La date de naissance officielle de cette petite ville de montagne en 1929 a coïncidé avec celle de feu S.M. le Roi Hassan II. La date de son érection au statut d'une municipalité en 1947 était celle-là même où de Tanger, feu S.M. le Roi Mohammed V prononça son mémorable discours sur la nécessité de libérer le Maroc du joug colonial. Elle est promue au rang de chef-lieu de province en 1979, année où le Maroc a parachevé la récupération de son Sahara par le retour à la mère patrie de la province de Oued Ed Dahab. En 1992, elle est choisie par feu S.M. le Roi Hassan II pour accueillir l'Université Al Akhawayne qui donnera une impulsion extraordinaire à son expansion et modifiera salutairement ses structures socio-économiques.
En l'espace d'un demi-siècle à peine, la ville d'Ifrane est donc passée de l'état d'un modeste petit centre d'estivage dont les installations plus ou moins provisoires étaient éparpillées entre les chênes et les cèdres millénaires du Moyen Atlas à une charmante et pittoresque ville de détente et de quiétude unique en son genre au Maroc et en Afrique. Avec sa nouvelle fonction universitaire, elle joint ainsi à ses qualités récréatives et génératrices une activité intellectuelle, scientifique et culturelle intense qui portera son rayonnement bien loin au-delà des frontières nationales.
Ceci étant dit, il nous importe de préciser que la ville d'Ifrane noyée dans son arboretum, apparaissant comme dans un parc à la gloire de la nature comme disait Michel R. Tarrier, se trouve être la capitale d'une province jouissant de grandes richesses historiques encore moins connues et inexploitables à ce jour.
En effet, en plus de ses paysages pittoresques (parcs naturels, lacs, cours d'eau et cascades, forêts,...etc.) selon Pr. Lahcen Taouchikht, enseignant-chercheur en archéologie à l'Institut National des Sciences d'Archéologie et du Patrimoine de Rabat, la ville d'Ifrane et toute sa province sont aussi le berceau d'un patrimoine archéologique national très diversifié certifiant que les premières traces de l'installation humaine dans la région d'Ifrane remontent probablement au paléolithique. Les grottes éparpillées dans tout le territoire ifranien, notamment celles de Tizguite (zaouïa de Sidi Abdeslam bou Yaagoub) et les vestiges des sites archéologiques anciens appartenant en général à la même ère tels que Zerrouka, Paysage Itto et Ghabt Al Bahr entre autres en sont témoins.
Concernant la période islamique, on peut signaler la Kalâa d'El Mehdi Ben Saoula ou Ben Taoula qui date de l'époque almoravide et qui se situe, d'après quelques sources historiques, près de la localité de Timahdite.
Durant le règne de l'actuelle dynastie Alaouite, on peut citer les deux Kasbah d'Azrou et celle de Ain Leuh. Dans le même sens, on peut citer les confréries «zaouïa» de Sidi Abdeslam, de Sidi El Makhfi, de Sidi Mehdi, de Sidi Brahim, de Bensmim et de Oued Ifrane qui datent du 18e et du 19e siècles.
Selon nos mêmes sources d'information, les premières prospections en tant qu'observation de découverte de cette région ont été effectuées par L. Siret dans les années vingt du siècle dernier. Elles seraient suivies par celles de P. Pallery qui explora une partie du Moyen Atlas septentrional et oriental ainsi que la vallée de la Moulouya. En 1945, H. Koehler a effectué des prospections dans les deux contrées d'Ifrane et d'Imouzer du Kandar, alors que D. Lefevre a procédé à des ramassages de surface sur les sites d'El Hajeb, de Aïn Leuh et de Aguelmam Sidi Ali.
Concernant les sites préhistoriques de la ville d'Ifrane et de sa province, ils datent presque tous de l'ère du paléolithique (voir tableau n° 1).
