il faut absolument informer les autres, informer les autres espaces culturels et linguistiques des apports successifs de la civilisation arable à la civilisation universelle. Aujourd’hui, en ces moments difficiles, où la culture arabo-musulmane est incomprise, nous avons besoin de ce genre d’actions de promotion pour expliquer aux autres la réalité de la culture arabe et, de manière plus large encore, de la culture arabo-musulmane ». Et Mohamed Sinaceur de renchérir : « Il ne faut pas oublier cet itinérant maghrébin qu’a été Ibn Khaldoune qui a vécu dans les trois pays et qui a bénéficié, cette année pour la première fois, d’une très belle édition faite par un Marocain. Ibn Khaldoun et sa « Mokkadima » a été traduit et publié dans la collection La Pléiade. Pour la première fois, un Maghrébin figure dans une collection à vocation universelle »
Parce que le salut viendra justement de la culture et de la création libérée, Mohamed Achâari plaide pour la mise en œuvre d’une véritable politique culturelle arabe. Il s’agit pour lui de faciliter la libre circulation du produit culturel à travers le monde arabe, au-delà de l’étroitesse des frontières. « Si aujourd’hui le créateur arabe sait qu’il s’adresse à un marché de 200 millions d’habitants, ce sera très différent pour lui. Son indépendance sera plus protégée et sa liberté encore plus. Il pourra vivre de sa création, et ce n’est pas le cas actuellement. Si le créateur arabe est traduit, soutenu pour aller au-delà des frontières, il pourra alors défendre les valeurs que nous défendons tous à l’échelle universelle », conclut-il.
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