Les témoins matériels de la période protohistorique demeurent rares, le seul gisement sûrement rattaché à la protohistoire est la grotte dite : Ifri N'Ouberrid où on a recueilli quelques ossements humains et des objets en poterie et qui est située près de Ain Leuh. Quant aux sites protohistoriques répertoriés dans la ville d'Ifrane et sa province, ils sont au nombre de cinq et se situent comme présentés dans le tableau n° 2.
Par ailleurs, Pr L. Taouchikht relève que la période de l'Antiquité dans la province d'Ifrane semble bien obscure par manque d'informations écrites et de recherches archéologiques approfondies. Toutefois, si les vestiges qui attestent une occupation antique de la province sont peu abondants tels les meules en basalte trouvées à Volubilis et dans d'autres sites contemporains qui laissent supposer leur provenance du Moyen Atlas, on peut déduire qu'il y a eu au moins des échanges commerciaux entre cette région et les cités romaines avoisinantes.
De même, l'histoire de la province d'Ifrane ne semble pas s'éclaircir aussi à l'époque islamique même dans ces grandes lignes. Les sources écrites en effet nous relatent quelques sites dont le plus célèbre est celui dénommé Tagragra qui se situe probablement dans la vallée d'Oued «Tigrigra», il était un atelier de monnaies où furent frappées des dinars idrissides datant entre 221 et 233 de l'Hégire.
Durant le 11e siècle, les Almoravides ont mis fin au pouvoir des principautés Zénètes et dominaient désormais le Moyen-Atlas afin de mieux contrôler les voies commerciales. Le 13e siècle a été marqué par l'affaiblissement du pouvoir Mérinide ainsi que par l'arrivée des tribus Sanhajites dans la région. L'axe commercial Fès-Sijilmassa perdait alors son importance au profit des axes Nord-Est.
Après le 16e siècle et sous la pression des sécheresses et des Arabes Ma'quil, la région a connu un amorcement de plusieurs mouvements de tribus.
La fondation par le Sultan Moulay Ismaïl d'une ceinture de forteresses stoppa le flux de ces dernières vers le Nord. Ceci a favorisé la création des noyaux de sédentarisation et par conséquent, il a impliqué un changement radical du mode de vie dans les centres ultérieurs construit comme Kasbah notamment à Azrou et à Aïn Leuh.
Les quelques sites de l'époque islamique que compte la province d'Ifrane sont mentionnés dans le tableau n° 3.
Eu égard à cette richesse historique et archéologique dont est dotée la ville d'Ifrane et toute sa province et que peu de gens connaissent de nos jours, l'INSAP lancera incessamment de vastes chantiers au titre de la saison universitaire 2002/03 visant la réalisation d'une carte archéologique de la province d'Ifrane. Cette opération de grande envergure qui entre dans le cadre des programmes de recherches de l'INSAP qui l'a initié sous la conduite du Pr. Lahcen Taouchikht tentera de réaliser plusieurs buts dont les principaux sont :
Appliquer les recommandations de la table ronde sur la carte archéologique au Maroc qui s'est déroulée à l'INSAP à Rabat en octobre 1997.
- Collecter et inventorier un matériel archéologique très utiles au vrai démarrage du futur musée régional du Moyen Atlas prévu à Azrou;
- Sauvegarder et valoriser un patrimoine culturel riche et diversifié, mais qui est en voie de disparition;
- Intégrer ce patrimoine dans le processus de développement local, tel le tourisme culturel en particulier;
- Réaliser la première démarche du projet directeur intitulé : «La carte archéologique du Moyen Atlas».
Afin de réussir ce projet de recherches archéologiques dans la province d'Ifrane, ses initiateurs avec à leur tête Pr. Lahcem Taouchikht comptent concrétiser les étapes suivantes :
1. Etablir une étude bibliographique la plus complète et la plus détaillée possible en se basant sur toutes les sources d'information qu'elles soient écrites ou orales.
2. Former une équipe pluridisciplinaire encadrée essentiellement par des étudiants de l'INSAP.
3. Effectuer des prospections de surface sur tout le territoire de la province afin de découvrir les sites archéologiques existants et de bien les situer sur le plan topographique.
4. Intervenir d'urgence sur les sites qui nécessitent des fouilles de sauvegarde ou des investissements préalables.
5. Fixer sur carte selon une indexation précise et suivant une échelle convenable, l'ensemble des données archéologiques, ce qui facilitera leur traitement immédiat ou une prochaine étude plus approfondie.
6. Réaliser une documentation sous forme de monographie ou dépliant comprenant tous les renseignements sur chaque site.
En l'espace d'un demi-siècle à peine, la ville d'Ifrane est donc passée de l'état d'un modeste petit centre d'estivage dont les installations plus ou moins provisoires étaient éparpillées entre les chênes et les cèdres millénaires du Moyen Atlas à une charmante et pittoresque ville de détente et de quiétude unique en son genre au Maroc et en Afrique. Avec sa nouvelle fonction universitaire, elle joint ainsi à ses qualités récréatives et génératrices une activité intellectuelle, scientifique et culturelle intense qui portera son rayonnement bien loin au-delà des frontières nationales.
Ceci étant dit, il nous importe de préciser que la ville d'Ifrane noyée dans son arboretum, apparaissant comme dans un parc à la gloire de la nature comme disait Michel R. Tarrier, se trouve être la capitale d'une province jouissant de grandes richesses historiques encore moins connues et inexploitables à ce jour.
En effet, en plus de ses paysages pittoresques (parcs naturels, lacs, cours d'eau et cascades, forêts,...etc.) selon Pr. Lahcen Taouchikht, enseignant-chercheur en archéologie à l'Institut National des Sciences d'Archéologie et du Patrimoine de Rabat, la ville d'Ifrane et toute sa province sont aussi le berceau d'un patrimoine archéologique national très diversifié certifiant que les premières traces de l'installation humaine dans la région d'Ifrane remontent probablement au paléolithique. Les grottes éparpillées dans tout le territoire ifranien, notamment celles de Tizguite (zaouïa de Sidi Abdeslam bou Yaagoub) et les vestiges des sites archéologiques anciens appartenant en général à la même ère tels que Zerrouka, Paysage Itto et Ghabt Al Bahr entre autres en sont témoins.
Concernant la période islamique, on peut signaler la Kalâa d'El Mehdi Ben Saoula ou Ben Taoula qui date de l'époque almoravide et qui se situe, d'après quelques sources historiques, près de la localité de Timahdite.
Durant le règne de l'actuelle dynastie Alaouite, on peut citer les deux Kasbah d'Azrou et celle de Ain Leuh. Dans le même sens, on peut citer les confréries «zaouïa» de Sidi Abdeslam, de Sidi El Makhfi, de Sidi Mehdi, de Sidi Brahim, de Bensmim et de Oued Ifrane qui datent du 18e et du 19e siècles.
Selon nos mêmes sources d'information, les premières prospections en tant qu'observation de découverte de cette région ont été effectuées par L. Siret dans les années vingt du siècle dernier. Elles seraient suivies par celles de P. Pallery qui explora une partie du Moyen Atlas septentrional et oriental ainsi que la vallée de la Moulouya. En 1945, H. Koehler a effectué des prospections dans les deux contrées d'Ifrane et d'Imouzer du Kandar, alors que D. Lefevre a procédé à des ramassages de surface sur les sites d'El Hajeb, de Aïn Leuh et de Aguelmam Sidi Ali.
Concernant les sites préhistoriques de la ville d'Ifrane et de sa province, ils datent presque tous de l'ère du paléolithique (voir tableau n° 1).
Les témoins matériels de la période protohistorique demeurent rares, le seul gisement sûrement rattaché à la protohistoire est la grotte dite : Ifri N'Ouberrid où on a recueilli quelques ossements humains et des objets en poterie et qui est située près de Ain Leuh. Quant aux sites protohistoriques répertoriés dans la ville d'Ifrane et sa province, ils sont au nombre de cinq et se situent comme présentés dans le tableau n° 2.
Par ailleurs, Pr L. Taouchikht relève que la période de l'Antiquité dans la province d'Ifrane semble bien obscure par manque d'informations écrites et de recherches archéologiques approfondies. Toutefois, si les vestiges qui attestent une occupation antique de la province sont peu abondants tels les meules en basalte trouvées à Volubilis et dans d'autres sites contemporains qui laissent supposer leur provenance du Moyen Atlas, on peut déduire qu'il y a eu au moins des échanges commerciaux entre cette région et les cités romaines avoisinantes.
De même, l'histoire de la province d'Ifrane ne semble pas s'éclaircir aussi à l'époque islamique même dans ces grandes lignes. Les sources écrites en effet nous relatent quelques sites dont le plus célèbre est celui dénommé Tagragra qui se situe probablement dans la vallée d'Oued «Tigrigra», il était un atelier de monnaies où furent frappées des dinars idrissides datant entre 221 et 233 de l'Hégire.
Durant le 11e siècle, les Almoravides ont mis fin au pouvoir des principautés Zénètes et dominaient désormais le Moyen-Atlas afin de mieux contrôler les voies commerciales. Le 13e siècle a été marqué par l'affaiblissement du pouvoir Mérinide ainsi que par l'arrivée des tribus Sanhajites dans la région. L'axe commercial Fès-Sijilmassa perdait alors son importance au profit des axes Nord-Est.
Après le 16e siècle et sous la pression des sécheresses et des Arabes Ma'quil, la région a connu un amorcement de plusieurs mouvements de tribus.
La fondation par le Sultan Moulay Ismaïl d'une ceinture de forteresses stoppa le flux de ces dernières vers le Nord. Ceci a favorisé la création des noyaux de sédentarisation et par conséquent, il a impliqué un changement radical du mode de vie dans les centres ultérieurs construit comme Kasbah notamment à Azrou et à Aïn Leuh.
Les quelques sites de l'époque islamique que compte la province d'Ifrane sont mentionnés dans le tableau n° 3.
Eu égard à cette richesse historique et archéologique dont est dotée la ville d'Ifrane et toute sa province et que peu de gens connaissent de nos jours, l'INSAP lancera incessamment de vastes chantiers au titre de la saison universitaire 2002/03 visant la réalisation d'une carte archéologique de la province d'Ifrane. Cette opération de grande envergure qui entre dans le cadre des programmes de recherches de l'INSAP qui l'a initié sous la conduite du Pr. Lahcen Taouchikht tentera de réaliser plusieurs buts dont les principaux sont :
Appliquer les recommandations de la table ronde sur la carte archéologique au Maroc qui s'est déroulée à l'INSAP à Rabat en octobre 1997.
- Collecter et inventorier un matériel archéologique très utiles au vrai démarrage du futur musée régional du Moyen Atlas prévu à Azrou;
- Sauvegarder et valoriser un patrimoine culturel riche et diversifié, mais qui est en voie de disparition;
- Intégrer ce patrimoine dans le processus de développement local, tel le tourisme culturel en particulier;
- Réaliser la première démarche du projet directeur intitulé : «La carte archéologique du Moyen Atlas».
Afin de réussir ce projet de recherches archéologiques dans la province d'Ifrane, ses initiateurs avec à leur tête Pr. Lahcem Taouchikht comptent concrétiser les étapes suivantes :
1. Etablir une étude bibliographique la plus complète et la plus détaillée possible en se basant sur toutes les sources d'information qu'elles soient écrites ou orales.
2. Former une équipe pluridisciplinaire encadrée essentiellement par des étudiants de l'INSAP.
3. Effectuer des prospections de surface sur tout le territoire de la province afin de découvrir les sites archéologiques existants et de bien les situer sur le plan topographique.
4. Intervenir d'urgence sur les sites qui nécessitent des fouilles de sauvegarde ou des investissements préalables.
5. Fixer sur carte selon une indexation précise et suivant une échelle convenable, l'ensemble des données archéologiques, ce qui facilitera leur traitement immédiat ou une prochaine étude plus approfondie.
6. Réaliser une documentation sous forme de monographie ou dépliant comprenant tous les renseignements sur chaque site.
